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Marseille, cap sur l’Europe

Par Adrien Hémard-Dohain, à Londres
5 minutes
Marseille, cap sur l’Europe

Après le naufrage de 2020-2021 sous le commandement d'André Villas-Boas (1 victoire, 5 défaites), l'Olympique de Marseille retrouve les eaux de la Ligue des champions, ce mercredi, sur les bords de la Tamise. De nouveau placés dans un groupe abordable, les Phocéens, qui commencent leur campagne face à Tottenham, veulent renouer avec les expéditions européennes qui font partie intégrante de l'ADN du club et en finir avec leur rôle de figurants.

Un blason à redorer. Ces dernières années, Olympique de Marseille et Ligue des champions rimaient davantage avec désillusion et humiliation qu’avec émotions. Le zéro pointé de 2013-2014 sous les ordres d’Élie Baup hante encore les mémoires. Tout comme la campagne désastreuse de 2020-2021 sous les ordres d’André Villas-Boas, qui avait amené le club à 13 défaites de rang en C1 avant un succès étriqué face à l’Olympiakos et une dernière place de groupe. Pour son retour sur la plus grande des scènes européennes, Marseille veut remettre les points sur les « i » et renouer avec son riche passé européen. Cela tombe bien : le hasard a de nouveau placé l’OM dans un groupe abordable avec l’Eintracht Francfort, le Sporting Portugal et Tottenham. C’est justement sur la pelouse des Spurs, sans Alexis Sánchez – suspendu -, que les Phocéens accostent ce mercredi pour la première escale de cette nouvelle croisière qu’ils entendent prolonger jusqu’au printemps.

Du gros poisson pour commencer

À Londres, c’est évidemment sous la pluie que la délégation olympienne a posé le pied mardi en fin d’après-midi, après un ultime entraînement à domicile, au chaud. Ce qu’Igor Tudor a justifié tout sourire : « C’était pour gagner du temps, mieux se préparer. Et puis Antonio est toujours présent, il aurait été là avec les caméras, donc on a préféré se préparer à Marseille… » Les Marseillais découvriront donc l’incroyable antre des Spurs, niché au bout d’une longue avenue du nord de Londres, quelques heures avant le coup d’envoi seulement. Un signe de confiance ? Pas vraiment, à entendre Pablo Longoria, lundi, en marge des présentations d’Amine Harit et Issa Kaboré : « On doit se qualifier chaque saison en C1, c’est l’objectif numéro un de la saison. L’objectif numéro 2, c’est d’y être à la hauteur. » Dès cette année ? C’est toute la question.

En mai dernier, avant même de sécuriser la deuxième place du club en Ligue 1, Jorge Sampaoli émettait des doutes : « Est-ce qu’on veut la Ligue des champions pour de l’argent ou pour être compétitif ? Si on veut la jouer seulement pour passer inaperçu, ce n’est pas logique. » La suite est connue : l’absence de garanties a poussé l’Argentin à claquer la porte au tout début de l’été, ce qui ne rassurait pas franchement sur la capacité des Marseillais a enfin bien figurer en Ligue des champions, compétition dont l’OM n’a plus réussi à se hisser hors des poules depuis onze ans, et le quart de finale perdu face au Bayern à la fin de l’ère Deschamps. Depuis, Marseille n’a pris part qu’à deux éditions en dix ans, et s’est contenté des étages inférieurs pour canonner sur le continent.

Mais bonne nouvelle : si tout va très vite dans le football, à Marseille le ballon rond évolue sur un rythme supersonique. Depuis le départ de Jorge Sampaoli, Pablo Longoria s’est agité dans tous les sens. Le président a d’abord attiré un chef de bord en vogue, plutôt qu’un nom ronflant en quête de relance comme le club en avait pris l’habitude, en la personne d’Igor Tudor. Malgré un été agité, le technicien croate a en plus la qualité de proposer un jeu qui colle parfaitement à la devise du club. Surtout, le président marseillais a fait ce qu’il sait faire : construire un groupe compétitif avec quelques écus. Résultats, l’OM a enregistré douze recrues avec une impression finale : celle que le groupe s’est étoffé tant en quantité qu’en qualité.

Un équipage en embuscade

La tête de gondole de ce mercato, Alexis Sánchez, sera certes suspendu pour ce premier match de C1, mais l’OM a enrôlé d’autres marins habitués à ces joutes pour lui permettre d’éviter un naufrage, à l’image de Jordan Veretout, Chancel Mbemba et Éric Bailly. Ajoutez à cela plusieurs cadres qui ont connu la déroute de 2020, et donc appris (Valentin Rongier, Dimitri Payet), et des internationaux (Matteo Guendouzi, Gerson, Ünder…), et vous obtenez un équipage prêt à en découdre, sabre à la main. « On est un grand club, qui doit être le plus haut possible. On doit passer les poules, ça n’est pas facile, mais c’est important pour donner une bonne image de l’OM », a ainsi prévenu Chancel Mbemba.

Une promesse aussi faite par Dimitri Payet, venu reconnaître le stade avec Igor Tudor à la veille du match : « Quand on réalise un début de saison comme ça, tout est ouvert. Le moral est bon. On a envie de continuer sur cette lancée. C’est une autre compétition qui commence, avec des adversaires redoutables. À nous de reproduire ce qu’on fait bien depuis le début de saison, et jouer notre chance, y compris ici. » Rescapé du naufrage de 2020, le Réunionnais a reconnu que l’équipe était alors « complètement passée à côté » et « n’était pas au niveau de la Ligue des champions ». Mais le numéro 10 marseillais « aspire à faire beaucoup mieux » dans « un groupe homogène ». Pour cela, les Marseillais, libérés de l’épée de Damoclès de la série de défaites consécutives en C1, pourront aussi de nouveau compter sur leurs supporters pour espérer imiter l’exemple lillois de la saison passée.

« Je suis content, je pense qu’après la saison dernière où l’on a vécu de belles choses avec notre public, qui a été à la hauteur des ambitions, et correct dans le comportement – il faut le souligner -, les voir ici demain c’est une belle récompense aussi pour eux. On fera ce qu’il faut pour les rendre heureux », a promis Payet. Pour le capitaine marseillais, qui a – comme son coach – rappelé que l’OM sortait du chapeau 4, l’objectif est simple : sortir de la poule : « La troisième place est un plan B. » Cela passe par un premier bon résultat à Tottenham, où les anciens Gunners de l’OM seront sans doute bien accueillis, sous les yeux de Joey Barton, attendu dans le parcage parmi les 1800 supporters marseillais. Dans ce stade dont les virages rappellent le mur du Signal Iduna Park, il faudra donner de la voix pour porter les Olympiens vers un premier exploit qui mettrait le navire olympien sur le bon cap. Et lui éviterait de mettre les voiles de nouveau trop tôt en Ligue des champions.

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