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Martial, le seul perdant
Devancé par Griezmann, Payet, Coman et Sissoko, Anthony Martial est désormais le dernier choix offensif de Deschamps. Regrettable pour celui qui était encore titulaire il y a peu et qui représentait le meilleur espoir français.
Il y a moins d’un an, tout basculait pour lui. Après une aventure remarquable en C1 avec l’AS Monaco qui aura vu le club de la Principauté éliminer Arsenal et se faire stopper de peu par la Juventus, en quarts de finale, Anthony Martial redémarre la saison sur des chapeaux de roue. Quelques passes décisives plus tard, Didier Deschamps prend son combiné et lui ouvre les portes de l’équipe de France. Le 4 septembre, face au Portugal, il porte pour la première fois le maillot bleu. Entre-temps, le 31 août, l’attaquant signe à Manchester United pour… 80 millions d’euros (bonus compris). En Premier League, le natif de Massy s’adapte très bien, en témoignent ses onze buts en championnat (meilleur total de sa jeune carrière) et son statut de titulaire sur l’aile gauche.
Oui, mais voilà : depuis cette période faste où tout est allé très vite, le prodige de 19 ans ralentit considérablement le pas. Il est en effet englué dans un sable mouvant portant le nom d’Euro 2016 dont il ne parvient pas à sortir, et qui constitue pour le moment son tout premier échec. Pourtant, rien ne laissait présager qu’il serait l’homme faible de l’EdF. Avec les Bleus, Martial s’était installé plus ou moins confortablement sur le côté gauche de l’attaque avec trois rentrées, suivies de trois titularisations en 2015. Des performances amicales plutôt convaincantes, sans la récompense du tremblement de filet néanmoins. Lors de cette période, on pouvait logiquement envisager qu’il gratterait une place dans le onze de départ durant l’Euro.
Une concurrence pas évidente
Sauf que les concurrents se sont multipliés et Martial n’a pas haussé son niveau de jeu. Avec les arrivées de Dimitri Payet et de Kingsley Coman, le petit Anthony a vu son statut de pépite être volé par le talent du Hammer et du Munichois. Ce brusque changement a-t-il pu lui faire perdre confiance ? Toujours est-il que le Mancunien ne s’est pas beaucoup montré pendant les matchs de préparation à l’Euro : trois mi-temps, mais toujours zéro pion – malgré les dix buts inscrits par son équipe –, quelques accélérations et des passes décisives. Pas de quoi se rendre plus utile qu’un Payet ou qu’un Coman. À l’époque déjà, Deschamps tançait en direct sur TF1 son petit protégé, entré à la mi-temps, après la confrontation contre les Pays-Bas, promettant qu’il lui réservait une séance vidéo intense : « Là, on dort, et surtout un joueur. Mais je lui remontrerai. »
Pire : à l’heure où ses collègues montent en puissance, la pente descendante de Martial se confirme depuis le début de la compétition. C’est simple, il est le seul joueur français à passer à côté de son Euro. Encore plus si l’on ne prend en compte que les éléments offensifs. Antoine Griezmann et Dimitri Payet sont en feu et Coman est désormais privilégié pour son apport immédiat lors de ses rentrées. Même le profil plus défensif de Moussa Sissoko est désormais hiérarchiquement devant, surtout au vu des gros adversaires que la France va se coltiner.
Essence plutôt que Diesel
La principale raison de ce renversement ? Elle tient en 59 minutes. Soit le dernier quart d’heure contre la Roumanie et la première période de l’Albanie. Le jugement est sévère, mais réaliste, pour une compétition de ce niveau : Martial n’a pas su apporter ce qu’on attendait de lui. Au vrai, le Red Devil met trop de temps à rentrer dans le vif du sujet, au contraire d’un Coman qui enchaîne les touches de balle et les grigris dès les premiers ballons, et semble emprunté. Pas anormal : l’attaquant est le Français qui a disputé le plus de matchs cette saison (devant Griezmann, oui).
Mais au plus haut niveau, ça ne pardonne pas. Surtout avec la Dèche, qui n’est pas l’entraîneur le plus patient du monde. « C’était un amical, donc il n’y a pas eu d’incidence, prévenait déjà le sélectionneur, toujours suite à la performance décevante de son poulain contre la Hollande. Mais la qualité des adversaires sera meilleure à l’Euro, donc il faut rester concentrés. » Après sa mi-temps albanaise ratée, Martial a donc pris la porte à la pause et n’a plus été utilisé depuis, malgré les aller-retours de l’équipe entre le 4-2-3-1 et le 4-3-3. Tolérance zéro et intransigeance maximale face à l’inexpérience. Que le jeune tricolore se rassure : la méthode Deschamps fait grandir.
Par Florian Cadu