- Ligue 1
- J29
- OM-Nice (2-1)
Marseille-Nice : Gerson y a l’téléfon qui son
Buteur à Brest une semaine plus tôt, Gerson a été le meilleur Marseillais ce dimanche soir et a grandement participé au succès face à Nice au Vélodrome (2-1). Le Brésilien est en train d'atteindre son rythme de croisière sur le Vieux-Port.
Après 45 minutes passées à subir en défendant le court avantage olympien, il fallait encore avoir du gaz pour s’engouffrer dans ce couloir gauche et de la lucidité pour rabattre ce ballon vers le second poteau. À la 89e minute de ce Marseille-Nice, c’est pourtant une galette complète qu’a servie Gerson à son coéquipier qui venait d’entrer, Cédric Bakambu, pour assurer le break des locaux, la deuxième place au classement et une belle communion marseillaise au triple coup de sifflet final. Et si le héros de cette fin de match a été Bakambu (qui fêtait sa centième apparition en Ligue 1), personne n’a oublié de saluer la montée en puissance de son passeur brésilien, une nouvelle fois pas le plus mauvais élève ce dimanche soir sur la pelouse du Vélodrome.
Chouchou et Coringa
Depuis son retour en Europe (après un passage raté entre la Roma et la Fiorentina, 2016-2019) et son arrivée sur la Canebière pour quelque 22 briques l’été passé en provenance de Flamengo, Gerson a connu quelques instants de grâce (un premier match abouti contre Saint-Étienne avec un but à la clé, 4e journée), mais aussi pas mal de trous d’air. Avec notamment une période compliquée entre septembre et novembre, mêlant titularisations décevantes et bouts de match par quarts d’heure lors des gros rendez-vous (le PSG, la Lazio en C3), une altercation entre lui et Mattéo Guendouzi ayant même éclaté à Monaco le 11 septembre à cause des replacements défensifs trop mous du Brésilien. Deux bons matchs de rang récompensés par des buts début décembre (à Nantes où il était positionné en faux 9, et contre Brest) l’ont sorti de sa torpeur, et Jorge Sampaoli – qui est quasiment venu en Provence avec Gerson dans ses bagages et dont il est le chouchou – lui fait de nouveau confiance depuis.
Après avoir contracté la Covid-19 début janvier, le joueur formé à Fluminense a enfin pris ses marques – dans un système où la polyvalence tactique est indispensable – et enchaîne les prestations de premier plan. Brillant et buteur à Brest il y a une semaine à un poste assez haut sur le terrain (0-1), entré pour la dernière demi-heure à Bâle jeudi en C4 (1-2) le temps d’adresser un centre gagnant à Cengiz Ünder, le gaucher a continué d’explorer, pour la réception des Aiglons, la liste des différents postes que son coach se laisse le droit de lui faire tester. Dans un inhabituel rôle de piston gauche en pendant de Valentin Rongier, il n’a une nouvelle fois pas déçu et a même été le meilleur Olympien sur la pelouse, amenant de l’impact dans sa moitié de terrain face à Amine Gouiri et consorts et ses qualités de passes et de projection dans l’autre, alors que la baisse de régime de Dimitri Payet perdure. « Au Brésil aussi j’ai joué à plusieurs postes. C’est pour ça qu’on m’appelait « Coringa »(le Joker). Je suis toujours disponible pour aider l’équipe », témoignait-il il y a quelques jours. « On avait imaginé un 5-4-1 avec Gerson sur la gauche, car on pensait qu’il pouvait attaquer de l’extérieur et gagner des duels, a déclaré l’intérimaire Jorge Desio après le succès contre le Gym. On comptait sur ses qualités physiques, face à des joueurs rapides. On ne voulait pas un latéral traditionnel. »
Milieu de terrain brésilien ni vraiment fantasque à la Lucas Paquetá, ni vraiment machine à laver l’entrejeu à la Luiz Gustavo, l’ex-idole du Maracanã est autre chose, et semble désormais avoir trouvé sa place dans l’orchestre marseillais. « En Amérique du Sud, l’intensité est un cran en dessous, il survolait le championnat brésilien, au moins physiquement, analysait Sampaoli à son sujet en décembre. Il commence à comprendre tout ça, ainsi qu’à jauger les adversaires, l’arbitrage… Il doit montrer ses qualités en se surpassant sur le terrain, en ne se laissant pas marcher dessus. Il est meilleur dans les duels, il démontre une vraie force mentale. Quand on arrive en Ligue 1 ou en Ligue Europa, depuis l’Amérique du Sud, il faut une adaptation rapide, sinon on plonge. » International auriverde depuis septembre dernier, Gerson n’honorera pas sa cinquième cape à la fin du mois de mars, étant absent de la liste pour la première fois depuis six mois. Tite peut désormais s’en mordre les doigts.
Par Jérémie Baron