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Marseille : du rififi chez les hommes
Une famille qui se déchire à Marseille devant les yeux ébahis de la France. Ce n'est pas Plus belle la vie, c'est juste la vie de couple compliquée de Marcelo Bielsa et de Vincent Labrune. Auteur d'une sortie remarquée hier, le coach argentin a mis le feu à sa maison, mais pour le moment, son bébé, l'OM, se porte plutôt bien...
« Fiston, tu peux demander à ta mère de me passer le sel ? » / « Ma fille, tu peux dire à ton père de me servir un verre de Pic Saint-Loup ? » On peut avoir un coup de cœur justifié pour le vignoble du Languedoc-Roussillon quand, à table, l’ambiance est pourrie entre papa et maman, les enfants ne savent pas trop où se mettre. Le problème, à Marseille, c’est que Marcelo Bielsa et Vincent Labrune sont les Brad Pitt et Angelina Jolie de l’adoption en matière de football français : ils ont une tonne de mômes inquiets dont la plupart ne sont pas à eux. Ce jeudi soir, une fois encore, les supporters phocéens ont vu le bateau parental tanguer. Une nouvelle fois, c’est papa Bielsa qui a tiré sur maman Labrune. Mais il faut dire qu’après avoir quitté José, son amant de toujours, maman avait promis d’être sage. De ne pas en faire qu’à sa tête. Labrune avait même fait des promesses à Bielsa. Un homme pour qui, apparemment, le linge sale ne se lave pas en famille, mais devant la presse, au grand dam de la responsable presse de l’Olympique de Marseille, dont la photo a fait le tour du web ce vendredi matin. Le nerf de la guerre entre Marcelo et Vincent ? Des promesses non tenues, essentiellement. Des conseils non suivis, également. Le paradoxe, c’est que dans le même temps, leur bébé se porte plutôt bien. Auteurs de leur prestation la plus aboutie de la saison le week-end dernier face à Nice, les joueurs assistent impuissants au conflit. Parmi eux, certaines recrues, « pas désirées » par Bielsa, ont dû prendre un petit coup au moral. Le problème pour Labrune et l’avantage pour la santé générale de l’OM, c’est qu’en l’état actuel des choses, le Loco est seul capitaine à bord.
Des mensonges et des missiles
Se faire martyriser par un type en jogging assis sur une glacière, généralement, ça arrive au camping ou au boulodrome, autour d’une partie de pétanque. Voir un employé se payer son patron en public, ça n’arrive presque jamais, à part dans la pub « au revoir, au revoir président » pour la loterie nationale. Pour toucher le jackpot, Vincent Labrune a tout misé sur son nouveau coach. Marcelo Bielsa était ce médecin capable de soigner un patient en phase terminale qui a tout tenté jusqu’ici. Comme souvent dans ce cas-là, une fois qu’on a remis son sort entre les mains du sauveur, on doit le suivre jusqu’au bout. C’est pour cela que le président de l’OM, actuellement en vacances, s’est contenté d’une timide réaction, évoquant « le personnage Bielsa » et une explication prochaine avec son coach. Le mitraillage à l’AK-47 de l’Argentin, lui, semble plutôt prémédité. La presse était initialement convoquée pour évoquer le match amical face à Arles-Avignon. Évidemment, ce ne sera jamais le cas. Comme si rien ne pouvait se passer dans la sérénité à Marseille, alors que le sportif est au beau fixe depuis une quinzaine de jours, le climat se détériore jour après jour. Hier, Bielsa a d’abord dressé un bilan négatif du mercato phocéen. « Le bilan de ce marché est négatif, je crois que le président m’a fait des promesses qu’il savait intenables. J’ai appris la vente de Lucas Mendes au dernier moment. J’ai appris l’achat de Dória le lundi après-midi alors qu’il arrivait pour la visite médicale. Je me suis opposé à son arrivée. Je n’ai pas pu donner mon opinion. Le président m’avait aussi promis qu’on n’allait pas l’engager, car l’OM n’a pas la structure suffisante pour évaluer la qualité d’un joueur qui ne joue pas en France ! J’ai proposé douze options et aucune ne s’est concrétisée. »
Bielsa, la bougeotte et les précédents
Des propos fous qui sortent de la bouche d’un passionné, d’un génie, mais aussi d’un instable. On le savait le jour même de sa signature : Marcelo Bielsa ne prend jamais racine. Il y a quelques années déjà, Fernando Molinos, alors directeur sportif de l’Espanyol Barcelone, avait été chercher l’Argentin avant de se prendre la tête à de nombreuses reprises avec lui. Après une poignée de matchs amicaux et quelques journées de Liga, el Loco, sollicité par la sélection argentine, se faisait licencier par Molinos, agacé par la situation. Vincent Labrune, lui, ne devrait pas appuyer sur le bouton rouge. Toujours est-il qu’il devient urgent qu’il s’enferme dans un bureau avec Bielsa comme le Loco l’a fait par le passé avec des joueurs qui remettaient son autorité en cause. Éradiquer les problèmes entre les parents pour ne pas que le môme, qui se porte bien, en souffre. Droit dans ses bottes, comme toujours, Bielsa a d’ailleurs tenu à préciser que peu importe les conditions de travail et ce qu’il en pense, il assumerait son rôle de patriarche. « Si j’ai pensé partir ? Non, j’assume tous les résultats sportifs. Je suis satisfait avec ce groupe et content de le faire. Je vais assumer avec joie et optimisme le challenge qui est devant moi. Mais le mode de fonctionnement du club me déçoit. » Le fonctionnement de son onze, lui, est plutôt satisfaisant. Et ça, quoi qu’on en dise, c’est tout ce qui compte pour Marcelo. Interrogé pour le bien de son portrait dans le numéro 119 de SoFoot, en kiosque ce vendredi, Roberto Luqui, ami de la famille, le sait mieux que quiconque : « On le traite de fou, de taré de génie. Parce qu’on ne peut pas le comprendre. L’être humain aime la gloire, l’argent, les éloges, l’admiration. Lui, non, il aime juste le football. » Les supporters peuvent se rassurer. Peu importe les relations entre papa et maman, au moment de mettre les pieds sous la table au Vélodrome, il y aura à manger.
À lire, le numéro 119 de So Foot.
Par Swann Borsellino