- C3
- J6
- Copenhague-Malmö
Markus Rosenberg, par la grande porte
Trahis par Zlatan le mois dernier, les supporters de Malmö se sont consolés en s'en remettant à Markus Rosenberg, autre idole des Blåe. Alors que l'attaquant tire sa révérence ce soir, il n'a jamais été aussi affûté.
Pas de prise de tête sur la date fixée, l’adversaire convoqué ou les joueurs invités pour jouer à ses côtés : non, Markus Rosenberg n’aura certainement jamais besoin d’organiser de jubilé. Car au rayon des au-revoir réussis, l’artificier suédois pourra difficilement faire mieux que cette réception du Dynamo Kiev il y a deux semaines tout rond qui a vrillé en scénario de barjo et en conte de fée. Pour cette soirée de gala, la dernière du bonhomme devant son public bleu et blanc qui lui voue un culte, le décor était planté, avec un tifo magique en son honneur avant d’entamer les débats.
Ne restait plus qu’à lancer le spectacle : alors que Malmö était mené à la pause, l’attaquant a participé à la baston remportée par les locaux (4-3), avec deux coups de canon qui ont enflammé le Swedbank Stadion. Le premier après avoir décroché puis piqué dans les 16 mètres sur un coup franc de l’Islandais Arnór Ingvi Traustason ; le second 50 minutes plus tard au bout de la sixième minute de temps additionnel, à la réception d’une galette de Jo Inge Berget pour arracher un précieux succès et provoquer une marée humaine autour de lui. C’était son match, ça n’a pas loupé.
Le Quagliarella du Nord
Si, en bon professionnel qu’il est, « le Hareng » a fait les choses en grand, il n’aurait même pas eu besoin de ça pour quitter le circuit en héros. Depuis son retour à la maison en 2014, le vieux Markus a pris une dimension dingue en prouvant son amour pour son club formateur, en participant aux conquêtes de 3 titres de champion et en enchaînant les pions saison après saison, encore plus que lors de son trip européen de plus de 8 ans entre l’Eredivisie, la BuLi et la Liga : alors qu’il a fêté ses 37 ans en septembre, il vient de claquer deux exercices consécutifs à 13 caramels en 27 sorties de championnat.
Parfois excité par les joutes européennes (il avait été l’un des grands artisans de la première qualif’ du club suédois en phase de poules de C1 en 2014) le capitaine honore magnifiquement la Ligue Europa cette saison, dernière compétition qu’il aura à disputer. Car le championnat d’Allsvenskan s’étalant sur un année civile, c’est ce jeudi que l’homme aux 33 capes avec les Blågult (la dernière remontant à l’Euro 2012) bouclera ses 19 saisons professionnelles – dont neuf à Malmö – au Danemark face à Karl-Johan Johnsson et consorts.
L’anti-Zlatan
Avant de rendre le tablier, le briscard a fait le travail, avec 8 buts en 11 matchs de C3 cette saison, dont un triplé face aux Nord-Irlandais de Ballymena United en qualifications et un doublé il y a 14 jours clairement décisif en vue des 16es. Et par les temps qui courent, c’est plutôt une bonne idée d’apporter de l’amour et du frisson aux suiveurs du meilleur club du pays (20 titres). En octobre, c’est un demi-dieu d’un mètre 95 qui leur a brisé le cœur : Zlatan Ibrahimović, une quarantaine de matchs pros avec Malmö, mais un statut qui va bien au-delà de ces chiffres, a fait une entrée fracassante dans le capital du rival, l’Hammarby IF.
Ni plus ni moins qu’un pacte avec le diable, qui scelle le divorce entre le gaillard d’origine bosnienne et le club de ses débuts, à l’image du sort qu’a subi sa statue ou des nombreuses déclarations fracassant l’ancien Parisien. Et un joli paradoxe avec Rosenberg, quasiment de la même génération que le Z, mais bien moins légendaire à l’origine, dont la cote de love ne cesse de grimper. Au pays, maintenant que le Z a été rayé de la liste, on en vient même à comparer Rosenberg à la légende locale du XXe siècle « Bosse » Larsson, qui lui a d’ailleurs rendu hommage récemment.
Par Jérémie Baron