- France
- Ligue 1
- 20e journée
- Sochaux/Marseille (3-1)
Marseille, capitale européenne de la caricature
On attendait l'OM pour la 110e édition du match le plus disputé de l'histoire de la L1. C'est tout le contraire qui s'est produit à Bonal, avec des lionceaux morts de faim et des phocéens engourdis froid qui ont affiché un piètre niveau.
Sochaux bat Marseille : 3-2Buts : Privat (18e), Bakambu (40e) et Morel csc (46e) pour le FC Sochaux-Montbéliard, J. Ayew (54e) pour l’OM
Si Benoit Cheyrou est un grand fournisseur de lieux communs lorsqu’il prend la parole en public, il n’en reste pas moins perspicace. Lorsque le milieu marseillais se présente en conf’ de presse dans la semaine, il concède que les conditions météo seraient une donnée à ne pas négliger en ce dimanche de prime time, le froid franc-comtois n’étant pas compatible avec l’ADN des Marseillais. Un cliché ? Que nenni. Il ne croyait pas si bien dire même, tant l’OM s’est glacé sur place à mesure que la neige est tombée sur Bonal. Un étonnant spectacle, excellent de coordination : plus les flocons affluaient sur la pelouse – lui donnant au passage un air de palette à Doudouce avec les traces des déplacements des joueurs et de circulation du ballon – et plus les Sudistes rataient, boitaient ou grimaçaient.
Marseille impuissant
Avec l’OM, la donne est simple à l’extérieur. Lorsqu’ils claquent le premier pion, les trois points mis en jeu tombent à chaque fois dans leur escarcelle. À l’inverse, si Steve Mandanda est le premier des deux gardiens à aller ramasser la gonfle dans ses filets, l’OM chute inexorablement, comme ce fut le cas à trois reprises depuis août 2012. Alors forcément, lorsque Sloan Privat profite d’un écran pour se défaire du marquage de Cheyrou et s’en aller couper de la tête un corner de Dias après un premier quart d’heure équilibré, on connaît la suite. La cinquième réalisation de la saison du meilleur buteur sochalien est synonyme de clap de fin. Car derrière, plus aucun pilote n’est recensé dans l’avion marseillais. Entre Jordan Ayew, que Julien Sertic aurait pu qualifier de « pas très chalant » , Jérémy Morel, à qui le ballon brûle les pieds, ou encore un Mathieu Valbuena qu’on avait rarement vu aussi transparent, Élie Baup s’est plus dépensé à s’exciter après eux.
Après l’ouverture du score de vaillants Lionceaux, qui auront fait dans le solide et non dans le brillant dans leur 4-5-1 comme l’avait souhaité Éric Hély, l’OM tente timidement de répondre par Gignac sur corner, puis Jordan Ayew. Sur cette action conclue par une frappe de U13 du Ghanéen, on comprend mieux pourquoi le sélectionneur ghanéen n’en a pas fait une priorité pour la CAN. Symbole de l’impuissance offensive du troisième de L1, cette double occasion à la demi-heure de jeu où Poujol le désorienté et Diawara en mode casque d’or manquent de peu tromper Pouplin-la-baraka. Forcément, en s’engouffrant dans l’entonnoir, les visiteurs se découvrent, ce dont profitent à merveille Bakambu et Dias sur leur côtés pour déborder. À la quarantième, à la suite d’un énième tampon de Morel, ce dernier cale un coup franc surprenant du bord de touche. Cadrée et puissante, sa frappe est difficilement boxée par Mandanda. Mais le chat n’est pas aidé par son back-four et Bakambu se mue en rebondeur pour marquer des six mètres juste avant la pause.
Jérémy Morel, l’homme en forme
Dès lors, la suite peut-elle être pire devant un tel merdier marseillais ? Évidemment, et il ne faut pas longtemps pour que l’ami Morel ne se plonge un peu plus dans son mutisme de persécuté des vestiaires. Sur un centre venu de la gauche que personne ne touche, le Bernardo du côté gauche olympien surgit tel APG pour clouer Mandanda sur place du genou. Trois à zéro, c’est cadeau. Sachant que l’ancien Lorientais est celui qui a touché le plus de ballon côté marseillais, vous appelez ça comment, vous ? Blessés dans leur orgueil, Barton et consorts se réveillent alors. Mais après un sauvetage sur sa ligne de la défense sochalienne, Simon Pouplin plie et rompt sur une lourde frappe du cadet des Ayew. Un but qui a le mérite de relancer le suspense d’une partie jouée dès la mi-temps. Et même un peu plus lorsque Lopy se voit contraint de rejoindre les vestiaires après deux avertissements, Nicolas Nkoulou trouvant même le poteau sur corner dans la minute suivante. Le siège du but sochalien pour la fin de match se précise.
Sauf que, malgré la tension palpable au sein de la jeune défense maison, l’OM n’y arrive pas. Entre les hors-jeu à répétition, un manque de justesse et une dose de malchance, comme sur cette occasion où André Ayew presse sans réussite à trois mètres du but, le troisième larron du trio infernal semble revenu un an plus tôt, embourbé dans sa folle série noire de douze défaites consécutives. Les seuls faits notables du dernier quart d’heure n’ont d’ailleurs rien à voir avec des occasions marseillaises, avec le télescopage général entre Pouplin, Diawara et Privat ou l’enchaînement à la Koji Nakata de Morel. C’eut été un bel épilogue sans l’arrêt du capitaine marseillais que les Sochaliens enfoncent le clou par Édouard Butin, de retour après dix mois d’absence. Mais qu’importe, le FCSM n’est plus relégable ce soir, léguant son siège à Évian. Mieux, le onze aligné par coach Hély a claqué trois buts à un prétendant au titre et ne constitue plus la dernière attaque de L1.
par Arnaud Clément