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Martino va-t-il mourir avec ses idées ?

Par Ruben Curiel, à Buenos Aires
Martino va-t-il mourir avec ses idées ?

Alors qu'il construit un projet ambitieux, Tata Martino est déjà sous le feu des critiques. En finale face au Chili, l'ancien entraîneur du Barça semble avoir laissé de côté sa philosophie pour un plan plus pragmatique. Outre la fin d'une génération, cette défaite marque un problème majeur : l'Argentine ne sait plus comment elle veut gagner.

Cette fois-ci, les environs de l’Obélisque sont vides. Sur la place où les Argentins avaient fêté les héros vaincus du Mondial, seuls quelques drapeaux céleste et blanc flottent. Cette fois-ci, les télévisions se sont éteintes quand Alexis Sánchez a placé toute la frustration d’un peuple qui n’a jamais pu célébrer dans une subtile panenka. Et celui qui se moquait sans cesse de son voisin puceau s’est tu. De Buenos Aires au tunnel de l’Estadio Nacional de Santiago, les mots des milliers d’Argentins et de Lionel Messi sont exactement les mêmes : « La puta que lo parió. Siempre lo mismo, no puedo más. » Si la traduction de la première phrase coule de source, la seconde partie ( « C’est toujours la même chose, j’en peux plus » , en VF) démontre toute la frustration d’une nation, qui a perdu cinq finales consécutives. Très vite, la tentation du débat anime le clan des vaincus : cette sélection a-t-elle une réelle idée de jeu ? Martino doit-il imposer un changement générationnel ? Ou pire, Messi doit-il garder le brassard de capitaine ? La seule certitude, c’est que l’Albiceleste a abandonné en finale ce qui lui avait permis de l’atteindre : l’audace.

Martino, l’indécis

Au centre des débats se trouve Gerardo Martino. Lors de son arrivée, le natif de Rosario frappe fort : selon lui, le manque d’identité du football argentin est dû au fait que « des sélectionneurs aux idées totalement différentes se sont succédé » . Un tacle glissé pour Alejandro Sabella, un autre pour la Fédération argentine. La nomination de l’ancien entraîneur de Barcelone relance l’éternel (et devenu insupportable) débat entre les adulateurs du football offensif de Menotti et celui cadenassé de Bilardo. Les quelques matchs amicaux laissent entrevoir un projet de jeu plus ambitieux que le précédent. Pastore et Tévez reviennent en sélection et Messi occupe le même poste qu’au Barça. La Copa América apparaît comme le premier défi du coach au jogging national. Après une phase de groupes quelconque, l’Argentine a dû hausser le ton. D’abord, dans une séance épique de tirs au but (contre la Colombie, en quart de finale) qui a offert une vengeance à Carlos Tévez. Puis en demi-finale face au Paraguay, l’identité de jeu voulue par Martino a enfin vu le jour. La finale face à l’hôte affamé de la compétition devait couronner une génération au paroxysme de sa forme. Pourtant, la « malédiction » des finales a pris le dessus.

Surtout, cette équipe portée vers l’avant a laissé place à celle créée par Sabella pour gagner à tout prix. L’Argentine est redevenue ce bloc compact, aux relances peu risquées, qui misent tout sur un éclair de génie. Claudio Bravo s’est chargé de calmer les ardeurs offensives de l’Albiceleste. Les tirs au but manqués d’Higuaín et de Banega ont eux fait oublier le travail instauré par Martino pour construire une équipe. Aujourd’hui, l’Argentine critique un Martino presque schizophrénique, qui installe un projet avant d’y renoncer à une marche de la gloire. Aussi, tout un pays se lamente encore de ne pas voir le Messi du Camp Nou. Pourquoi Carlos Tévez n’a pas remplacé Agüero ? Pourquoi Pastore, qui a la lourde tâche d’être le témoin entre une Argentine passive et une sélection qui se veut désormais portée sur l’esthétique, est-il sorti au moment où l’Argentine se devait de garder le ballon ? Ces questions risquent d’animer les débats dans tous les cafés du pays. Une seule certitude rassemble les 43 millions d’habitants : l’Argentine ne sait plus comment elle veut gagner.

La fin d’une génération ?

Si les conclusions sont (trop) vite tirées au pays, l’Argentine se retrouve bel et bien face à un dilemme. S’appuyer sur ce groupe pour le futur proche, ou entamer le renouvellement. D’abord, il faut rappeler que cette Copa América perdue n’est pas la dernière opportunité pour cette génération. L’année prochaine, le centenaire de la Copa América se déroulera aux États-Unis et l’Argentine figurera encore une fois parmi les favoris. Surtout, cet énième échec en finale ne marque pas vraiment la fin d’une génération. Seuls Mascherano, Zabaleta, Lavezzi, Demichelis (qui a déjà annoncé sa retraite internationale) risquent de ne pas disputer le Mondial 2018 en Russie. Cependant, l’Argentine a de quoi entamer un nouveau cycle. D’ailleurs, depuis son intronisation, Tata Martino observe de nombreux jeunes qui tapent à la porte de la Selección. Les éliminatoires de la Coupe du monde 2018 permettront au Droopy argentin de rajeunir sa liste. Dans les buts, Gerónimo Rulli et Agustín Marchesín représentent des alternatives fiables à Romero. En défense, il se murmure que Funes Mori (défenseur central de River Plate), Gino Peruzzi (latéral droit de Catane) et Emmanuel Mas (latéral gauche de San Lorenzo) pourraient bientôt intégrer l’escouade nationale.

Après la défaite, Mascherano a fait trembler l’Argentine. L’homme à tout faire du Barça a laissé planer le doute sur son futur en céleste et blanc. Et si le « Jefecito » est indispensable, il est probable que la prochaine Copa América soit sa dernière compétition internationale. Là aussi, l’Argentine possède quelques ressources. Federico Mancuello, star d’Independiente (qui devrait signer au Dnipro) et Matías Kranevitter devraient eux aussi être testés. Enfin, le secteur offensif de l’Argentine est un puits sans fin. Si beaucoup demandent la tête d’Higuaín (le numéro neuf de Naples et ses occasions manquées lors des deux dernières finales incarnent la malédiction argentine), le joueur possède un certain crédit aux yeux de Tata Martino. Le retour de Carlos Tévez à Boca, dans un championnat en crise, est aussi une inconnue. Derrière, Paulo Dybala, Mauro Icardi ou encore Luciano Vietto poussent pour intégrer la sélection. Malgré cette finale perdue, Martino n’abandonnera pas son projet de jeu. Et si ce groupe a laissé passer deux opportunités d’enfin soulever un trophée, le pays entier ne ratera pas celle d’enterrer l’entraîneur avec ses idées, si l’échec survient encore.

La lettre à Olise

Par Ruben Curiel, à Buenos Aires

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