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Marquinhos, un futur crack chez Zeman
Il s’appelle Marquinhos. Il a 18 ans. Il est brésilien. Depuis le début de la saison, il réalise des performances étonnantes du côté de la Roma. À tel point que Chelsea et le Barça se sont déjà penchés sur son cas. Un futur très grand ?
Lorsqu’il débarque pour la première fois à l’aéroport de Fiumicino, à Rome, au beau milieu du mois d’août, les tifosi de la Roma ont un moment d’hésitation. Parce qu’à vrai dire, Marquinhos, au premier abord, ne ressemble pas à grand-chose. Une tête d’adolescent qui n’a pas encore fini sa crise, avec de l’acné, un appareil dentaire et une coupe de cheveux hésitante. Même son nom suscite l’interrogation. Quelques mois auparavant, la Roma avait fait signer le Brésilien Marquinho. Voilà désormais Marquinhos. Et ce n’est pas comme si des dizaines de joueurs portaient le même blase au Brésil. Bref, une étoile filante de plus parmi tant d’autres ? Eh bien, pas vraiment.
De fait, tous ces doutes vont rapidement se dissiper. À partir du moment où il a été aligné comme titulaire par Zeman, le défenseur va mettre tout le monde d’accord. Sa première titularisation, le 7 octobre face à l’Atalanta, coïncide avec le premier match sans but encaissé par la Roma cette saison. Les prestations s’enchaînent, et le joueur de 18 ans s’impose déjà comme une valeur sûre de l’équipe romaine. À tel point que lorsqu’il est absent, son équipe prend l’eau. Exclu en fin de partie face au Milan AC, lors du dernier match de l’année 2012, il voit ses coéquipiers encaisser deux buts en deux minutes, alors qu’ils menaient 4-0. Suspendu pour le premier match de 2013, contre Naples, il assiste impuissant aux errances défensives de son équipe, qui perd 4-1. Déjà indispensable.
Un but encaissé toutes les 32 minutes sans lui
En l’espace de trois mois, donc, un joueur de 18 ans s’est imposé comme un titulaire quasi-indiscutable de l’une des meilleures formations italiennes. Cela n’est pas un hasard. Pourtant, il s’agissait là d’un véritable pari, puisqu’avant de débarquer dans la capitale italienne, le Brésilien n’avait disputé que six matchs officiels avec le maillot des Corinthians, son club formateur. Six matchs de championnat, avec seulement une victoire à la clef, contre Palmeiras (2-1). Marquinhos a également remporté la Copa Libertadores avec le Timão, mais sans avoir disputé la moindre minute lors de cette épopée. Il avait en revanche participé à la Copa São Paulo de Futebol Júnior avec l’équipe des jeunes. Une compétition que son équipe a remportée. À l’annonce de son départ, les supporters des Corinthians se sont rebellés. « J’ai tenté d’expliquer les raisons de mon départ aux supporters, qui avaient une grande affection pour moi » a-t-il annoncé, encore un peu ému, lors de sa première conférence de presse romaine.
Prometteur, le gamin. Certes. Néanmoins, les dirigeants de la Roma ont pris un véritable risque. Et les termes du contrat confirment qu’ils ne savaient pas vraiment où ils mettaient les pieds. Un prêt d’un an à 1,5 million d’euros, avec option d’achat à 3 millions, qui doit obligatoirement être appliquée si le joueur dispute au moins 8 matchs en Serie A, avec un minimum de 45 minutes par match. D’accord. Mais là, prendre des risques s’est avéré payant. Il y a véritablement une Roma avec et une Roma sans Marquinhos (qui se fait d’ailleurs appeler « Marcos » pour ne pas être confondu avec Marquinho). Avec lui sur la pelouse, la Roma a encaissé 18 buts en 1139 minutes, soit un but toutes les 63 minutes. Sans lui, la Louve en a encaissé 15 en 481 minutes, soit un toutes les 32 minutes. Le double, donc. Face à Naples, dimanche soir, la défense romaine, qui comptait pourtant le retour du très bon Leandro Castán, a laissé des boulevards à Cavani, notamment sur le côté généralement occupé par Marquinhos. Déjà indispensable, qu’on vous disait.
Chelsea en offre 28 millions
Forcément, un joueur si jeune, et qui réussit à s’adapter aussi vite au football européen, cela attire les convoitises. Deux clubs s’intéressent de près au défenseur brésilien, et l’un d’entre eux a même déjà formulé une offre. Il s’agit du Barça et de Chelsea. Pas dégueu. Les Blaugrana voient en lui l’héritier de Puyol, tandis que Chelsea doit s’occuper de la succession de John Terry. Il y a quelques jours, les Blues sont passés à l’offensive et ont formulé une offre de 28 millions d’euros. Oui, oui, 28 millions d’euros, une somme qui semble folle lorsque l’on sait que le PSG en a déboursé 42 pour faire venir Thiago Silva. Acheté 4,5 millions (1,5 + 3) en août, revendu 28 en janvier. On peut difficilement faire mieux en termes de bénéfice. Mais les dirigeants de la Roma ont refusé. Zeman tient à lui. C’est lui qui l’avait repéré il y a quelques mois, lorsque le joueur était le capitaine de la Seleção Under 17, et compte donc sur lui pour l’avenir.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il est actuellement le seul défenseur de 18 ans titulaire dans l’une des grandes équipes d’Europe. Son modèle ? « Thiago Silva, c’est le meilleur à son poste. J’essaie de regarder ses matchs pour m’inspirer de ses prestations, de ses gestes, de ses interventions » a-t-il expliqué. À Rome, plutôt que Thiago Silva, les tifosi de la Curva Sud préfèrent le comparer à deux illustres défenseurs brésiliens qui ont porté les couleurs giallorosso : Aldair et Juan. Néanmoins, repousser les offres va s’avérer difficile. Si Marquinhos continue sur sa bonne lancée, il risque d’être l’une des attractions du mercato estival. Il aura alors 19 ans, et toutes ses dents (peut-être même sans son appareil dentaire). La Roma a peut être trouvé là un diamant. A Zeman de le tailler et le polir.
Par Eric Maggiori