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Márquez à l’arrivée
La Coupe du monde 2018 fut donc son dernier tour. Après une riche carrière passée à rouler autour de la planète et à soulever des titres, Rafael Márquez raccroche. Juste avant ses quarante ans, et en laissant de nombreux souvenirs.
La vie est ainsi faite. On a beau repousser l’échéance, tenter de la remettre au lendemain, se mentir en confondant « plus tard » et « jamais » , les choses inéluctables qu’on redoute depuis longtemps arrivent finalement toujours trop tôt. Un jour d’été, par exemple, où le soleil brûlant la peau nous invite à prendre la nouvelle avec le sourire, sinon avec philosophie de bas étage. Ainsi donc Rafael Márquez raccroche les crampons. Empathique, le Mexicain a essayé de faire passer le gros morceau en douceur, évoquant d’abord sa décision il y a quelques mois et annonçant ensuite sa retraite internationale au bout d’un Mondial russe réussi (huitièmes de finale, deux entrées en jeu, une titularisation). La suite logique est donc arrivée en ce 22 juillet 2018, de manière aussi linéaire qu’irréversible.
Simplemente Gracias!! #4ctitud pic.twitter.com/zWb3Y6su8h
— Rafa Márquez (@RafaMárquezMX) 21 juillet 2018
L’officialisation de la fin de sa carrière est à la hauteur du bonhomme. Comme pour respecter son immense carrière qui l’aura vu disputer cinq phases finales en Coupe du monde (seuls Antonio Carbajal et Lothar Matthäus peuvent en dire autant) et devenir le premier joueur de champ titulaire dans cinq Mondiaux différents (personne ne l’avait fait jusque-là), Márquez a pris la plume et rédigé une longue lettre postée sur Twitter. Un hommage au ballon rond et tout ce qui l’entoure agrémenté de deux mots : « Simplement merci. »
Différent des autres
Que retenir de l’Américain de 39 ans, maintenant ? Tout et rien, tant on ne sait si la personnalité du Monsieur doit prendre le pas sur l’énorme curriculum vitæ du footballeur. Sa boucle géographique l’aura fait commencer (en 1996 !) et terminer à l’Atlas de Guadalajara, son club formateur où il a encore été aligné d’entrée à 21 reprises en 2017-2018. Une certaine idée de la fidélité. Bien entendu, c’est son parcours européen qui lui aura donné sa toute puissante légitimité. Recruté par Monaco en 1999 avec lequel il remporte le championnat français et une Coupe de la Ligue, Márquez impressionne. Solide, technique, élégant, déterminé, puissant… L’international – qui débute en sélection à seulement 18 printemps et en devient le capitaine à 23 – se distingue des arrières centraux rugueux dont la puissance physique incarne la qualité numéro un.
En toute cohérence, le FC Barcelone lui fait rapidement de l’œil. En Espagne, où il s’installe entre 2003 et 2010, Márquez connaît son apogée. En témoignent ses quatre Liga soulevées, son Mondial des clubs 2009 célébré, sa Coupe du Roi 2009 glanée et surtout ses deux Ligues des champions arrachées. Convaincant et convaincu, Rafael accapare une place à part, tant sur le terrain qu’en dehors. Durant l’épopée C1 de 2009, le défenseur croque par exemple dix rencontres sans jamais être remplacé.
La fin, très loin…
Mais voilà : l’année suivante, Márquez porte déjà trente balais sur le dos et ses jambes semblent moins fiables pour les traîner sur le long terme. Est-ce la fin pour lui ? Jamais de la vie. Curieux et toujours à l’écoute des nouveaux challenges, celui qui a parfois évolué au poste de milieu défensif avec une queue de cheval en guise de garanties se laisse tenter par les États-Unis. Cinquante matchs avec les Red Bulls New York plus tard, le natif de Zamora de Hidalgo rentre au pays et s’engage au FC León. L’ancien Catalan a assez donné au foot européen, se dit-on alors. Et son corps ne supporterait pas la découverte d’un nouveau pays, lui qui a déjà accumulé les bornes tout en sachant rester sérieux et performant.
Que dalle : le Hellas Vérone toque à la porte et y trouve un Márquez déjà muni de ses valises pour rencontrer l’Italie. Dernière échéance avant de retrouver son premier amour pour achever le cycle (en dépit d’histoires extra-sportives puantes). Et pour rendre grâce à un monde qu’il n’a absolument pas envie de quitter. Lui-même le concède volontiers : « Football, tu m’as tellement apporté que je ne pourrai jamais te rendre. Puisque c’est impossible de nous séparer, je serai toujours lié à toi. » Si l’inverse pouvait également être vrai…
Par Florian Cadu