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Mastour, déjà un four ?
Star du web depuis plusieurs années, Hachim Mastour est récemment devenu le plus jeune international marocain de l'histoire. Toutefois, sa progression ne se passe pas comme prévue au sein du Milan, si bien que l'intérêt du PSG surprend.
Un Mastour pour le cheikh Mansour ? C’est la dernière rumeur de radio mercato. Le PSG voudrait faire de l’Italo-Marocain l’antipasto de son marché des transferts. Cinq millions, ce serait le prix d’un joueur qui n’a pas encore disputé la moindre rencontre officielle en club, mais que tout le monde connaît déjà. De six mois son cadet, le Norvégien Martin Ødegaard avait au moins eu le mérite de débuter chez les pros pour faire le buzz et finir au Real. Hachim Mastour, lui, a dû attendre la sélection marocaine en juin dernier pour connaître ce bonheur. Alors qu’il vient de fêter ses 17 ans, on se demande déjà si ce futur espoir n’est pas qu’un gros coup de marketing, plutôt réussi d’ailleurs.
Milan AC ou FC Social Network ?
« Entraînement en cours, l’équipe a commencé à l’intérieur du gymnase. Les gardiens sont au travail sur le camp surélevé. Sur le terrain du bas, Mastour, Mastalli, Calabria, Cutrone et Pessina font des exercices techniques » , voici ce que raconte le compte-rendu de la journée d’hier publié sur le site officiel du club. Hachim bosse sa technique, celle qui a fait de lui un incontournable des vidéos du web. On ne cesse jamais d’apprendre, surtout à cet age-là. Pourtant partie intégrante du groupe pro, on l’envoie donc bosser avec les jeunes. Malgré ses pubs Nike tournées avec Neymar. Malgré ses 700 000 fans sur Facebook et ses 90 000 followers sur Twitter qui dénotent d’une popularité colossale. Et malgré les rencontres organisées avec les tifosi. Mastour est un jeune comme un autre, ou du moins, essaye de le redevenir.
En effet, il y a un peu plus d’un an, la direction le consacre tête de gondole de sa prétendue nouvelle politique tournée vers les jeunes, et fait gentiment pression auprès de Clarence Seedorf pour en faire un des plus jeunes débutants de l’histoire du Milan AC. Coupe de cheveux à la mode, gueule d’ange, sapes dernier cri, voilà surtout une image à exploiter pour redorer les comptes d’un club en perdition. Son agent, Dario Paolillo, 25 ans et des dents longues lui aussi, joue le jeu et perd. Clarence ne cède pas. Mino Raiola, effrayé à l’idée qu’un autre joueur puisse faire de l’ombre à ses clients, commente la situation : « Ce cirque autour de lui est du grand n’importe quoi. » Et il sait de quoi il parle. Qu’importe, contrat pro en poche jusqu’en 2017, Hachim est définitivement intégré à l’équipe première.
Une saison noir et rouge
Entraînement avec les grands et matchs avec les U19 dirigés par Cristian Brocchi. Voilà le programme 2014/15, plutôt copieux pour un joueur qui devrait encore évoluer avec les U17. Ce ne sera finalement ni l’un ni l’autre, malgré les bouts de matchs amicaux disputés avec les pros contre Monza et lors du Trophée Berlusconi. Si son physique lui joue également des tours, les communiqués de presse sur son état de santé sont introuvables. On sait juste qu’il s’est fait enlever ses dents de sagesse. Quelque chose ne tourne pas rond. Il faut même attendre le 24 octobre pour voir Mastour sur les terrains, en championnat Primavera contre le Hellas. Quatre jours plus tard, il refait parler de lui par ce but qui a fait flamber la toile.
Un exploit resté sans suite. Le Maroco-Italien dispute sept autres rencontres pour un total de 630 minutes de jeu et un petit (ou grand) but inscrit. Remis sur pied en fin de saison, Inzaghi ne le calcule pas. Mastour fait même l’impasse sur les finales du championnat Primavera, puisque convoqué par le Maroc pour y faire, enfin, ses débuts professionnels. Binational, car né en Italie de parents marocains, le natif de Reggio d’Émilie compte six matchs et un but avec les U16 italiens. Pourtant, son choix d’opter pour les Lions de l’Atlas ne fait même pas polémique au-delà des Alpes. C’est simple, personne n’en parle, hormis pour citer le fameux record de précocité. Une indifférence qui résume plutôt bien la trajectoire entreprise par Hachim en l’espace de douze mois. « Le foot, ça va vite, dans un sens comme dans l’autre » , récite une superbe lapalissade. Le fantôme de Freddy Adu plane déjà au-dessus de Milanello. Et bientôt au-dessus du Camp des Loges ?
Par Valentin Pauluzzi