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Marseille au ralenti
Après un début de saison enthousiasmant, l'Olympique de Marseille a marqué le pas ces dernières semaines en empilant les résultats nuls, et souvent vierges. Contrairement à ce que l'on aurait pu présager, ce n'est pas la défense qui fait défaut à l'équipe dirigée par Jorge Sampaoli, mais bien l'attaque. Depuis quelques rencontres, le secteur offensif de l'OM est à la peine ; il fut même franchement impuissant face à Metz, ce dimanche. De quoi se poser de réelles questions quant aux capacités offensives de ces Marseillais.
C’était il y a tout juste deux mois, mais cela semble déjà faire une éternité. Dès la première journée de Ligue 1, un OM entreprenant retournait Montpellier après avoir été mené deux à zéro, au terme d’un match de feu. Depuis cette date, Marseille a bien joué, mais a lentement vu décliner son nombre de buts marqués par match ; tant et si bien que sur les six dernières rencontres, les Marseillais n’ont trouvé que quatre fois le chemin des filets, et n’ont remporté que deux de leurs onze dernières sorties. Bien malin celui qui aurait parié début septembre que Sampaoli et ses ouailles seraient les champions des 0-0 en Ligue 1 (3, à égalité avec Reims, sur 6 au total), quelques semaines plus tard. Du football offensif, décomplexé, prôné par l’incandescent Argentin, on n’a perçu dimanche dernier que les boulevards laissés à l’arrière, face à des Messins qui auraient très bien pu repartir avec les trois points, après avoir joué plus de 30 minutes à un de moins. Aucune trace, en revanche, de déséquilibre par le jeu, à mettre au crédit des Marseillais. L’impuissance offensive de cet OM a atteint un point de référence, ce week-end, mais est perceptible depuis déjà plusieurs semaines. Peut-être pas alarmant, mais pour le moins préoccupant.
Milik, secoue-toi
Il y en a tout de même un dont le retour dans le onze titulaire coïncide étonnamment avec la baisse de régime phocéenne ; celui d’ailleurs censé stabiliser le secteur offensif de l’OM, alors même que l’équipe manquait d’un numéro 9 de métier. Cet homme, c’est Arkadiusz Milik, auteur de deux petits pions depuis son retour aux affaires après sa blessure il y a six semaines. Le Polonais, dont le come-back a chamboulé toute l’attaque marseillaise, est encore loin de ses prestations de la fin de saison dernière, et son rôle dans le système de Jorge Sampaoli est encore flou. Sa relation avec Dimitri Payet sur le terrain est réelle, mais très largement perfectible ; et le temps de jeu conséquent que commence à avoir l’ancien du Napoli ne sera bientôt plus du tout une excuse pour justifier son manque de tranchant. Depuis son retour, l’attaquant n’a pas rendu une seule copie pleinement satisfaisante et n’arrive pas à donner du rythme à son équipe. Ce qui n’était pas un problème lorsqu’il n’était pas sur la pelouse en début de saison, étant donné qu’on mettait à sa place en faux 9 la plus aiguisée des armes offensives du moment à Marseille, Dimitri Payet.
Des plaies aux côtés
Mais ce cruel manque de rythme, le Polonais n’en est pas l’unique responsable. C’est le problème de toute une équipe, qui, si elle fait preuve de solidité, peine depuis quelque temps à se créer des occasions franches, autrement que par une accélération d’Ünder ou une géniale inspiration de Payet. Face à Metz, qui n’est pas cette année l’équipe la plus difficile à mettre en difficulté, les Marseillais se sont cassé les chicots sur des blocs en infériorité numérique, mais sérieux défensivement. Cela suffit pour museler cet OM. Le danger ne vient pas vraiment de l’axe – et surtout pas de Gerson lorsque celui-ci est sur le terrain, puisque chacune de ses prises de balle ralentit un peu plus le jeu -, où les milieux marseillais sont souvent esseulés. Mais il vient aussi rarement des côtés. Pol Lirola n’a pas retrouvé son allant de la saison dernière et voit même Valentin Rongier, nouvellement installé à un poste hybride entre milieu et latéral droit – et pas réputé pour son apport offensif -, lui grignoter du temps de jeu ; Luis Henrique ne convainc toujours pas ; Jordan Amavi n’est plus dans les petits papiers ; et Konrad de la Fuente n’arrive pas à faire sien ce couloir gauche, même si ses entrées en jeu apportent toujours leur lot de frayeurs sur le but adverse. Seul Cengiz Ünder parvient de temps à autre à se montrer menaçant, et cela au prix d’un important déchet technique.
Imprévisible, on a dit
Pourtant, l’OM est bien là. Pas au mieux, mais après tout invaincu en Ligue Europa, et à un point du dauphin lensois en championnat. Car sa défense tient le choc, et les occasions vendangées par les Messins ce dimanche ne doivent pas remettre en cause les bonnes prestations défensives des Olympiens. Troisième meilleure défense de Ligue 1, six buts encaissés sur les neuf derniers matchs, dont deux pas vernis face à la Lazio de Rome : finalement, cet OM ne marque plus, mais en prend encore moins, et c’était peut-être ce qui pouvait lui arriver de plus imprévisible. La trêve internationale arrive à point nommé ; les Phocéens ont deux semaines pour retrouver les chemins qui mènent au but, avant d’aller défier Lyon au Groupama Stadium.
Par Paul Citron