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Marseille, jeune et jolie
Après avoir officialisé il y a quelques mois les signatures en pro de Maxime Lopez et Boubacar Kamara, l'OM a offert un contrat cette semaine à Yusuf Sari et Christopher Rocchia, qui fait d'ailleurs partie des 21 joueurs retenus par Rudi Garcia pour le déplacement de ce soir en Turquie à Konyaspor. Oui, le centre de formation marseillais a enfin une utilité.
Le 18 juin 2016, Bilal Boutobba annonce qu’il quitte officiellement l’Olympique de Marseille pour rejoindre la réserve du FC Séville, qui s’apprête à évoluer en D2 espagnole. Avec un premier match en décembre 2014 à 16 ans et trois mois avec les pros – le record de précocité pour le club phocéen – et les louanges d’un certain Marcelo Bielsa, le minot avait pourtant tout pour devenir la fierté du peuple marseillais. Mais entre-temps, Marcelo Bielsa est parti, Boutobba, jugé trop jeune, a quitté le groupe pro et n’a pas joué la saison suivante. Résultat, il refuse de signer un contrat professionnel avec l’OM et attend sagement de pouvoir partir en Andalousie. Un an et demi plus tard, même si Boutobba est loin d’avoir percé à Séville pour l’instant, Marseille ne veut plus revivre un tel échec avec un jeune de la maison. Voilà pourquoi mercredi, le club phocéen a officialisé la signature de Yusuf Sari et Christopher Rocchia.
Je suis très heureux d’officialiser mon premier contrat pro avec l’Olympique de Marseille un club unique et le club de ma ville. pic.twitter.com/HN4R097T8Q
— Christopher Rocchia (@ChristoRocchia) 22 novembre 2017
Génération Gambardella
Depuis le départ forcé de Patrice Évra dans les circonstances que l’on connaît, l’OM est en difficulté au poste d’arrière gauche. Derrière Jordan Amavi, Henri Bedimo est cramé, tandis que Boubacar Kamara et Dória ne sont pas à l’aise dans ce poste qui n’est pas le leur. Pas grave. Derrière, il y a un jeune qui pousse. Christopher Rocchia, 19 ans, latéral gauche de formation, n’a montré que des bonnes choses lors de la préparation de par son profil offensif. Il est donc logique que l’OM lui fasse signer son contrat professionnel et lui donne plus de confiance pour compenser le départ prématuré de Tonton Pat’. Mais attention, l’OM n’a absolument pas l’intention de miser sur les jeunes uniquement pour combler les vides.
En atteste la signature de Yusuf Sari, ailier droit de 19 ans également, qui compte une minute de jeu en Ligue 1 au compteur. Rocchia et Sari, ce sont deux jeunes de la génération 1998, la même que Boubacar Kamara, finaliste de la Coupe Gambardella au printemps dernier. C’est un fait. Depuis quelques mois et la prise en main de Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud, l’OM, souvent raillé pour son centre de formation tout naze, promeut de plus en plus de jeunes : Maxime Lopez, puis Boubacar Kamara et maintenant Christopher Rocchia et Yusuf Sari sont ou vont être voués à être des hommes à part entière de l’effectif professionnel. Maintenant, même s’il faut batailler fort, comme pour Kamara, Marseille est prêt à faire des concessions.
Volonté politique
Si l’OM se met à sortir des joueurs de complément pour son groupe pro, du jamais-vu, ce n’est pas le fruit du hasard. Et ce n’est même pas le fruit d’une génération exceptionnelle. C’est grâce à un travail de longue haleine et à la volonté de la nouvelle direction de reconnecter l’OM à ses jeunes. Depuis qu’il est en poste, Jacques-Henri Eyraud fait la tournée des clubs de la région et s’adresse aux jeunes en leur agitant les exemples de Lopez et Kamara. Histoire de leur faire comprendre que l’OM fait désormais confiance à ses minots, pour qu’ils ne filent plus dans d’autres centres de formation.
Mieux, Marseille joint les actes à la parole. L’équipe réserve de Marseille est de loin l’équipe la plus jeune de CFA. L’entraîneur David Le Frapper, débauché à Valenciennes en 2016, a ainsi installé quatre gamins nés en 2000 en tant que titulaires cette saison. Le message est clair. L’OM ne veut plus se contenter d’attendre un Nasri ou un Ayew qui tombe un peu par hasard tous les cinq ans. Le but : sortir régulièrement quelques jeunes capables de se fondre tranquillement dans l’effectif, pour éviter de devoir aller chercher un latéral brésilien qui n’offre pas plus de garantie. Promouvoir les Kamara plutôt que les Dória.
Par Kevin Charnay