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Mascarade à l’italienne pour Juventus-Naples, qui ne s’est pas joué
Choc de cette troisième journée de Serie A, le duel entre la Juve et le Napoli n'a pas existé. Les Partenopei n'ont pas pu prendre l'avion pour Turin, du fait d'une interdiction de déplacement prononcée par les autorités sanitaires locales (ASL) après que deux joueurs azzurri ont été contrôlés positif à la Covid. Un cas de figure absolument pas prévu par la Lega Serie A, qui n'a pas encore formellement annulé une rencontre remportée par la Juventus sur tapis vert. Du moins, tant que la justice sportive n'en aura pas décidé autrement.
Andrea Agnelli n’en démord pas. Au micro de la Sky, le grand manitou bianconero persiste et signe. Sa Juventus, qui vient de remporter sur tapis vert son match face au Napoli, est blanche comme neige. Les Juventini, présents sur le pré au coup d’envoi, auraient peut-être pu insister pour ne pas disputer la rencontre. Les Napolitains, interdits de déplacement par les autorités sanitaires de Campanie, leur avaient en effet préalablement expliqué qu’ils ne pouvaient pas se rendre à Turin. Rien à faire, pourtant : à entendre son président, la Vieille Dame n’a fait que suivre scrupuleusement le règlement.
Agnelli, l’esprit de la règle
« Il y a des protocoles qui sont très clairs, pour des situations comme celle-ci…, pointait ainsi Agnelli. La Juventus a découvert qu’il y avait deux cas de Covid hier au sein de notre staff, alors naturellement, nous avons appliqué précisément ce protocole afin d’être prêt à jouer ce match. » Une sortie à laquelle il faut ajouter celle du responsable du secteur médical de la Vieille Dame, Luca Stefanini : « On a découvert qu’il y avait deux cas de Covid dans nos rangs, alors nous avons sécurisé nos joueurs afin d’être prêt à jouer à ce match… Je ne sais pas si Naples a fait de même, je sais seulement que nous avons suivi le protocole à la lettre. »
Voilà qui semble sous-entendre que le Napoli, dont deux joueurs (Zieliński et Elmas) ont été contrôlés positif au coronavirus dernièrement, n’aurait éventuellement pas bien appliqué le protocole en question. Ce qui est certain, c’est que le club azzurro, qui avait affronté le Genoa la semaine dernière, un club où 17 joueurs ont été testés positifs à la Covid, n’avait certainement pas carte blanche pour se rendre dans le Piémont. Chose expliquée par son président Aurelio de Laurentiis, via un communiqué : « On n’a pas pu partir, l’ASL (les autorités sanitaires, N.D.L.R.) a pris en considération la possibilité de faire une dérogation prévue par le protocole. Mais elle ne nous a finalement pas donné le feu vert, il faut reporter le match. » Problème : aux yeux de la Lega Serie A, Naples devait effectivement disputer cette rencontre alors que les matchs de championnat doivent théoriquement avoir lieu tant que « chaque équipe a au moins treize joueurs valides à disposition ».
La Lega du lol
En connaissance de cause, Andrea Agnelli garde le pif collé au règlement. « De Laurentiis voulait reporter le match, ce qui peut bien être une demande légitime. Mais il y a des règles très claires, et nous devons tous nous y tenir. Ce n’est pas à moi de dire si les règles doivent être modifiées, ou pas. Tout ce que je peux faire, c’est suivre les règles telles qu’elles sont écrites. » Les uns et les autres jugeront de l’élégance et de la pertinence de la sortie médiatique du président juventino. Quoi qu’il en soit, ce mardi, la justice sportive italienne devrait se prononcer quant au sort définitif de ce non-match. Un grand bide général qui ne sera probablement pas sans affecter l’image déjà controversée du football transalpin, plombé par des institutions et dirigeants en manque cruel de vision stratégique comme de courage politique. Ce week-end, la Lega n’a jamais semblé capable de trouver ne serait-ce qu’un embryon de solution au problème. Elle a ainsi laissé les choses dégénérer, pour dangereusement muter en une bouffonnerie sportive qui a frôlé l’absurde. Voilà le genre de mascarade dont la Serie A, qui doit se castagner pour rester sportivement et médiatiquement au niveau des autres grands championnats majeurs année après année, se passerait volontiers.
Par Adrien Candau