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Marseille-Bordeaux, presque un derby
Les Girondins, revigorés par deux victoires consécutives, s’apprêtent à défier l’O.M. au Vélodrome ce soir. Gonflés à bloc, les hommes de Francis Gillot s’y rendent sans peur, avec de grosses couilles, et l’envie de tout exploser. Et si Marseille avait l’allumette ?
Il fut un temps où les Marseille-Bordeaux sentaient la poudre ; c’était celui des eighties. Placés sous le signe de l’explosion, ces OM-Bx offraient un parfum particulier aux naseaux de la France du football. Aujourd’hui, si ça reste une affiche sonnante, au même titre qu’un grand classique de Ligue 1, ces matches puent l’ennui. Détrônées depuis les années ’90 par le diktat de la télé payante et du marketing à outrance, ces joutes endiablées pour la suprématie – nationale – Est-Ouest, ne sont plus. Ou presque plus, la faute au « classico » . Seuls les nostalgiques, au minimum trentenaires désormais, se passionnent encore un peu pour le fantôme et cochent sur leurs agendas, dès le mois de juillet, le rendez-vous du Vélodrome d’un côté, et de Chaban-Delmas, de l’autre. Les joueurs aussi, comme leurs entraineurs et staffs respectifs, savent que ce n’est pas tout à fait un match comme les autres. C’est toujours ça. Surtout pour ceux « passés par » , ou formés dans le sérail. Ainsi, les Carrasso, Chalmé, Marange, Planus, Saivet, Sané, Sertic, Traoré et Trémoulinas, ou les Diarra, Diawara, Gérard, Valbuena, avec les Frères Ayew (Minots), voire encore Kaboré, passé par la Gironde (Libourne), connaissent la rivalité séculaire, et cette saveur si spéciale qui agrémente l’attente et fait monter la sauce. Idem pour Deschamps et Stéphan, eux aussi passés par la capitale du Sud-Ouest.
Carlos Henrique, lui, parle même de « derby » , c’est dire. « On sait que ce match ne sera pas facile, et que tout le monde aura envie de le jouer et de le gagner, indique le découpeur bordelais. Comme c’est un derby, on se motive plus vite. Marseille est une bonne équipe, avec peut-être des individualités plus fortes, mais on a nous aussi une bonne équipe. » Foi de Brésilien, le défenseur central ne se dérobera pas sur les coups de 21h00 ! « Il y a des grands attaquants en face, mais j’espère être présent dans les duels, ce qui est mon point fort. Je ne suis pas là pour faire des gestes techniques, et je n’ai peur de personne » , ajoute-t-il, solide sur ses appuis. Comme dans tout classique historique, la pression monte. Mais le grand Carlos (1,90 mètres), la force tranquille bien pliée dans le sac de sport, sait qu’il peut être attendu au tournant face aux Rémy, Valbuena ou Ayew Bros, et « leurs grandes qualités » . Face à leurs provocations dans le jeu, voire en dehors, également. Mais le guerrier s’en fout pas mal. « Si j’ai peur qu’on me fasse disjoncter… Non ! répond-il, sûr de lui. J’ai pris peu de cartons rouges dans le championnat de France, et je pense que j’ai déjà l’’expérience pour ignorer ça et jouer avec la tête… Faut pas exagérer non plus ! »
Cette opposition entre le 7e du classement (OM, 24 points) et le 12e (Bx, 19), n’est donc pas si anodine dans les esprits. Francis Gillot, tuteur d’un groupe d’élèves en difficulté, le sait mieux que quiconque. « On s’attend à une chaude réception, à de l’impact physique, face à un Marseille en pleine euphorie, prévient le coach. C’est un vrai test. L’O.M. est évidement au-dessus sur une longue durée, avec beaucoup plus d’arguments que nous, mais sur un match, on peut les embêter. J’attends une équipe capable de confirmer. » Un groupe capable de confirmer les deux succès consécutifs obtenus à domicile face à Caen (2-0) et Nancy (2-0), et de réaliser la passe de trois, face à un adversaire reboosté par un succès retentissant chez le Borussia Dortmund (3-2), en C1. Et trop confiant depuis ? Peut-être. « Après un pic comme là (en Allemagne, ndlr), la difficulté, c’est de remettre le moteur en route, par rapport à ce qui nous attend samedi ; cela n’aura rien à voir avec mardi dernier, ni avec le PSG (3-0), explique Didier Deschamps. (… ) Bordeaux va beaucoup mieux collectivement, et devient plus performant qu’il ne l’était jusque-là. A nous d’être capables de négocier au mieux ce match et les deux suivants. » Alors, dans ce « derby » , qui n’est pas encore celui de la lose, le baril d’émotion reste sur le point d’exploser.
Par Laurent Brun, à Bordeaux