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Marseille, ce n’est pas grave docteur
En supériorité numérique pendant quarante minutes, et malgré une domination globale et un but d'avance, l'OM n'a pu faire mieux qu'un nul sur la pelouse du promu messin. Trois jours après la claque face au Panathinaïkos, Marseille confirme qu'il n'est pas guéri, mais pas vraiment malade non plus. Pour le moment.
Bouillant toute la soirée, Saint-Symphorien était en train de se vider calmement quand les remplaçants marseillais sont venus effectuer leur décrassage au pied du virage Est, sous la bronca des Horda Frenetik et quelques projectiles. Au pied du parcage visiteurs, ils n’ont toutefois pas eu à essuyer des sifflets venus de leur propre camp (comme mardi soir), ce qui aurait certainement été le cas si le public marseillais n’avait pas été interdit de déplacement. Car lorsque l’on s’appelle l’Olympique de Marseille et qu’on sort d’une déroute telle que celle vécue mardi face au Panathinaïkos, on se doit de vite remettre les pendules à l’heure. Encore plus sur la pelouse d’un promu, corrigé le week-end précédent à (5-1 à Rennes), et encore plus en supériorité numérique. Mais cet OM-là, affecté (ou infecté) par sa déconvenue européenne, n’en a pas été capable.
Des symptômes déjà vus mardi
Avant de découvrir Metz, Marcelino avait prévenu : « Il y a deux options : soit on s’écroule, on se plaint et on baisse les bras. Soit nous nous relevons et nous nous battons. C’est ce qu’on va faire ». Mais sur la pelouse de Saint-Symphorien, après trois petits jours de transition, les têtes olympiennes semblaient encore trop lourdes, comme pouvait le laisser penser le discours d’avant-match du technicien espagnol, qui n’avait pas hésité à parler de « deuil » : « Mercredi, il était trop tôt pour effacer les états d’âme. On a un peu parlé ensemble. Je leur ai dit que c’était le dernier jour pour être triste. Aujourd’hui, il faut travailler pour obtenir la victoire en championnat. C’est un jour nouveau ». Un jour nouveau qui avait finalement un goût de déjà-vu pour les supporters phocéens.
Car, comme contre le Panathinaïkos, l’Olympique de Marseille a dominé son sujet. Avec de nouveau une vingtaine de frappes, dont cinq cadrées, les Marseillais ont pensé avoir fait le nécessaire, notamment en première période. Sans oublier les têtes de Chancel Mbemba et Amine Harit qui ont fini sur les poteaux d’Oukidja en seconde, ni le but refusé à Vitinha à cause d’une faute d’Ismaïla Sarr. Même le diagnostic posé par le docteur Marcelino après la rencontre était un copier-coller de celui du Panathinaïkos : « Clairement, le match aurait dû pencher dans notre sens. On n’a pas eu l’aide de la VAR, on a manqué de chance. Metz en a eu sur son premier but.… J’ai rarement vu une équipe avec autant de malchance dans ma carrière. Le sort s’acharne un peu sur l’équipe. Mais on va rétablir la situation avec du travail. Ce n’est que le début du championnat. Nous sommes sur le bon chemin. La chance tournera ». Selon le technicien espagnol, il n’y a pas de raison de paniquer : l’OM est tout simplement atteint de « manquedechancite » aigüe.
Une semaine de convalescence
Cette explication, un brin simpliste et caricaturale, ne suffit néanmoins pas à justifier la nouvelle contre-performance de ses troupes à Metz. Lorsque l’on frappe 22 fois, pour cinq tirs cadrés, ce n’est plus seulement une question de chance, mais de réussite, et donc d’adresse. Interrogé sur le sujet, Marcelino a sorti une autre carte de sa manche, plus audible : la fatigue. « Je ne peux pas dire qu’elle a été déterminante dans le résultat, mais ça joue un rôle, c’est sûr », a expliqué l’Espagnol, qui a dû aligner onze joueurs un vendredi soir, seulement trois jours après le match européen, alors qu’aucun autre club français n’a joué cette semaine. Un choix qui pourrait interroger, si l’on oublie que cette décision a sûrement été prise en prévision du barrage de C1 que l’OM devait jouer la semaine prochaine… La malchance, la fatigue, voilà deux bonnes vieilles rengaines du football. Mais, pour le coup, difficile de contredire Marcelino lorsque l’on épluche les deux dernières sorties de cet OM. D’ailleurs, même l’adversaire du soir, László Bölöni, l’a reconnu, évoquant une « bête touchée par les Grecs », qui a été « plus forte dans le jeu » et qui « a mené la musique ».
Autrement dit, si les Marseillais souffrent en ce moment, et ne sont pas guéris de leur claque de mardi, cela ne veut pas dire qu’ils sont plongés dans une maladie à long terme. En prenant un peu de hauteur, on se rend compte qu’effectivement, entre les montants et les interventions de la VAR en sa défaveur, l’OM n’a pas été verni. Ismaïla Sarr et Jonathan Clauss n’ont pas été adroits, certes, mais si les centimètres avaient penché dans l’autre sens sur ces poteaux et recours à la VAR, les Marseillais auraient eu un tout autre début de saison. Difficile donc de tomber sur cet OM, souffrant mais pas en crise pour autant. D’autant que, cette fois, les Phocéens vont avoir plus d’une semaine pour se remettre d’aplomb et préparer la réception de Brest. Et puis, dans un passé pas si lointain, un début de saison à quatre points n’était pas si raté pour l’OM. Il fut même un temps où gagner chez soi et faire nul à l’extérieur, c’était le rythme du champion.
Par Adrien Hémard-Dohain, à Saint-Symphorien