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Matador massif

Par Swann Borsellino
Matador massif

Mieux vaut tard que jamais. Redevenu celui qu'il a presque toujours été, un grand buteur, Edinson Cavani enfile les perles et ferme enfin les bouches. Idolâtré à Naples puis hué à Paris, l'Uruguayen avance paisiblement sur son chemin - celui des filets -, à sa manière - à grandes enjambées. Et tant pis pour les fines bouches.

Le point commun entre le string d’Ezequiel Lavezzi et les bas de Sophia Loren est forcément quelqu’un de respectable. En l’occurrence, il a longtemps porté l’appareil dentaire et est passionné de pêche à la dorade, pour se faire des ceviches avec son daron. Ce drôle de lascar, c’est Edinson Cavani. Celui dont les commentateurs napolitains ont aimé dire « oggi, ieri e domani, segna sempre, matador Cavani » . Aujourd’hui, hier et demain, c’est l’Oscar du meilleur film étranger en 1965, où la Loren donne la réplique en trois temps à l’immense Marcello Mastroianni. Le premier acte se passe à Naples et la native de Rome pratique la contrebande de cigarette. À Paris, on a voulu croire que l’homme de cinéma, Aurelio De Laurentiis, donnait plutôt dans la contrebande d’attaquant. À 64 millions d’euros le cachet – plus gros transfert de Ligue 1 – l’étoile débarque dans une ville où on se la joue anti-Tony Montana : on a des mains faites pour la merde, mais qui sont actuellement dans l’or. L’or massif, comme ce buffle de Cavani, dont les larges épaules ont dû supporter bien des bêtises jusqu’à aujourd’hui, jour où, à défaut de faire l’unanimité, il fait passer les sceptiques pour des « jamais contents » .

De légende vivante à « pieds carrés »

À Naples, tout ce chantier autour d’Edinson Cavani n’existait pas. Là-bas, l’Uruguayen faisait l’unanimité et pas que les soirs de match. La légende veut même que des ouvriers qui bossaient dans l’immeuble voisin de celui du Matador suspendaient leurs travaux à l’heure de la sieste. Une ville derrière son club, une ville derrière son héros. La métaphore qui veut qu’à Naples on vit et on mange foot n’en était d’ailleurs plus une, puisque la pizza Cavani, à consommer sans olive, était devenue un des best-sellers du pizzaïolo du Vomero, dans les hauteurs du centre de Naples. Là-bas, en Campanie, personne n’a jamais été aussi proche de Dieu – où appelez-le Maradona, c’est comme vous voulez – qu’Edinson.

Pourtant, après trois ans et 104 buts, dont quelques chefs-d’œuvre, Cavani file à Paris et se fait huer par le San Paolo à l’occasion d’un match amical bidon. Affecté, il comprend qu’en foot plus qu’ailleurs, on peut passer du très chaud au très froid. Du génial au catastrophique. De l’amour au divorce. Avec les supporters, comme avec sa femme. Plombé mentalement, plumé financièrement, l’ancien de Danubio connaît une période de doute à Paris. Des « Dugarry » – qui ne manquera pas de le critiquer -, des loupés devant le but et un bagage technique jugé « trop limité » par de nombreux observateurs. Problème : ils sont nombreux à vouloir que Cavani devienne celui qu’il n’est pas et qu’il ne sera jamais.

Acceptez qui il est, il le rendra au centuple

Des contrôles maladroits, des crochets téléphonés, pas un passement de jambe, pas un éclair de génie. Edinson Cavani ne serait donc pas aussi technique que Marco Verratti, Thiago Motta ou Zlatan Ibrahimović ? C’est vrai et c’est tout sauf un scoop. La vérité, c’est que l’Uruguayen est un neuf à l’ancienne. Un neuf qui marche à la confiance, un super joueur de tête, un athlète hors du commun, un travailleur acharné. Demandez-lui de partir en dribble sur 40 mètres si vous voulez, mais soyez conscient que cela revient à demander des sushis à un pizzaïolo. En revanche, il multipliera les appels de balles tranchants, usant ainsi son adversaire direct, et finissant, très souvent, par obtenir un face-à-face avec le but. Dans un monde du ballon rond de plus en plus gouverné par les statistiques, son ratio parisien est excellent : 64 buts en 106 matchs (sans tirer les penaltys), dont 11 en 19 matchs de Ligue des champions. Pour combien d’occasions ratées, diront, à raison, les sceptiques. Mais si, à Paris, on aime compter les loupés de Cavani, on aime aussi dire que le club de la capitale ne franchira un palier qu’avec un « grand attaquant » , comme Agüero ou Suárez. Des attaquants dont on ne sait pas s’ils ont envie de foutre un pied en Ligue 1. Des attaquants qui – c’est le cas d’Agüero – n’ont pas plus prouvé que Cavani sur la scène européenne. Alors peut-être que pour gagner la C1, Paris devra se renforcer encore et encore, mais dire que l’ancien Napolitain n’est pas « décisif » , c’est oublier ses buts face à Nicosie, Amsterdam, en finales de Coupe ou face à Chelsea. Comme souvent, c’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. De Cavani contre les Blues, certains préfèreront retenir son loupé. Toujours est-il qu’hier, aujourd’hui et demain, le Matador marque toujours et qu’à seulement 28 ans, demain, c’est loin. À Paris ou ailleurs.

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Au PSG, une attaque aux dents encore trop courtes ?
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