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Marseille : Leonardo Balerdi, la défense argentine version chic
Même s’il n’a que très peu joué à Boca Juniors et Dortmund, le nouveau joueur de l’Olympique de Marseille suscite, depuis son plus jeune âge, beaucoup d’intérêt en Argentine. L’Albiceleste, fan de son jeu raffiné, compte sur lui pour l’avenir et attend son éclosion en France.
« Si à 19 ans, tu joues déjà en première division avec Boca Juniors, c’est forcément que tu as quelque chose de différent. » Au bout du fil, Fernando Batista, le sélectionneur de l’équipe d’Argentine espoirs, en est convaincu. Leonardo Balerdi, le nouveau défenseur de l’OM, aujourd’hui âgé de 21 ans, a beau n’avoir joué que douze matchs professionnels dans sa carrière en club – cinq sous la tunique azur et or du quartier sud de Buenos Aires, sept avec le Borussia Dortmund –, son talent ne se discute pas.
Le premier coup de foudre date de 2012 lors d’un stage de détection organisé par le club de Boca Juniors à Villa Mercedes dans la province de San Luis. Ce jour-là, six cents enfants et adolescents rêvent de devenir les nouveaux Riquelme ou Palermo. Un jeune milieu de terrain de 13 ans, le numéro 5 de son idole Fernando Gago sur les épaules, va immédiatement taper dans l’œil de Diego Mazzilli, scout xeneize: « Dès son échauffement, j’ai remarqué son élégance, sa coordination dans les gestes, son toucher de balle. Quand il a commencé à jouer, j’ai tout de suite été attiré par sa technique, sa personnalité – celle que doit avoir tout joueur de Boca – pour demander le ballon et aller le récupérer. Avec ses grandes jambes maigres, il était partout. On aurait dit un poulpe ! » Le surnom ne sera pas gardé. Le joueur si.
Avec Diego Mazzillo, l’homme qui l’a découvert
« Il est physique, sans être agressif comme Otamendi »
Malgré son jeune âge, Leo Balerdi quitte le confortable domicile familial pour rejoindre 700km à l’est la pension du club de ses rêves au pied de la Bombonera. À Boca, la concurrence est rude, surtout au poste de milieu de terrain. Face à l’embouteillage, le néo-Marseillais est testé en défense centrale par l’un de ses entraîneurs. Il y restera, au début à contre-cœur, avant que son talent n’explose au point de le rendre incontournable dans toutes les équipes de jeunes où il empile les trophées. Ses performances attirent les grands d’Europe. Le FC Barcelone et la Juventus se renseignent, mais c’est le Borussia Dortmund qui remporte la mise après seulement cinq matchs disputés au sein de l’équipe première de Boca Juniors, dont deux partagés avec Dario Benedetto, artisan de sa récente venue à l’OM. « Les grosses équipes se sont intéressées à lui parce que, à son âge, c’est déjà un joueur très complet », explique Fernando Batista, qui en a fait un élément essentiel des sélections U20 et U23 de l’Argentine. « Il est grand(1,87m)et très rapide. Il a une belle qualité de passe pour casser les lignes. Il peut jouer à gauche et à droite, mais aussi proche des milieux de terrain. Il est très habile pour sortir avec le ballon et il se déplace, comme on aime bien ici, avec la tête toujours levée. » Une élégance soulignée par tous, dont Leandro « Tato » Aguilera, journaliste à Tyc Sports, qui suit l’actualité de Boca Juniors et de l’Albiceleste depuis près de vingt ans : « C’est un joueur très fin qui me fait penser à Juan Simón (défenseur central argentin finaliste du Mondial 1990, joueur de l’AS Monaco de 1983 à 1986 et du RC Strasbourg de 1986 à 1988, N.D.L.R.). Il est physique, mais sans être agressif comme Otamendi. »
Le sélectionneur argentin l’adore
Un style surtout apprécié par le sélectionneur de l’Albiceleste. Depuis 2018 et un tournoi international U20 gagné et partagé ensemble en Espagne, Lionel Scaloni, devenu entre-temps patron des A, est littéralement tombé sous le charme de Balerdi. Après un rôle de sparring auprès de la bande à Messi pendant le Mondial russe, le technicien en a désormais fait un habitué de l’équipe nationale (deux sélections contre le Mexique et l’Équateur en 2019, convoqué lors de trois des quatre derniers rassemblements).
Avec un collègue de travail
Alors quand son protégé ne joue pas ou peu en Allemagne où il peine à s’adapter, l’entraîneur s’agace publiquement. C’était en mai dernier. « Balerdi a écouté Scaloni » , titrait ce mercredi le quotidien sportif Olé en Argentine pour justifier le transfert à Marseille. « Le sélectionneur croit beaucoup en lui. Il peut devenir un titulaire à l’avenir. Même s’il ne joue pas, il le veut lors des rassemblements, affirme Batista. Cette première année en Europe lui a fait franchir un palier malgré le faible temps de jeu. Leo a une personnalité très forte et beaucoup de caractère. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il va pouvoir jouer davantage à l’OM. »
Désormais loin de la froide Rhénanie du Nord, mais toujours accompagné de sa famille (son père, sa mère et son frère de 15 ans) qui l’accompagne depuis son départ d’Argentine, Leonardo Balerdi espère véritablement lancer sa carrière européenne en France. « Il m’a appelé avant d’aller à Marseille pour me demander mon avis, s’émeut Diego Mazzilli, l’homme qui l’a découvert à Boca. C’est un garçon humble, respectueux, bosseur, qui n’oublie pas d’où il vient. Si on lui donne sa chance, je peux vous assurer qu’il va en profiter. Je lui ai dit : « Tu as vu le public de Marseille ? » Avec Benedetto et cette ambiance, ça va lui rappeler l’Argentine, c’est sûr ! »
Par Georges Quirino-Chaves, à Buenos Aires
Tous propos recueillis par GQC