- CAN 2023
- 8es
- Maroc-Afrique du Sud (0-2)
Maroc : l'érosion de l'Atlas
En sortant le Maroc dès les huitièmes de finale de la CAN (0-2), une belle Afrique du Sud a fait ressurgir toutes les faiblesses de la meilleure équipe du continent. Celles qui annonçaient la chute.
Comme un abandon avant l’heure, les Marocains ont lâché l’affaire. Le temps additionnel défilant, la passe à dix entre Nayef Aguerd et Romain Saïss trahissait une envie d’entendre le coup de sifflet final retentir, pour rapidement regagner les vestiaires et se passer le crâne à l’eau froide. Logique, tant la massue tombée sur les caboches des Lions de l’Atlas a paru lourde ce mardi 30 janvier 2024. L’Afrique du Sud vient de remporter ce duel des huitièmes de finale de la CAN (0-2). Une première salve envoyée par Evidence Makgopa (au prénom décidément prémonitoire) venu remporter son face-à-face avec Yassine Bounou. Une seconde assénée par le pauvre Achraf Hakimi et son penalty balancé sur la barre. Une troisième par Sofyan Amrabat expulsé en fin de partie. Et l’ultime banderille du pied droit soyeux de Teboho Mokoena, homme du match et auteur du coup franc de la victoire pour les siens. Tant de circonstances défavorables aux derniers demi-finalistes de la Coupe du monde. Mais pas une si grande surprise à y regarder de plus près.
Il faut dire qu’au stade Laurent-Pokou de San-Pédro, l’Afrique du Sud débarquait avec son étiquette de croqueuse de géants. La même génération qui avait fait tomber l’Égypte, chez elle, en 2019, au même stade de la compétition. Près de cinq ans plus tard, rebelote donc. Hugo Broos avait d’ailleurs prévenu en entame de tournoi : « Nous ne sommes pas attendus. C’est donc l’idéal pour nous frayer un chemin jusqu’au bout. » Le sélectionneur belge – décrié pour les joueurs présents dans sa liste – avait visiblement tout prévu. Comme le fait de piocher 24 de ses 26 hommes dans les championnats africains, dont 10 aux Mamelodi Sundowns, l’une des actuelles meilleures équipes continentales (seuls Sphephelo Sithole, à Tondela, et Mihlali Mayambela, à l’Aris Limassol, jouent en Europe). Un point de bascule essentiel, quand on connaît la particularité de la CAN, tant au niveau du climat (34°C de moyenne en Côte d’Ivoire), que de la puissance athlétique. Avec des joueurs déjà rodés, tout devient évidemment plus simple.
Le Maroc contre le Maroc
On ne cessera donc de le répéter : les feuilles de match ne restent que du papier. Malgré son apanage de joueurs talentueux, la bande de Walid Regragui a en effet subi le même sort que tous ses semblables favoris, à savoir sortir prématurément. Ce statut de potentiel futur champion, le Maroc a souvent du mal à le contenir, lui qui n’a plus régné sur le continent depuis 1976. En 2019, toujours, le Bénin faisait ainsi office de bourreau, toujours en huitièmes. En guise de symbole ce jour-là, Hakim Ziyech loupait également un penalty crucial dans les ultimes instants. En 2024, nous voilà au même point.
Ziyech, justement, a cruellement manqué au onze marocain ce mardi. La faute à une blessure arrivée au mauvais moment, dans la même veine que Sofiane Boufal, lui aussi sur le flanc. Deux meneurs et faiseurs de jeu, dont aurait certainement eu besoin Regragui pour débloquer une rencontre cadenassée par la rigueur tactique sud-africaine. Ces manques de créativité, le Mountakhab les aura, à ce titre, traînés tout au long de cette CAN, durant laquelle – hormis le match face à la Tanzanie gagné en patron –, la maîtrise n’a jamais été présente. On pense alors au nul contre la RD Congo obtenu de justesse et à la fade victoire devant la Zambie, notamment grâce à l’excellente prestation de Bounou. Surprise du dernier Mondial, par sa solidité défensive et ses contres fulgurants, le Maroc a donc été pris à son propre piège. Les Bafana Bafana n’ont eu qu’à suivre la route qu’il avait tracée.
Par Adel Bentaha