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Marseille-Lyon, la guéguerre est déclarée
Ce jeudi soir, Marseille joue une demi-finale de Coupe d'Europe face à Salzbourg pour s'offrir le droit de jouer la finale à Lyon. Peut-être une motivation supplémentaire, tant l'OM et l'OL ne cessent de se chercher des poux.
Trois matchs de suspension ferme pour Adil Rami et Anthony Lopes, deux rencontres avec sursis pour Marcelo, la tribune basse sud du Vélodrome fermée pour un match et 10 000 euros d’amende pour les deux clubs. Mardi soir, la commission de discipline a rendu son verdict concernant les incidents qui ont émaillé la fin du match Marseille-Lyon (2-3). Ce qui n’empêche pas les présidents des deux clubs de continuer de livrer leur guéguerre sur leur support favori : Twitter. « Honte à eux et à leurs méthodes » , se fend Jean-Michel Aulas dans un style toujours aussi hargneux, en parlant des dirigeants de l’OM. Jacques-Henri Eyraud préfère quant à lui jouer la carte du message énigmatique, mais tout aussi lourd de sens avec un simple « J’ai compris… » , en référence à la déclaration de Bernard Tapie après la main de Vata en 1990. « Ce soir, j’ai compris que le football ne se gagnait pas seulement sur le terrain » , avait déclaré le boss de l’OM à l’époque. Sans forcément partir dans des théories conspirationnistes, Eyraud n’a pas complètement tort. Cette saison, la lutte pour le podium n’a pas seulement lieu sur le terrain entre l’OL et l’OM.
La commission comme terrain
On connaissait les grandes tensions entre Lyon et Marseille lors de la fin de la présidence de Vincent Labrune. Entre les piques par presse interposée, les polémiques sur l’arbitrage à chaque rencontre, le dossier compilé par Labrune à charge contre Aulas en reprenant seize ans de ses déclarations envers le corps arbitral et le transfert de Mathieu Valbuena à Lyon, l’atmosphère était pesante. Mais depuis l’arrivée de Frank McCourt et surtout de Jacques-Henri Eyraud, tout s’était calmé. Et puis Marseille est revenu au niveau de l’OL cette saison, et tout a pété pendant les fêtes de Noël. Le président marseillais, d’ordinaire mesuré, est allé au front pour faire les comptes du nombre de penaltys accordés à l’OL et l’OM. S’en est suivie une joute verbale, déjà sur Twitter, en plein réveillon. Le retour de la guéguerre.
Puis est arrivé le 18 mars 2018 et ce match tendu au Vélodrome entre les deux Olympiques, où Marseille pouvait mettre Lyon quasiment hors course du podium. Mais Lyon a gagné 3-2 au terme d’un match fou. Adil Rami a mis un coup à Marcelo sur le terrain. Le Brésilien a chambré en rentrant aux vestiaires. Des échauffourées ont éclaté. Anthony Lopes a tarté un membre du staff marseillais. Des incidents regrettables qu’Aulas et Eyraud se plaisent finalement à transformer en opportunités de nuire à l’autre. Pendant plus d’un mois, jusqu’à ce que la commission se réunisse finalement mardi, les deux n’ont cessé de demander de lourdes sanctions, tout en fermant les yeux sur les responsabilités de leur propre camp. En atteste le gros dossier monté par l’OM, qui réclamait deux ans de suspension contre Anthony Lopes – l’intendant marseillais a eu deux jours d’ITT –, un retrait de points et qui a fait appel à un expert en langage labial pour prouver que Rami avait été provoqué.
Une finale de C3 à Lyon en ligne de mire
Sauf que la commission a fini par trancher, plus d’un mois après. Enfin, trancher est un bien grand mot tant la Ligue semble bien incapable de donner raison à l’un ou à l’autre. Même amende ridicule (10 000 euros) pour les deux clubs, même suspension pour Rami et Lopes. Pas de jaloux, à quatre journées d’un sprint final qui s’annonce fou. Sauf que l’OM a un calendrier bien plus chargé avec la Coupe d’Europe. Malgré son zèle, Jacques-Henri Eyraud risque bien de perdre cette bagarre de cour de récré face à un adversaire bien plus aguerri que lui, Jean-Michel Aulas, trente ans de bouteille. Mais si les Marseillais sont ceux qui ont le plus à perdre en grillant de l’énergie dans ce combat, ce sont paradoxalement eux qui ont l’occasion de porter le coup de grâce. En commençant dès ce jeudi soir. Car la perspective de venir disputer une finale de Coupe d’Europe à Lyon est une réelle motivation supplémentaire. Une ultime réponse dans cette rivalité. Et sur le vrai terrain, pour une fois.
Par Kevin Charnay