ACTU MERCATO
Massimiliano Allegri : le PSG pour exister
En citant régulièrement le PSG comme une de ses futures destinations, Massimiliano Allegri se paie actuellement une campagne publicitaire à moindre coût. Comme d'autres entraîneurs avant lui qui ont compris qu'il n'y avait qu'à mettre une pièce dans la machine parisienne pour relancer les rumeurs et, bien souvent, trouver son bonheur ailleurs.
C’est une manœuvre bien connue dans le milieu des politicards : ce n’est pas au moment du remaniement gouvernemental que l’on place ses billes. Non, il faut user le terrain, montrer le bout de son nez à intervalles réguliers, se positionner sur les débats du jour, ceux de la veille et du lendemain, sortir la bonne formule au bon moment, et si possible faire mouche. Bref, tout faire pour exister médiatiquement pour ne surtout pas être oublié. Et quand le vent aura tourné, si tout se passe bien, c’est comme cela que l’on se retrouve au mois de juillet avec un maroquin. Pour l’entraîneur sans banc, il s’agit peu ou prou de la même mécanique. Et dernièrement, c’est Massimiliano Allegri qui s’y est collé.
Voilà plus d’un an que le quintuple champion d’Italie avec la Juventus a vidé son casier turinois et profite d’une année sabbatique. « Je recharge mes batteries et je profite de mon temps avec ma famille et ma ville, Livourne, avec mes amis de toujours », explique-t-il à Marca, entre une balade à vélo et une partie de tennis. Mais puisque toutes les vacances ont un fin, Maxou compte bien préparer son retour sur le devant de la scène, à 52 ans. Dans le quotidien espagnol, il brasse large : « Je m’en fiche vraiment si mon prochain emploi est en Italie ou à l’étranger. Je cherche un club avec qui partager un projet et qui a l’ambition de rivaliser pour gagner. » Mais selon L’Équipe, ce serait bien le PSG qui aurait actuellement ses faveurs… alors que cette union avait déjà été envisagée en 2018, sans être scellée.
Frappez sans entrer
La capitale française a de vrais atouts à faire valoir pour le coach toscan : un certain poids sur la scène européenne, un contingent de joueurs qu’il a déjà croisés de près ou de loin en Serie A et un directeur sportif, Leonardo, avec qui le courant passerait bien. C’est pas mal, mais l’argumentaire ne va pas plus loin. Pourquoi ? Parce que le PSG a déjà un entraîneur en poste, en l’occurrence Thomas Tuchel, et qu’il a encore la possibilité de signer un quadruplé championnat-coupes nationales-Ligue des champions. Alors pourquoi venir toquer à une porte que personne n’a intérêt à entrouvrir pour le moment ? C’est bien le problème du club parisien qui depuis trop longtemps semble ne servir que de tremplin médiatique à des techniciens en manque d’exposition. Il n’y a qu’à voir les cas de José Mourinho, Mauricio Pochettino, Arsène Wenger ou Antonio Conte pour finir de s’en convaincre. Tous ont profité — directement ou indirectement — de la gentillesse parisienne pour se payer une campagne de promo à moindre frais, sans jamais aller beaucoup plus loin dans les négociations.
Pourtant, il ne faut pas se leurrer. Pour Massimiliano Allegri, le PSG est un projet parmi d’autres. Pour des raisons familiales, il préférerait d’ailleurs rester dans sa Botte natale. Mais les plus beaux postes sont déjà tous occupés : Conte ne fait qu’entamer son chantier à l’Inter, Gattuso tient la corde au Napoli, tout roule pour Simone Inzaghi à la Lazio, l’AC Milan miserait sur Ralf Rangnick la saison prochaine et difficile d’imaginer un retour à la Juve moins d’un an plus tard. L’Italien n’a également jamais caché son attrait pour l’Angleterre, étant régulièrement en déplacement à Londres, et potassant même son anglais depuis plusieurs mois. Donc plutôt qu’être oublié sur une aire d’autoroute au retour des vacances, pourquoi ne pas créer un embouteillage du côté de Paris ? Le champion de France a le profil idéal : depuis le départ de Carlo Ancelotti, aucun entraîneur n’a su faire l’unanimité, couper court aux rumeurs par ses résultats ou faire valoir une aura qui devrait le sécuriser. Blanc, mais surtout Emery et Tuchel, apparaissent comme des fusibles qui peuvent sauter au premier faux pas ou à la première courbette d’un ténor des bancs de touche. Et ça, ces derniers l’ont bien compris. Il n’y a qu’à frapper, coller son oreille à la planche pour profiter d’une scène de ménage, tout ça pour finir par se réfugier chez le voisin.
Par Mathieu Rollinger