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OM : attention à l’atterrissage
La claque reçue lors du Classique face au PSG a sonné la fin des espoirs de titre de champion, à peine naissants, pour l'OM. Qu'importe, les Olympiens peuvent encore aller chercher la Coupe de France et un podium en Ligue 1. À la condition de vite se relever.
Après la contre-attaque violente du PSG menée par l’extraterrestre Kylian Mbappé, le retour sur terre a été brutal pour les habitants de la planète Marseille. Grand absent de cet OM-PSG, le Congolais Chancel Mbemba avait pris soin de lancer les hostilités après la victoire face à Toulouse : « On joue match par match pour gagner et pour regarder notre objectif. Oui, on pense au titre. On est obligés. Ça ne va pas être un match facile, mais on joue chez nous. On est obligés, on est obligés…» Sauf que l’OM s’est lourdement incliné 3-0, foudroyé par Mbappé. Résultat des courses : au lieu de revenir à 2 points des Parisiens, les Olympiens affichent maintenant un retard de 8 unités. Et même si les contre-performances de Monaco et Lens limitent la casse, l’OM ne doit maintenant plus regarder devant, mais derrière.
Mbappé m’a tuer
Derrière, c’est justement ce qui a pêché pour la troisième meilleure défense du championnat, d’habitude beaucoup plus imperméable qu’elle ne l’a été dimanche. La faute au tsunami Mbappé, qui s’est régalé des espaces laissés dans le dos du bloc marseillais, qui a payé cher son goût de l’abordage. « Mbappé a eu trop d’espaces parce que c’est un joueur d’une autre planète. C’est ça l’explication. C’est ça qui a fait la différence, avec la motivation de Paris aujourd’hui », justifiait Tudor après la rencontre. « Ils étaient très concentrés, ils ont énormément couru, comme je les ai rarement vus faire. Quand une équipe comme celle-là se présente avec cette motivation, c’est difficile. Si on compare avec le match de Coupe, la différence c’est eux, pas nous. Ce qui a changé, c’est ce qu’ils ont fait, leur façon de se comporter et leur numéro 7. » Formel, le Croate s’est voulu rassurant, s’évertuant à répéter que son équipe avait développé son jeu habituel, à son niveau, mais que l’adversité était tout simplement trop élevée.
Les explications du technicien marseillais valent ce qu’elles valent, mais toujours est-il que l’OM a pris un sacré coup derrière la tête en disant adieu à celle de la Ligue 1. Et ce, alors que les espoirs de titre, verbalisés par Chancel Mbemba, commençaient à peine à être assumés, pour la première fois depuis plus d’une décennie. Une claque d’autant plus violente qu’elle intervient au moment où l’on pensait l’écart le plus petit entre les deux rivaux, depuis l’arrivée de QSI au Camp des Loges. D’un côté, le PSG était présenté en crise, dans le doute, avec un Galtier sur la sellette et un fond de jeu proche du néant. De l’autre, on parlait d’un OM comme on en avait plus vu depuis l’époque de Didier Deschamps, certains avançant même que le cru 2022-2023 était plus savoureux que celui de 2009-2010, le dernier à avoir fêté un titre de champion sur le Vieux-Port. Mais la réalité a violemment rattrapé les rêves marseillais par le bras, pour les briser, tandis que les stars parisiennes ont subitement hissé leur curseur, au meilleur moment pour elles, au pire pour les Olympiens. Un bras pour freiner l’OM, un autre pour le gifler. Deux bras qui serviront au PSG en juin prochain pour soulever l’Hexagoal.
Des certitudes sur lesquelles bâtir
Deux jours plus tard, Marseille est toujours sonné par cet uppercut, aussi violent qu’une scène de Gomorra, avec d’ailleurs une punchline de Gennaro Savastano qui hantent les esprits phocéens : « Pour des gens comme nous les rêves n’existent pas. » Mais il est maintenant temps de relativiser cette défaite douloureuse, mais pas si surprenante. Car si les espoirs de titre en championnat se sont évaporés, c’est loin d’être le cas en Coupe de France, où l’OM s’est ouvert la voie en éliminant le PSG. À choisir, quel Classique était le plus important à gagner ? Quoi qu’il en soit, mercredi soir face à Annecy, et dans un Vélodrome à nouveau proche du guichet fermé (et qui fera tomber le record d’affluence pour un quart de finale de Coupe de France), les Marseillais auront l’occasion de repartir de l’avant comme il se doit avec un objectif : atteindre le dernier carré de la coupe, et viser la finale à Saint-Denis.
Pour cela, les hommes d’Igor Tudor peuvent s’appuyer sur quelques certitudes pour relever la tête. D’abord, ils ne croiseront pas des Kylian Mbappé à chaque rencontre. Surtout, malgré l’ampleur du score, ils n’ont pas manqué leur match face au PSG. Dominateurs autant que dominés, les Olympiens ont de nouveau regardé Paris dans les yeux, dimanche. La preuve : leurs 19 frappes, plus haut total sans marquer pour l’OM en L1 depuis août 2014 (22 tirs contre Montpellier), et les 2,7 xG non convertis. La faute notamment à Gianluigi Donnarumma, ce que tous les prochains adversaires de l’OM n’ont pas non plus. C’est d’ailleurs le meilleur total du gardien italien en carrière en la matière, pas de bol. En somme, si Marseille met les mêmes ingrédients d’ici la fin de saison, l’OM devrait bien participer à une seconde phase de poules de C1 consécutive, une première depuis plus de dix ans, et pourquoi pas lever la Coupe de France derrière laquelle le club phocéen court depuis 1989. Le tout après avoir regardé le PSG dans les yeux toute une saison, et l’avoir battu au Vélodrome pour la première fois depuis douze ans. Au regard de la dernière décennie de l’OM, on a vu pire comme rêve brisé.
Par Adrien Hémard-Dohain