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Marseille et le cycle court
Jacques-Henri Eyraud l'a confirmé : l'équipe marseillaise est en fin de cycle. Si l'effectif finaliste de la Ligue Europa la saison dernière n'a pas bougé depuis, il risque d'être complètement chamboulé dans quelques mois. Un virage serré qu'il va falloir bien négocier.
« On arrivera probablement au bout d’un cycle dans quelques mois, où il y aura des départs. » La phrase, même si elle ne surprend pas vraiment, a le mérite d’être lâchée. Dans un long entretien accordé au Dauphiné Libéré, entre explications sur la course à l’Europe, la relation avec les supporters, Rudi Garcia, Mario Balotelli, la fin de saison, le centre de formation et les finances du club, Jacques-Henri Eyraud a confirmé succinctement que l’équipe marseillaise était bel et bien en fin de cycle. Si, dans la suite de l’entretien, le président de l’OM assure « ne pas vouloir faire de commentaire sur le mercato qui vient » , cette petite phrase aura bien suffi à faire comprendre une chose : il y aura une vague de départs l’été prochain. Et donc, il va falloir se reconstruire après deux saisons consécutives passées avec un effectif quasiment inchangé.
190 millions dépensés en deux ans
Quand Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud débarquent à la tête de l’OM en octobre 2016, le club est dans le trou. Marseille sort d’une saison catastrophe à trois entraîneurs (Bielsa, Passi, Michel, puis encore Passi) assortie d’une treizième place. Alors autant dire qu’il faut recruter du lourd et tout de suite. Ce sera Rudi Garcia sur le banc pour lancer une nouvelle aventure, et des hommes d’expérience sur le terrain pour avoir des résultats immédiatement. En six mois, Steve Mandanda, Dimitri Payet, Adil Rami, Patrice Évra, Luiz Gustavo et Aymen Abdennour (quatre finalistes du dernier Euro ainsi qu’un vainqueur de la Ligue des champions) arrivent à Marseille pour former le nouvel OM. Certains choix ont payé, d’autres non. Mais quoi qu’il en soit, au vu de l’âge de ces recrues, il était certain qu’ils étaient là pour remplir une mission de deux ou trois ans maximum. Et aujourd’hui, ça va faire deux ans qu’ils sont à l’OM (sauf Évra bien sûr).
Si l’on ajoute à ces joueurs qui arrivent au bout de leur courte mission d’autres éléments qui sont au club depuis maintenant un bon bout de temps (Thauvin, Sarr, Ocampos, Rolando…), ça commence à faire beaucoup d’hommes en fin d’aventure dans cette équipe. Car pendant que l’OM achetait tous ces nouveaux joueurs, l’OM n’en a pas vendu. À part Zambo, Marseille n’a signé aucune grosse vente pour renflouer ses caisses et dégraisser de la masse salariale. « Par définition, nous n’étions pas en situation de céder des joueurs pour équilibrer nos comptes.(…)Et on a dépensé 190 millions d’euros en deux saisons, ce qui est plus que ce qu’a dépensé l’Olympique de Marseille en huit saisons » , rappelle JHE. Et à partir de cet été, il va falloir équilibrer les comptes en se mettant à vendre, le déficit de l’OM étant de 78,5 millions d’euros.
Prendre des risques
La saison prochaine, le « Champions Project » va donc devoir entrer dans une nouvelle ère. Maintenant que le club tient debout et semble plus stable malgré les quelques secousses de ces dernières semaines, il va falloir prendre plus de risques. Fini les gros transferts de joueurs confirmés au salaire imposant pour être efficace tout de suite, il va falloir se pencher sur de jeunes joueurs à fort potentiel (dans l’esprit du recrutement de Radonjić et Ćaleta-Car). Et c’est surtout dans ce nouveau cycle qu’Andoni Zubizarreta doit intervenir de manière significative. Mais pour ne pas tomber dans une saison de transition un peu moyenne l’année prochaine et raviver l’agacement des supporters, il faudra deux choses. Ne pas se tromper dans les recrues qui devront remplacer des joueurs très importants, et bien choisir les quelques cadres à garder pour ne pas complètement repartir de zéro. En tout cas, une chose est sûre, une qualification en Ligue des champions faciliterait forcément ce changement de cycle.
Par Kevin Charnay