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Marotta, les fesses entre deux chaises
L'arrivée imminente de Giuseppe Marotta au poste de directeur général de l'Inter pourrait faire beaucoup de bien aux Milanais. Surtout si le dirigeant est aussi inspiré qu'à la Juve, où il a passé huit ans avant d'être remercié en octobre dernier.
Pour la première fois depuis longtemps, il va s’asseoir dans les tribunes de l’Allianz Stadium de Turin en espérant voir la Vieille Dame glisser. À l’occasion de la quinzième journée de Serie A et de la visite de l’Inter dans le Piémont, Giuseppe Marotta sera dans les gradins. Sauf qu’en ce 7 décembre 2018, l’Italien ne fera pas partie du panier local, lui qui a officiellement rompu avec la Juventus en octobre dernier après avoir mal digéré les quelque 100 millions d’euros dépensés pour s’offrir Cristiano Ronaldo durant l’été.
La nouvelle avait été annoncée par le largué après une victoire contre Naples (3-1). Pourtant, l’aventure Juventus-Marotta avait tout de l’idylle, l’ancien directeur général, qui avait pris ses fonctions le 1er juin 2010, ayant même été élu meilleur dirigeant d’Europe par le World Football Summit Industry Awards.
Les signatures Pogba ou Pirlo
Il faut dire que Marotta n’a pas chômé durant son mandat, marqué par les nombreux succès de la Juve. Hasard ou pas, la Juve a retrouvé de la hauteur lors de son passage (sept championnats d’Italie d’affilée, alors qu’elle cavalait après une Serie A depuis 2003 ; quatre coupes nationales, ce que la Vieille Dame n’avait plus tripoté depuis 1995) et est redevenue une équipe redoutée sur le plan continental. Mais quel était son rôle, au juste ? Simple : dans un milieu sportif où les affaires économiques prédominent et où le fair-play financier menace constamment (les grosses cylindrées s’en sortent souvent très bien, certes), le bosseur de l’ombre représentait le spécialiste des transferts intelligents, même s’il ne choisissait pas forcément les joueurs, un rôle davantage dévolu au coordinateur technique Fabio Paratici.
Il était l’homme qui devait transformer les recrues en bonnes affaires à moindre coût et les convaincre de signer, en d’autres termes. Giuseppe Marotta est ainsi à l’origine de nombreuses satisfactions : les dix millions investis sur Arturo Vidal ou les neuf sur Carlos Tévez, c’est lui. Paul Pogba ou Andrea Barzagli pour moins d’un million, c’est lui aussi. Les arrivées gratuites d’Andrea Pirlo ou de Fernando Llorente ? C’est encore lui. Des faits d’armes qui ont contribué à la bonne santé sportive (et économique, donc) de l’entité, qui ont nourri des rumeurs l’envoyant dernièrement à Manchester United, mais qui ont finalement charmé… l’Inter.
Même succès à l’Inter ?
Car si Marotta sera au Juventus Stadium ce vendredi soir, c’est parce qu’il va continuer sa carrière à Milan au poste qu’il occupait à Turin. À la place d’Alessandro Antonello, transféré à la gestion financière. Et à salaire égal, selon un contrat de trois ans (qui reste cependant à confirmer). Un renfort activement réclamé par Steven Zhang, le président interiste, qui rêve de grandeur et dont l’objectif principal est de se rapprocher le plus (rapidement) possible de son adversaire du jour. En lui empruntant les mêmes méthodes, donc, employées par le même visage.
Un renfort qui fait également espérer de nombreux supporters à l’approche du mercato hivernal, et dont Massimo Moratti pense le plus grand bien. « Son arrivée va être très utile pour le club, a assuré le précédent patron des Nerazzurri. Il dispose d’une solide expérience à 360° dans l’univers du Calcio. Il va donc être extrêmement important. S’il est venu sur mon conseil ? Non, je n’en avais jamais parlé au président.(…)C’est lui qui a mis tout le monde d’accord ! » Il n’y a plus qu’à faire l’unanimité chez le rival de son ex.
Par Florian Cadu