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Marseille doit-il tout changer ?
Toute la défense, plus un nouveau gardien haut de gamme, un numéro 9 de classe internationale... Avec les ambitions de Franck Mc Court, Marseille se prend à rêver d'un recrutement XXL cet été. Mais pour mener à bien ses ambitions, l'OM doit-il tout changer, ou simplement ajuster ?
« Pour faire clair, cet effectif a été fait en dépit du bon sens. On a beaucoup trop de défenseurs centraux et il y a des postes où l’on n’est pas couvert. » Rudi Garcia n’a pas été tendre avec ses prédécesseurs en conférence de presse. Arrivé en mars, l’ancien technicien de Lille et de la Roma n’hésite plus à dire que son groupe est bancal. Sans forcément pointer les niveaux individuels, se focalisant sur les déséquilibres collectifs. Difficile de lui donner tort, sinon de pointer un mercato d’hiver où le nouveau riche de la Ligue 1 a essentiellement recruté là où il semblait le mieux équipé, au milieu, avec les arrivées de Morgan Sanson et Dimitri Payet. Deux investissements sur un espoir du football et une figure de proue haut de gamme pour l’OM Champions Project, ce n’est pas forcément à perte. Mais le constat est clair à l’approche de la dernière ligne droite du championnat : avec cet effectif-là, Marseille ne pourra pas monter beaucoup plus haut, et va devoir travailler d’arrache-pied cet été. Les différentes rumeurs parlent d’un ravalement de façade en défense, de l’arrivée de Rui Patrício pour suppléer Yohan Pelé, de bonne volonté mais limité, ou encore du recrutement d’un avant-centre de niveau mondial… Quatre recrues minimum à attendre, et peut-être une équipe type complète à refaire. Dans un contexte normal, une telle révolution aurait de quoi inquiéter pour d’évidentes questions de cohésion. À Marseille, elle pourrait au contraire rappeler le doux souvenir de la période Tapie.
Marseille, comme le Monaco de 2013 ?
Arrivé en 1986, l’homme d’affaires avait rapidement mis les choses au clair : avec lui, c’est gros frisson chaque été. Pour son premier marché estival, il débauche onze joueurs, dont quelques pointures : Alain Giresse (Bordeaux), Jean-Pierre Papin (FC Bruges), Jean-François Domergue (Toulouse) ou encore Karlheinz Forster (Stuttgart). Résultat, l’OM termine à la seconde place du championnat et entame le plus grand cycle de son histoire, à raison d’une moyenne de neuf recrues par intersaison. Sur le plateau de TF1 après une soirée européenne victorieuse, Tapie avait répondu « ne pas savoir faire autrement » que de tout chambouler à chaque mercato. Si la méthode a fonctionné dans les années 80, il n’est pas assuré qu’elle puisse également servir l’OM de 2017 sur du moyen terme, la cohésion collective étant devenue la condition sine qua non de toute grande équipe qui se respecte. Mais pour une « relance de marque » – si l’on parle image – ou tout simplement une relance sportive dès juillet, l’OM de Garcia pourrait s’inspirer du Monaco de Claudio Ranieri. À l’été 2013, le club de la Principauté, fort des investissements du futur divorcé Dimitri Ribolovlev, avait profité de son retour en Ligue 1 pour renouveler quasiment tout son attirail : seize recrues, dont quelques poids lourds tels Radamel Falcao (Atlético de Madrid), James Rodríguez (Porto) ou encore Jérémy Toulalan. Sans oublier l’éclosion de Layvin Kurzawa, promu de la réserve à l’équipe première pendant le stage d’avant-saison, ou les progressions éclair de Fabinho et Martial… Un recrutement massif qui a porté ses fruits, mais implique aussi un gros déchet, Borja, Isimiat-Mirin ou Nacer Barazite ayant quitté le club depuis sans avoir jamais justifié leurs arrivées respectives.
Une grande braderie estivale à Marseille ?
Marseille devrait donc se positionner l’été venu avec une posture comparable : ambitieux comme un candidat à l’Europe, mais humble comme un simple promu. Un promu riche qui va devoir faire le ménage dans ses rangs, quitte à organiser une grosse braderie pour écouler ses Hubočan, Dória, Fanni et Machach, sorti des écrans radars depuis décembre, et se poser les questions des recrutements définitifs ou non de Vainqueur et Gomis. Dans toute cette revue d’effectif, la direction phocéenne va cependant devoir faire attention à bâtir sur les meilleurs éléments pré-McCourt, à savoir Florian Thauvin, Maxime Lopez, et éventuellement le grand espoir Boubacar Kamara, dont l’intégration progressive avec l’équipe première sera un enjeu de crédibilité pour le nouveau projet. Car on nous a promis un OM ambitieux, mais aussi formateur, à l’image du FC Barcelone. Le nouveau proprio a aussi averti qu’il voulait en priorité recruter français, histoire de prendre le contre-pied du PSG, ce qui pourrait faciliter l’intégration des nouvelles têtes. Entre un gardien, un latéral droit, un défenseur central, un milieu récupérateur – si Vainqueur s’en va – ou le fameux avant-centre de classe mondiale qui ferait se lever le Vélodrome, le nouvel OM va avoir l’opportunité de montrer qu’il joint les actes à la parole de son boss. Mais la vraie priorité, ce sera la qualité plus que la quantité…
Par Nicolas Jucha