- Premier League
- J26
- Man. City-Man. United
Martial, la gestion du Mou
Parfois buteur, régulièrement en tribunes et rarement titulaire, Anthony Martial vit une saison complexe. Et la façon dont José Mourinho contrôle la situation interpelle. De quoi envisager un départ ?
Dimanche soir, tout le monde était content. Tout le monde sauf Burnley, évidemment. La très belle ouverture du score d’Anthony Martial (son 25e but toutes compétitions et saisons confondues avec Manchester United) avait permis le succès de son équipe chez les Clarets (2-0), mais aussi d’offrir huit millions d’euros à Monaco et deux à l’Olympique lyonnais (bonus de transfert). José Mourinho, lui, a grandement applaudi la performance globale du garçon en conférence de presse : « Tout le monde connaît ses qualités. Je suis très content de ce qu’il a fait pour nous. Il a été très bon. Avec ou sans le ballon, dans un match compliqué et avec deux défenseurs constamment sur le dos. Surtout qu’il jouait sans personne derrière, car nous avons évolué sans numéro 10. Les milieux de terrain étaient assez loin. Il a vraiment bien joué. »
Le bâton et la carotte
Pourtant, le discours du Portugais est rarement positif quand il s’agit d’évoquer son joueur en public depuis le début de la saison. Auteur de seulement quatre buts en championnat (un en Ligue Europa, trois en coupes) contre onze lors de sa première année en Angleterre, l’entraîneur mancunien ne l’a titularisé que treize fois en Premier League (contre 29 en 2015-2016 sous Louis van Gaal). Surtout, le Special One n’hésite pas à manipuler la méthode de la carotte avec son attaquant, en le tançant très régulièrement. Parfois même de manière hyper sévère. « Il a fait assez pour être… sur le banc, déclarait-il par exemple début février. Il doit faire mieux que ceux qui sont en concurrence avec lui pour les mêmes postes. C’est un secteur où nous avons de très nombreuses options.(…)Les choix des joueurs se font d’eux-mêmes. » Quelques semaines plus tôt, il avait déjà remis l’ancien Monégasque à sa place : « Martial devrait m’écouter plus et moins son agent. À tous les entraînements, j’essaye de donner des conseils aux joueurs pour qu’ils s’améliorent. »
Idem presque trois mois plus tard : « Est-ce que je pense qu’Anthony est un joueur doté d’un gros potentiel ? Oui. Est-ce que je pense qu’il peut avoir du succès sous mes ordres ? Oui. Mais il a besoin de me donner certaines choses que j’aime beaucoup. Nous sommes ensemble depuis presque dix mois maintenant et je connais bien mieux les joueurs maintenant, ils devraient eux aussi me connaître un peu mieux.(…)Anthony doit me donner certaines choses que j’aime. » Et lorsque l’ex-Lyonnais consomme de la sueur et du talent, alors José lui répond par de l’amour. Comme après Burnley. Ou comme en mi-février : « Martial a mérité sa chance. Il a travaillé plus dur que jamais ces deux dernières semaines. Comme j’aime : dur et en silence. Je veux le Martial de ces deux dernières semaines d’entraînement. »
Enfant capricieux ?
Mais pourquoi le Mou gère-t-il Martial comme s’il s’agissait d’un enfant ? Pourquoi lui donne-t-il des titularisations et des éloges comme des cadeaux récompensant un gosse qui a bien agi ? Pourquoi le punit-il en l’envoyant en tribunes dès qu’il ne travaille pas bien ? Le Français serait-il encore un peu immature ? Bien entendu, répond Francis Smerecki, ancien sélectionneur d’Anthony Martial en U19, pour qui l’âge peut expliquer cette relation maître-élève : « Il n’y a aucun souci. Il n’a que 21 ans, et vu le niveau auquel il joue, il faut qu’il grandisse un petit peu, c’est tout. Il faut lui laisser trois-quatre ans pour mûrir et devenir plus responsable. » Si la jeunesse du natif de Massy justifie en partie le comportement de Mourinho, son attitude peut aussi être pointée du doigt. Car dans les alentours de la Principauté, certains se souviennent d’un monsieur pas hyper accessible et pas forcément très modeste.
De fausses rumeurs pour Francis Smerecki : « Comment il était à l’entraînement ? Mais ne cherchez pas la petite bête ! Là, vous avez l’impression que ça se passe mal juste parce qu’il est dans un club comme Manchester United qui a le niveau Ligue des champions. Mais avec Anthony, il n’y a jamais eu de problèmes de comportement. Il faut juste accepter que tous les jeunes sont différents les uns des autres. Et heureusement, sinon la vie serait monotone. Il faut s’adapter à chaque caractère. » Est-ce que Mourinho a du mal avec celui de Martial ? Ou l’inverse ? En tout cas, Lyon songe déjà à le récupérer. Jean-Michel Aulas, qui a promis des « folies » cet été sur le plateau de TF1, verrait d’un très bon œil le retour d’un de ses poulains qu’il a lâché sans profiter de ses jambes. En attendant, José ne va pas le lâcher.
Par Florian Cadu