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Marseille : rififi à la cour de Tudor
Le départ en coup de vent de Jorge Sampaoli n'avait pas semblé dérouter plus que cela la direction marseillaise, qui avait répondu du tac au tac en annonçant l'arrivée d'Igor Tudor. Sauf que ce mardi matin, ce fut au tour de Mauro Camoranesi de mettre les bouts, lui qui était pourtant parti pour être l'adjoint du Croate. Aussitôt, Hari Vukas, une autre accointance de Tudor, a été désigné pour lui succéder. Si le mercato de l'OM est atrocement calme côté joueurs, il est bien plus houleux en coulisses. À trois semaines de la reprise, voilà qui n'inspire pas la sérénité.
Le calme plat n’est décidément pas ce qui sied le mieux à l’Olympique de Marseille. Même quand il fait aussi peu de vagues sur le marché des transferts que la mer qui borde son littoral, il se trame toujours quelque chose dans les couloirs de sa Commanderie. Ce mardi, c’est Mauro Camoranesi, l’ancienne gloire de la Juventus arrivée dans les valises d’Igor Tudor pour l’épauler, qui s’est fait la malle, une semaine seulement après l’officialisation du Croate à la tête de l’effectif marseillais. L’Équipe rapporte que cette aide très passagère avait été conclue en toute transparence : « Igor m’avait appelé pour que je l’aide au départ, en attendant de compléter son staff », aurait ainsi déclaré l’Italien. Cela, alors que Tudor l’avait présenté à sa prise de fonctions comme son « bras droit ». Au-delà de la petite déception que provoque le départ du membre le plus bankable de ce tout nouveau staff marseillais qui fleure bon la Serie A, cet aller-retour express – que personne n’avait vu venir – fait planer le doute dans le ciel bleu des Bouches-du-Rhône ; d’autant plus que le board phocéen se fait anormalement discret ces dernières semaines.
Droit au chut
Que ce soit lorsque Jorge Sampaoli a mis les voiles sans demander son reste, lorsque le grand Steve Mandanda s’est tiré en Bretagne ou lorsque Igor Tudor a débarqué à Marignane pour parapher son contrat de deux ans, tous les derniers grands évènements qui auraient dû secouer l’Olympique de Marseille ont été accueillis avec une extraordinaire indifférence de la part de ses dirigeants. Il est vrai que l’éthique de travail, le QI football et l’implication de Pablo Longoria dans les affaires de son club, maintes fois salués, constituent encore des gages de confiance, et donnent plutôt envie de croire à un renouveau du club entièrement sous contrôle, dont la tranquillité de surface camouflerait justement un travail de sape démentiel en coulisses.
Dès lors qu’il ne s’agit pas de types qui vont fouler le pré, l’OM est en effet aux premières loges sur le mercato : Javier Ribalta, bonne connaissance de Longoria, était déjà arrivé à la mi-juin pour occuper un poste de directeur du football, suivi de près par Marco Otero et Yann Daniélou qui ont depuis pris en charge le centre de formation… En un sens, la nomination éclair d’Hari Vukas à la place de Camoranesi prouve que l’OM n’est pas en état de mort cérébrale, pour reprendre l’expression d’un de ses illustres supporters. Mais il n’empêche que l’ambiance qui règne sur le Vieux-Port n’est pas des plus rassurantes, et l’excuse du travail dans l’ombre ne peut pas, à elle seule, balayer les inquiétudes.
Gare au faux départ
Contrairement à ses concurrents directs, l’OM paraît naviguer quelque peu à vue cet été. La santé du projet rennais parle d’elle-même et a bien convaincu Steve Mandanda, l’OGC Nice a ramené Lucien Favre sur son banc, le RC Lens a déjà signé quelques alléchantes recrues comme Loïs Openda, l’OL rappelle un par un ses vieux briscards, alors que des rumeurs d’arrivées plus ou moins fondées, et souvent moins, comme celles envoyant Paulo Dybala ou Dries Mertens au Vélodrome, sont les seules sucreries à se mettre sous la dent jusqu’ici pour les supporters marseillais. Les discussions autour de Jonathan Clauss sont en cours avec le RC Lens, mais les « cinq à huit recrues » annoncées par Longoria au moment de la présentation de Tudor ne seront pas là de sitôt. Et l’étrange jeu de chaises musicales auquel joue le staff marseillais, pris en toute vraisemblance par le temps et construit quelque peu dans l’urgence, n’arrange rien. La reprise de la Ligue 1 le 7 août face au Stade de Reims n’est déjà plus si loin, et l’heure est encore largement aux rodages, aux prises de marques, et donc aux interrogations. Les 25 prochains jours ne seront pas de trop pour que le dauphin marseillais attaque la saison la tête à l’endroit.
Par Paul Citron