- Ligue 1
- J27
- OM-PSG (0-2)
Marseille, désespérante impuissance
Même en supériorité numérique, Marseille n’a jamais réussi à faire trembler le PSG. Preuve que cette équipe n’avance pas et reste encore à des années-lumière du très haut niveau.
Il planait dans l’air marseillais ces derniers jours un drôle de sentiment. Celui de s’avouer presque déjà vaincu, à l’orée d’un Classique sur le papier déséquilibré, malgré du mieux aperçu depuis l’arrivée de Jean-Louis Gasset. La défaite à Rennes a remis en lumière les limites d’un effectif mal bricolé, avant que celui-ci ne devienne encore plus amoindri pendant la trêve, les bobos se multipliant du côté de la Commanderie. Il n’y a donc pas eu de miracle au Vélodrome, ce dimanche, Paris a encore remporté le Classique (0-2), et un autre sentiment a fini par gagner l’enceinte marseillaise : celui de l’impuissance.
En supériorité numérique mais inférieurs en tout point
L’atmosphère avait pourtant changé au fil d’une première mi-temps où l’espoir était permis. Marseille se battait, avec ses armes et ses limites, et était loin d’être ridicule face à un Paris timide. L’expulsion assez lunaire de Lucas Beraldo venait alors en remettre une couche : et si c’était le soir pour rêver ? Sauf que l’OM n’a jamais bien géré ses matchs en supériorité numérique cette saison – ni à Metz, ni contre Monaco, ni à Brest –, et il n’y avait pas de raison apparente pour que ce soit le cas cette fois. Certes, Paris a reculé en étant à dix, mais jamais Marseille n’a réussi à faire vaciller un Gianluigi Donnarumma XXL. Ou peut-être une fois, lorsque Jordan Veretout était à l’affût pour envoyer une mine sur un second ballon et ainsi faire trembler les filets et tout le public marseillais avec. Avant d’être refroidi par l’arbitre, pour une position de hors-jeu de Luis Henrique. Le reste était une multiplication de situations dangereuses, lors desquelles les Olympiens ont cruellement manqué d’un esprit tueur. Où était Pierre-Emerick Aubameyang ?
Le constat est d’autant plus terrible que de l’autre côté, Paris ne s’est pas procuré un tas d’opportunités (seulement 8 tirs dont 3 cadrés pour le PSG, 22 dont 10 cadrés pour l’OM), Kylian Mbappé est passé à travers son dernier Classique, et pourtant, ça fait 0-2 au bout. « On avait une consigne à la mi-temps, celle de ne pas perdre des ballons bêtement et surtout en contre, car cela va très vite devant. C’est ce qui nous a fait mal ce soir. Ils ont deux contre-attaques et ils marquent deux buts. Et nous, on n’arrive pas à marquer. Je suis déçu, mais on a fait un match où on les a regardés dans les yeux », a réagi Veretout, presque dépité. Il y a de quoi l’être, en tout cas : Marseille n’a plus battu Paris au Vélodrome depuis 2011 en Ligue 1, et pire encore, n’a plus marqué le moindre but en championnat à domicile contre le PSG depuis cinq rencontres, Florian Thauvin étant le dernier buteur en 2017.
Tout ça pour quoi ?
Pour l’OM, qui va désormais avoir un calendrier chargé (Lille, Benfica deux fois, Toulouse, Nice et Lens d’ici fin avril), il s’agit désormais de récupérer chaque élément le plus rapidement possible à l’aube d’un sprint final dont on ne sait trop quoi espérer. La Coupe d’Europe n’est qu’à trois points, un barrage en Ligue des champions est à sept longueurs, et il faut se dire qu’il n’y aura pas le PSG en face chaque week-end, mais ce groupe en a-t-il encore vraiment les ressources ? Au bout d’une saison éreintante pour tout le monde dans les Bouches-du-Rhône, et au cours de laquelle on a trop souvent vu le plafond de cette équipe, la moindre qualification européenne ressemblerait à un aboutissement inattendu. Un happy end qui n’enlèverait de toute façon pas cette cruelle et durable impression de déjà-vu sur ces Classiques, où l’OM semble trop loin et surtout incapable de bousculer le PSG quel que soit son état.
« Avant le match, je n’ai pas voulu me retrancher derrière les blessures, mais la trêve internationale a été terrible, Jonathan Clauss qui se blesse avec les Bleus au bout de dix minutes, Ismaïla Sarr touché avec le Sénégal. On avait quatre joueurs en reprise, on a passé cette semaine à les remplir. Ce matin, on a encore fait des essais pour savoir qui pouvait débuter. Gigot a été infiltré à l’épaule pour tenir le match, Balerdi pareil. Tous les centraux sont touchés. Pour Mbemba, si les examens sont litigieux, ça va être encore un casse-tête chinois pour les prochaines échéances. […] J’ai vu des joueurs abattus et fatigués, parce qu’ils ont tout donné. Le public ne s’est pas trompé. Si les joueurs gardent cet état d’esprit, on va faire une belle fin de saison », a, de son côté, lâché Gasset, qui veut encore voir le verre à moitié plein. Il faudra en tout cas réussir à régler la mire très rapidement. En attendant, un jour peut-être, de regarder Paris à nouveau dans les yeux.
Par Alexandre Lejeune