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Martin Terrier de l’OL au Stade rennais : un nouvel espoir

Par Clément Gavard
6 minutes
Martin Terrier de l’OL au Stade rennais : un nouvel espoir

Après deux années passées à l'OL, Martin Terrier s'est engagé pour les cinq prochaines saisons avec le Stade rennais. Au sein d'un nouvel environnement, l'attaquant de 23 ans devra prouver qu'il est plus qu'un espoir prometteur et qu'il a désormais les épaules pour s'imposer dans un club moins huppé que l'OL, mais tout aussi ambitieux.

Ce n’est un scoop pour personne : Florian Maurice aime beaucoup Martin Terrier. « Si je l’ai fait venir à Lyon, ça veut dire que c’est un joueur qui me plaît, glissait le nouveau directeur technique du Stade rennais à Ouest-France, la semaine dernière. C’est un joueur qui correspond aussi aux caractéristiques de ce qu’on pourrait avoir à Rennes. Mais voilà, il y a encore du chemin avant d’arriver à un accord avec Terrier. » Le chemin n’était pas si long : l’attaquant de 23 ans s’est engagé lundi pour cinq saisons avec le club breton, devenant ainsi la première recrue de l’ère Maurice au SRFC après la signature d’un chèque de douze millions d’euros (plus trois millions supplémentaires et autres bonus). Après Lille, Strasbourg et Lyon, Terrier met donc le cap à l’ouest, et le moment est venu pour l’international espoir de prouver qu’il n’est plus seulement une promesse.

Martin mystère

Son aventure lyonnaise aura donc seulement duré deux années. Arrivé à l’été 2018 avec l’étiquette du jeune prometteur destiné à percer avec l’OL, Terrier quitte finalement le club en laissant un goût d’inachevé. Une issue difficile à imaginer quand on se souvient du printemps 2019, une période où l’attaquant venait de claquer six pions en sept rencontres de Ligue 1, et disait ceci : « J’espère être à Lyon encore un bon moment, m’imposer et gagner des titres avec ce club. » Raté. Dans les mois suivants, le gamin d’Armentières voyait la révolution interne chez les Gones comme une chance pour lui de s’imposer et de « faire partie des cadres ». Encore raté. Le courant n’est pas vraiment passé avec le duo Juninho-Sylvinho et le joueur a alors rapidement envisagé un départ. « C’est un affectif à la base, assure Jean-Michel Vandamme, qui l’a bien connu à Lille. C’est quelqu’un qui marche beaucoup à la confiance, il faut être sur la même longueur d’onde que lui, mais c’est un gars très bien. » Sans confiance, Terrier a alors été ballotté la saison dernière entre le onze de départ et le banc de touche, sous Sylvinho ou Rudi Garcia, et n’a surtout pas eu le rendement attendu (six buts et deux passes décisives en 35 apparitions toutes compétitions confondues).

En novembre, le principal intéressé était lucide : « J’ai eu du mal à revenir physiquement et je n’ai pas su saisir les occasions qui m’ont été offertes. Je travaille à l’entraînement, je ne triche pas. J’ai un état d’esprit de conquérant. Quand je l’ai, personne ne peut me bouger sur le terrain. Il faut que j’ai ce mental à chaque fois. » Le mental, justement, serait au cœur du problème. Terrier serait trop timide, trop discret, trop effacé pour s’imposer sur la durée. Vraiment ?

J’ai pu discuter avec lui à Lyon, j’ai trouvé qu’il avait pris de la bouteille, de la maturité.

« Il était d’une gentillesse, d’une éducation… C’est vrai que ça en était presque inquiétant quand on sait tout ce qu’il faut faire pour trouver sa place dans ce milieu. Je me disais : « Bordel, j’espère que ça va le faire pour lui », rembobine Jean-Michel Vandamme, dont le père avait découvert le petit phénomène alors âgé de six ans lors d’un tournoi à Marcq-en-Barœul. J’étais à Lyon il y a six ou sept mois, j’ai pu discuter avec lui et j’ai trouvé qu’il avait pris de la bouteille, de la maturité. Les jeunes talents n’ont pas toujours ce côté tueur. J’ai vu ses derniers matchs, c’était rassurant. » En attendant, la blessure de Memphis Depay, potentiel concurrent, n’aura pas permis à Terrier de se révéler dans une équipe qui pataugeait. Un échec, ces deux années à l’OL ? Pas forcément, selon Jean-Michel Vandamme : « À Lyon, on sait que c’est compliqué, il y a une pression et un contexte. Je pense que ça a été une expérience formatrice pour lui. Je dirais que Martin a pris de la confiance à Strasbourg et qu’il a grandi à Lyon. » Rennes pourrait donc être la ville de la prise de hauteur.

L’axe du bien

Une chose est sûre : Terrier pose ses valises dans un club qui le désire. Florian Maurice est fan du bonhomme, Julien Stéphan apprécie beaucoup son profil, et Jonas Martin, qui lui « a beaucoup appris, sur et en dehors du terrain », devrait pouvoir faciliter son intégration au sein de l’effectif. Reste la question de son utilisation. Si le joueur de 23 ans aime rappeler qu’il peut « dépanner » à droite ou à gauche, il se gêne rarement pour mettre en avant sa préférence pour une position plus axiale. « Derrière l’attaquant, c’est le poste que je préfère, où je me sens le plus à l’aise, confiait-il à Goal au printemps 2019. Même en pointe, où j’ai joué au mondial U20. Mais c’est vrai que j’ai de l’affection pour le poste derrière l’attaquant. J’aime être au cœur du jeu, à l’origine des actions. Quand je joue à ce poste, je peux aussi être un renard des surfaces. Je ne me pose pas vraiment de questions. Je n’hésite pas à frapper et comme je suis plutôt adroit, ça me sourit souvent. » Jean-Michel Vandamme confirme : « Chez les jeunes, il jouait déjà derrière l’attaquant, même si ça ne veut pas toujours dire grand-chose à cet âge-là. Mais c’était lui, le meneur de jeu : on le trouvait pour sortir les ballons, il était adroit, ses contrôles orientés étaient d’une intelligence pour faire face au jeu, et dans la transmission, c’était aussi excellent. » Problème : ces deux dernières saisons, Terrier a souvent dû s’exiler sur le côté gauche pour se faire une place.

Dommage pour un joueur qui préfère la simplicité et le jeu en une touche de balle aux dribbles chaloupés. Sa dernière – et quasiment la seule de la saison – sortie dans l’axe remonte au 21 février dernier sur la pelouse de Metz, où l’OL s’était imposé (0-2). Et, surprise : placé derrière le tandem Dembélé-Toko Ekambi, Terrier s’était montré à son avantage.

Plus on le trouvera dans l’axe, plus il marquera des buts.

L’attaquant fait preuve de finesse dans ses déplacements, dans ses remises également, éclairant même parfois le jeu lyonnais de par son sens du collectif. Un prestation aboutie, avant de retrouver son côté – où il aime logiquement jouer comme un attaquant intérieur – au match suivant. Le défi de Stéphan se pose ici : trouver une place à Terrier dans son système, sans tout miser sur la polyvalence du garçon qui « peut être un avantage, mais aussi un inconvénient », selon Jean-Michel Vandamme. Le technicien rennais, lui, a déjà démontré sa capacité à jongler entre les systèmes, lui qui a testé la saison dernière le 4-3-3, le 4-2-3-1, le 4-4-2 et même le 3-5-2 en début d’exercice. Avant le retour du premier schéma cité contre Montpellier (5-0), Stéphan avait d’ailleurs pris l’habitude de faire évoluer son équipe avec deux attaquants axiaux (Del Castillo, Hunou ou parfois Gboho tournant autour de Niang). Une approche qui pourrait permettre à Terrier de retrouver ses petites habitudes ? « Plus on trouvera dans l’axe, plus il marquera des buts, assure Jean-Michel Vandamme. C’est un garçon qui peut faire des enchaînements contrôle-frappe mortels. Évidemment, il pourra jouer aux trois postes derrière l’attaquant, mais plus on va l’axer, plus on en tirera de l’efficacité. Et je ne serais pas étonné que ce soit le plan à Rennes. » Martin Terrier n’attend que ça.

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Par Clément Gavard

Propos de Jean-Michel Vandamme recueillis par CG.

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