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Marseille-Olympiakos : le pire est derrière eux
Une fois la honte digérée après leur série de treize quatre défaites à la suite, les Marseillais semblent reconsidérer leurs opportunités pour la suite. Non, pas en Ligue des champions, celle-ci leur ayant déjà échappé, mais pour les contours d'une saison qui reste encore à dessiner, que ce soit en Ligue Europa ou en championnat. Et une belle prestation face à l'Olympiakos ce mardi resterait la meilleure des façons de croire en des lendemains meilleurs.
Prenez note. Gardez tout en tête. Trouvez déjà vos propres moyens mnémotechniques. Parce que cet OM 2020-2021 fera date et il faudra être capable de raconter tout ça à ses petits-enfants ou se remémorer ce parcours fantastique lors des futures soirées quiz. Déjà pour « ce-que-vous-savez » , exploit maintes et maintes fois loué. Mais les Marseillais tiennent aujourd’hui à éviter de former un carré très spécial, avec le « du-per » Depor de 2004, le Maccabi Haïfa de 2009 et le Dinamo Zagreb de 2016, tous coupables de n’avoir marqué aucun but en phase finale. Pour ça, les Olympiens ont deux cartouches dans le barillet, ce mardi soir contre l’Olympiakos et mercredi prochain à Manchester. Alors André Villas-Boas a commencé par rappeler les bases en conférence de presse, sur un air goguenard : « On va frapper au but et éviter les poteaux et le gardien qui sont là. Chercher les espaces vides dans cette cage. On a eu de la malchance contre Olympiakos, peu d’occasions contre City, un penalty raté par Dimitri contre Porto. De toute façon, il faudra frapper à la cage et éviter le gardien. » Soit un petit manuel pratique de la devise du club.
Les derniers seront les premiers
On l’a compris : pour la qualif’ en huitièmes, c’est d’ores et déjà râpé, et c’est peut-être mieux comme ça. Parce que cet OM 2020-2021 peut aussi passer à la postérité pour de tout autres raisons, positives cette fois. Même avec l’ego au fond des chaussettes, les Olympiens ont toujours la possibilité de sortir par le haut. Il y a encore une place en C3 à accrocher. Une victoire de deux buts d’écart contre les Grecs permettrait, en plus de donner tort à Mathieu Valbuena – du voyage à Marseille, mais incertain – qui s’était inquiété du manque d’âme de cette équipe à l’aller, de faire un joli pas en cette direction avant d’aller chez des Citizens déjà qualifiés. « Comme on a été misérables en Ligue des champions, on a envie de sortir avec une victoire au moins et un peu plus d’un but marqué, continue le Portugais. En Ligue Europa, c’est un niveau plus bas et on doit faire un peu mieux. »
Leur motif d’espoir, les Marseillais l’ont vu samedi en championnat, avec une victoire contre Nantes (3-1). Le match le plus abouti de la saison, au prix d’une réaction d’orgueil et d’un réalignement des étoiles (Benedetto enfin buteur après neuf mois d’abstinence, Thauvin nouveau meilleur buteur olympien du XXIe siècle en L1, une doublette Kamara-Rongier pertinente au milieu). « Ça peut devenir un match référence, annonce Boubacar Kamara. On a mis tout ce qu’il fallait : le jeu avec le ballon, le pressing, la récupération, des occasions… Il faut essayer de reproduire ça à chaque match. » Son entraîneur va lui aussi dans ce sens. « On s’est débloqué mentalement contre Nantes.[…]La seule consigne était : jouez au foot, jouez avec confiance et c’est ce qu’ils ont fait, commente AVB. On dit souvent que les effets suivent toujours une cause et les effets, mais ce n’est pas toujours immédiat. Et le travail a fini par payer contre Nantes. » Une manière de dire que les efforts effectués sans réussite ni récompense jusqu’ici finiront par porter leurs fruits à moment ou à un autre.
Vivre d’ « amour-propre » et d’eau fraîche
Cette méthode Coué permet d’arrondir les angles et d’adoucir la déception d’un parcours chaotique. « On a fait de la merde. Il faut le dire et on ne peut pas se cacher, avouait avec lucidité Kamara du haut de ses 21 ans. Mais ça doit devenir une source de motivation : il faut gagner et faire preuve d’amour-propre. » La carrière de ces joueurs ne s’arrêtera pas à la clôture de cette phase de groupes, chacun d’entre eux a encore des choses à prouver, à lui-même et au club. Impossible donc de croire que ces gars-là baisseront les bras à ce moment-là, puisque de belles choses peuvent encore les attendre dans la seconde division européenne et surtout en championnat, où l’OM avance masqué. Avec deux matchs en retard (Lens et Nice, qui ne pourraient se jouer qu’en 2021), ils ne pointent qu’à quatre longueurs du leader. « Si le Paris Saint-Germain rate le titre, il faut qu’on soit en position d’en profiter, avertit Villas-Boas. En ce moment, les choses sont un peu imprévisibles, alors il faut être là. »
Tout cela porte à faire rapidement le deuil de cette campagne européenne gâchée, ne pas se borner à comprendre « pourquoi ça n’a pas marché » , mais plutôt se demander « comment on va rebondir » . Pourquoi l’OM n’a pas su gérer ses émotions en C1 ? Pourquoi n’a-t-il pu obtenir qu’un seul point dans des compétitions européennes depuis sa finale de Ligue Europa en 2018 ? André Villas-Boas n’a pas toutes les clés pour désépaissir ce mystère et renvoie ces interrogations à ses homologues : « Pourquoi les équipes françaises sauf le PSG subissent ce genre d’impact en Ligue des champions ? C’est peut-être le manque d’expérience, un écart de compétitivité… Je ne sais pas. Il faut être plus exigeant, culturellement. Ce sont des questions que je me pose aussi, mais je n’ai pas encore trouvé la réponse. On pouvait faire mieux dans cette compétition et on l’a manquée. » Ainsi soit-il. Ou plutôt : advienne que pourra.
Par Mathieu Rollinger