D’abord, peux-tu nous expliquer le concept de l’application ?
C’est une application très similaire à Tinder, qui fonctionne seulement dans et aux alentours du stade. Les supporters de Getafe peuvent donc se rencontrer – à travers leurs smartphones – et partager une passion qu’ils ont déjà en commun. Ça fonctionne vraiment comme Tinder, avec les profils, et les matchs. Comme on le voit dans la publicité, les supporters et supportrices peuvent faire défiler sur leur écran les profils.
Comment as-tu eu cette idée ?
L’idée nous est venue après beaucoup de travail, beaucoup d’observations aussi. Aujourd’hui, Tinder et les rencontres éphémères sont en vogue. Nous voulions nous servir de ce phénomène pour l’amener dans les stades de football. On a choisi Getafe, car cette équipe a besoin de ce genre de publicité. Le stade, de 17 000 places, a eu la plus faible affluence en Liga l’année dernière (seulement 9 000 spectateurs de moyenne, ndlr). Le Getafe CF est l’une des équipes avec le plus faible nombre d’abonnés de la Liga. Que peut-on y faire ? C’est très simple : nous reproduire. On a eu d’autres idées, que je ne peux pas te dévoiler, mais celle-ci était la meilleure. Puis il faut bien vivre face aux deux géants de Madrid…
Cette application a été lancée pour que les supporters de Getafe se reproduisent, même à l’intérieur du stade selon la publicité. Comment cette initiative a été reçue ?
Avec humour, j’espère. C’est le but. Une application pour draguer dans un stade, c’est quand même une sacrée innovation. C’est difficile de rencontrer l’âme sœur dans un stade de football. On veut que les gens se rencontrent, tombent amoureux, et que naissent des supporters de Getafe de ces unions. Ça nous permettra de remplir le stade !
Il y a tout de même une volonté de changer l’ambiance du stade « Coliseum Alfonso Pérez » ? Tu crois que l’application peut attirer plus de supporters au stade ?
Oui, on veut rendre notre stade plus attractif. C’est notre devoir d’agence de publicité. On ne sait pas si des nouveaux supporters vont naître, c’est parti d’une blague. Mais si cela fonctionne, tant mieux.
On va au stade pour encourager son équipe, pas pour trouver l’âme sœur…
(Il coupe) Si, tu peux combiner les deux. Si le match est ennuyant, les supporters vont directement sortir leurs téléphones. Et au lieu de filmer, d’aller sur Twitter ou Facebook, ils iront sur Getafinder. Si l’équipe ne leur procure pas de joie, un supporter ou une supportrice le fera après le match. Dans le stade, on entendra des cris différents maintenant. Getafinder pourrait servir à tous les supporters du monde. C’est la solution à un problème historique.
Des joueurs de Getafe ont affirmé qu’ils utiliseraient l’application. Avez-vous eu des retours ?
Effectivement, cela nous fait de la publicité en plus. Les joueurs ont le sens de l’humour, c’est bien. S’ils l’utilisent, c’est génial pour nous.
Le pourcentage des hommes est supérieur sur l’application. Comment vas-tu gérer cela ?
Ils vont devoir se battre (rires). Ils devront travailler pour le peu de femmes présentes dans le stade. Cela les forcera à se surpasser. Ils ne partageront pas, ça c’est sûr.
Et que se passe-t-il si un supporter ou une supportrice du Real Madrid s’inscrit ?
S’il ou elle se rend au stade, il n’y a pas de problèmes. Si un supporter d’une équipe rivale entre dans le stade et utilise Getafinder, il deviendra vite supporter de Getafe.
En 2001, une publicité de l’agence a fait polémique (l’agence encourageait le don de sperme en créant un film pornographique pour les supporters de Getafe). Cette fois-ci, avez-vous reçu des critiques ?
C’est notre travail. On a l’habitude de créer des campagnes de publicité qui font polémique. Le club aussi en a l’habitude. Je pense qu’un petit club de football peut supporter ces polémiques. C’est un moyen de donner plus de visibilité à l’équipe. C’est une stratégie qui fonctionne pour l’instant.
En 2007, l’église a aussi critiqué une de vos publicités où vous mettiez Dieu en scène. Tu ne te soucies pas des critiques ?
Effectivement, on a été accusé de blasphème, de tout et n’importe quoi. Nous faisons des campagnes provocatrices, et d’autres moins. La réaction des gens nous importe peu. Je crois que cela se voit, puisqu’on continue à innover. Nous ne cherchons pas la polémique. On veut faire une campagne drôle. On ne peut pas se le permettre avec tous nos clients. Mais le club le demande.
D’ailleurs, comment le club a accueilli cette idée ?
Au début, il y a eu quelques doutes, et peur de la réaction des gens. Mais ils sont habitués, cela les fait rire maintenant. Ils publient la vidéo sur les réseaux sociaux !
L’application va être lancée ce dimanche contre Las Palmas. Qu’avez-vous organisé ?
Notre publicité va être diffusée sur l’écran géant du stade, c’est tout. Nous n’étions pas conscients de l’impact que cette application allait avoir. On espère que les gens vont la télécharger. Et puis pourquoi pas avoir des couples de Getafe dès ce week-end. Mais qu’ils n’oublient pas de chanter pour Getafe.
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