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Marseille peut-il encore s’offrir un grand attaquant ?
Les pistes prioritaires qui n'aboutissent pas, Valère Germain qui fait le taf, Clinton Njie qui pointe son nez... Marseille a commencé sa saison sans « le grand attaquant » annoncé depuis juin. Entre contraintes financières et choix tactiques, l'OM Champions Project n'a peut-être plus la place pour un crack devant.
« Il ne faut pas que les gens rêvent et pensent que l’on va prendre un top joueur. » Les propos de Rudi Garcia dans L’Équipe ont eu le mérite de la clarté. La piste Olivier Giroud, morte et enterrée. Les ambitions de l’OM, quant à elles, remises à leur juste place. Fil conducteur du mercato olympien jusque-là, la quête du grand attaquant est toujours inachevée à deux semaines de la fin des transactions. Pas faute d’avoir vu défiler les noms plus ou moins ronflants pour concurrencer ou épauler Valère Germain, débauché à Monaco dès juillet. Carlos Bacca ? L’OM ne voulait visiblement pas claquer vingt millions d’euros sur le Colombien de trente ans, qui va finalement s’engager à Villarreal. Stevan Jovetić ? Pas forcément ultra-complémentaire avec Germain, et surtout, désireux de jouer en Liga plutôt qu’en Ligue 1. Wilfried Bony ? Il devrait retourner à Swansea, plus à même d’assouvir ses besoins salariaux… Quant à Zlatan Ibrahimović, il ne s’agissait que d’un canular, quand les profils de Moussa Dembélé, Vincent Janssen ou Arkadiuz Milik n’ont été qu’effleurés. Le Polonais de Naples n’aurait pas déplu à Garcia, qui y voyait « une bonne idée » , mais selon la Repubblica, le successeur de Gonzalo Higuaín à San Paolo n’a pas l’intention de quitter la Serie A un an après son arrivée pour trente millions d’euros. Et ce, même si une grave blessure au genou lui a fait perdre son statut la saison dernière.
« Je ne sais pas trop ce que cela veut dire, un grand attaquant »
Le recrutement d’un top buteur nécessite une prise de risques conséquente, que Frank McCourt n’hésitait pas à chiffrer au printemps dernier. « Dépenser cinquante ou soixante millions d’euros pour un joueur ? Oui. Mais encore une fois, ça ne veut pas dire que c’est notre objectif. » De tous les noms annoncés jusqu’à présent, aucun n’entre dans cette catégorie de prix. Soit Marseille travaille dans l’ombre en ayant multiplié les fausses pistes, soit les décideurs olympiens ont saisi que le marché avait encaissé une inflation foudroyante cet été. Car entre quarante et soixante millions d’euros, les attaquants de classe mondiale disponibles ne sont pas légion, voire inexistants. On fraye plutôt dans la zone des paris sur un fort potentiel, une relance (Diego Costa ?), voire les deux avec un élément comme Michy Batshuayi, tout sauf installé à Chelsea. Régulièrement interrogé sur le sujet phare du mercato, Jacques-Henri Eyrault s’efforce désormais de noyer le poisson : « Il y a énormément d’attaquants qui sont intéressés par l’Olympique de Marseille. Y compris des attaquants que vous pourriez appeler« grand attaquant », même si moi je ne sais pas trop ce que cela veut dire, un grand attaquant ou un très grand attaquant. Je ne vois pas ce que c’est, ça doit être mon manque d’expérience dans le monde du foot. »
Un numéro 9 ou le 4-3-3 ?
D’ailleurs, ce prochain ajout à l’effectif phocéen n’aurait plus forcément vocation à mener seul l’attaque de Rudi Garcia, mais à soulager un Valère Germain particulièrement convaincant en ce début de saison. Une réussite à double tranchant pour l’OM : l’ex-Monégasque apporte énormément par son intelligence de jeu, ses déplacements, son efficacité devant le but, mais n’a pas le profil de pointe recherché, à savoir un point d’appui solide dans le jeu aérien. Mais avec ses performances estivales associées à ses états de service à Monaco et Nice, il est désormais difficile pour l’entraîneur de l’OM d’en refaire un joker de luxe. Ce qui peut impliquer pour Rudi Garcia de se contenter du fils de Bruno avec Clinton Njie et Lucas Ocampos en doublures, ou alors de déroger à son sacro-saint 4-3-3. Un schéma qu’il a installé à Marseille depuis son arrivée en octobre 2016, à l’exception d’un 3-5-2 expérimental à Paris (0-0, le 23 octobre 2016) et Monaco (déroute 0-4, le 26 novembre 2016), ou de quelques 4-2-3-1 à une seule pointe au printemps contre Angers (3-0, le 10 mars 2017) et Toulouse (0-0, le 9 avril 2017). Un schéma qu’il a aussi fait perdurer pendant deux ans et demi à la Roma, et qu’il privilégiait avec des variantes au milieu de terrain à Lille. Autant dire qu’à deux semaines du mercato, l’arrivée d’un numéro 9 serait presque un cadeau empoisonné pour l’OM, avec un choix à faire entre mécontenter l’un des meilleurs joueurs de la préparation, ou chambouler l’animation offensive mise en place depuis juillet…
Par Nicolas Jucha