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Marseille, ça passe ou ça casse
Alors que l'OM voit le podium s'éloigner en Ligue 1, après quatre matchs sans victoire, les Phocéens ont l'occasion d'éclaircir un peu leur automne en s'assurant un avenir printanier sur le continent. Pour cela, il faudra battre Tottenham ce mardi en clôture de la phase de poules de C1, pour viser les huitièmes de finale. Ou arracher un nul conjugué à une victoire de Francfort face à Lisbonne pour être reversé en Ligue Europa.
L’OM est sur un fil. Reste à savoir si les hommes d’Igor Tudor vont tomber à l’issue des 90 minutes ce mardi au Vélodrome face à Tottenham. Et de quel côté. Trois scénarios sont à l’ordre du jour : battre les Spurs et s’assurer une place en huitièmes de finale de Ligue des champions, onze ans après l’épopée de 2011 jusqu’en quarts sous les ordres de Deschamps. Accrocher la bande à Conte – qui joue aussi son avenir européen -, et voir Francfort l’emporter dans le même temps face au Sporting, pour être reversé en Ligue Europa. Ou quitter la scène continentale si la soirée se déroule autrement. Voilà donc l’OM au pied du mur, avec son destin entre les pieds. Un scénario qui ressemble à celui qui entourait les Marseillais avant la double confrontation face au Sporting, et qui leur a réussi. Alors que la crise couve sur le Vieux-Port, Igor Tudor et ses ouailles seraient bien inspirés de retrouver le chemin de la victoire.
À la recherche d’un second souffle
La frustration strasbourgeoise à peine digérée (l’OM a été rejoint au bout du temps additionnel sur un bijou de Gameiro), les Olympiens doivent relever la tête. Car en face, Tottenham joue également son avenir dans ce groupe indécis. À l’aller, les Marseillais avaient tenu tête aux hommes d’Antonio Conte, avant de s’incliner les armes à la main, en fin de match, épuisés par leur infériorité numérique. Depuis, Tottenham souffle le chaud et le froid, avec 5 victoires, 4 défaites et 2 nuls en onze matchs. Surtout, les Spurs seront privés de leur coach, suspendu. Ce qui n’est pas sans réjouir Igor Tudor, ami de l’Italien : « Conte a un gros impact sur l’équipe pendant le match, donc c’est mieux qu’il ne soit pas là. Mais ce sont les joueurs qui jouent, pas lui. » Et notamment Harry Kane et Heung-min Son, dont la vitesse a de quoi faire trembler une arrière-garde marseillaise plus aussi imperméable qu’en début de saison, même si Éric Bailly sera bien de la partie.
Une bonne nouvelle pour Tudor, qui sent le mistral tourner depuis quelques semaines sur le Vieux-Port. Emmuré dans un positivisme à tout épreuve, le Croate préfère toutefois refaire les matchs à coups de « et si » à chacune de ses sorties. Dernier exemple samedi, à la Meinau : « La première mi-temps, on doit être à 5-0. Et même avec le 2-0, ça n’a pas suffi. Ce n’est pas une question de pressing ou pas de pressing. On doit tuer le match, c’est tout. Si on reste correctement derrière le ballon, l’adversaire ne peut pas mettre ces deux buts. » Et avec des si, on abat des forêts. Or, Igor Tudor n’a plus d’arbre derrière lequel se cacher, ni de branches auxquelles se rattraper. Le manque de réalisme de ses troupes est criant, tandis que son coaching, rarement inspiré, est de plus en plus pointé du doigt. Interrogé sur la question, le Croate a esquissé un début d’aveu : « C’est vrai qu’en général, nos remplaçants auraient pu donner plus. Pour le dernier match, Gerson et Touré ne m’ont pas déplu. » Avant, comme souvent, de dévier : On joue à 16, pas à 11, il ne faut pas l’oublier. Les joueurs, pas que les miens, ont du mal à l’assimiler. Les cinq changements ont changé le foot, avant on avait moins de possibilités. »
Au bon souvenir de 2011
Entre des titulaires à la recherche d’un second souffle, et des remplaçants peu concernés – ou en tout cas pas décisifs -, Igor Tudor et son staff se trouvent à un tournant. Ne pas donner de réponse devant la presse est une chose, mais le Croate doit en trouver sur le terrain. « Je trouve que l’équipe joue bien, même si les résultats ne sont pas là. On perd des points sur des détails », se borne-t-il à répéter pour le moment : « Ce sera un très beau match. Ce serait une belle récompense pour les joueurs de se qualifier. Il ne faut pas oublier qu’on était les outsiders de ce groupe, donc ce serait une belle opportunité de pouvoir se qualifier. » Tudor a toutefois soulevé un point : « Personne ne gagne des matchs avec l’envie seulement, il faut faire un match parfait. » Vu les dernières sorties marseillaises, il aurait pu ajouter faire le match parfait durant 90 minutes. Ce qui n’a pas été le cas face à Strasbourg, Francfort, Paris, Lens ou au Sporting. « On avait fait ce qu’il fallait pendant 75 minutes au moins pour repartir avec les trois points, et c’est d’autant plus frustrant quand on voit le résultat final », a ainsi reconnu, lucide, Dimitri Payet, samedi en Alsace.
Heureusement, l’OM pourra compter sur ses grognards pour afficher le tempérament nécessaire pour renverser Tottenham. À leur tête, Alexis Sánchez, confiant : « Je suis là pour réussir à marquer l’histoire du club, mes coéquipiers ont la même envie que moi. Je pense que c’est possible avec nos supporters. » Pour donner vie au rêve phocéen, le Chilien sera en première ligne, et pas seulement sur le terrain : « Mon expérience dans cette compétition m’aide surtout à avoir du calme, avant, pendant et après le match. Chacun aborde sa concentration différemment, mais c’est quelque chose que je peux apporter au groupe. » Les Marseillais peuvent aussi se souvenir du 6 décembre 2011. Ce soir-là, sur la pelouse du Signal Iduna Park, l’OM arrachait sa qualification en huitièmes de finale de C1 face au Borussia Dortmund de Klopp. Personne n’a oublié la remontada de 0-2 à 3-2 des Olympiens, et le bijou de Valbuena. Petit Vélo n’est plus là, mais l’OM joue cette fois son va-tout à domicile, face à un adversaire moins confiant que le champion d’Allemagne de l’époque. « On doit être fort dans nos têtes maintenant, parce que le match sera très dur. Tottenham sera une finale pour nous, salive Pau Lopez. Nous avons perdu les deux premiers matchs de C1, et personne ne nous voyait arriver là. On a une opportunité, cela dépend de nous. Il faudra faire le match parfait. » Ce serait un bon début pour espérer décrocher une première victoire en C1 devant son public depuis le huitième de finale aller de 2012 face à l’Inter, et à quelques jours d’une réception bouillante de l’OL au Vélodrome. Plus que son avenir européen, l’OM joue ce soir une bonne partie de saison.
Par Adrien Hémard-Dohain, à Marseille
