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Mark van Bommel, la fin d’un Très Grand !

Par Chérif Ghemmour
Mark van Bommel, la fin d’un Très Grand !

L'inénarrable « milieu déf » néerlandais a mis un terme final à sa carrière hier après-midi avec le PSV. À 36 ans, il a quitté la pelouse sur un carton rouge contre Twente (1-3). Un résumé de son œuvre ? Pas vraiment... Parce que Mark Peter Gertruda Andreas Van Bommel était d'abord un très grand footballeur.

La pire insulte qu’on pourrait faire à la mémoire de Mark, ce serait d’énumérer trop rapidement son immense palmarès, histoire de rendre un hommage minimal, lapidaire et un peu forcé à un « gros bourrin » . On se contentera quand même de rappeler qu’avant Zlatan, Mark a lui aussi été champion dans quatre ligues qui comptent : aux Pays-Bas avec le PSV, du temps où l’Eredivisie était encore assez relevée (2000, 2001, 2003 et 2004), champion avec le Barça en 2006 (et vainqueur de la C1), champion avec le Bayern (doublés 2008 et 2010) et champion avec le Milan AC (2011). Et on vous épargne les coupes et les Supercoupes… Ces quatre grands clubs n’ont donc pas juste recruté un « gros bourrin » . Aux Pays-Bas, on ne s’y est pas trompé en saluant avec les honneurs le départ du joueur majeur du football néerlandais de ces dix dernières années (avec Seedorf ou le Sneijder 2010).

Un battant insubmersible

Comprendre la dimension tactique énorme du bonhomme ? Revoyez la première mi-temps du match de quarts entre les Pays-Bas et le Brésil en Coupe du monde 2010 (2-1)… Les Oranje sont trimballés et coulent à pic : le 0-1 va déboucher sur un 0-4 à la pause, c’est certain. Et pourtant ! Au milieu de la tourmente, le chef n’abdique pas : Van Bommel est le seul à émerger. Non seulement il ne se cache pas mais il réclame le ballon quand certains le fuient. Mais où Mark est grandiose, c’est qu’il tente toujours de jouer vers l’avant : pas latéral et ni derrière, sinon c’est la mort. Les Pays-Bas survivront à cette première mi-temps désastreuses puis plieront la Seleção en seconde période. Sans Van Bommel (79 capes, 10 buts), la Hollande aurait giclé en quarts. Voilà l’apport tactique hélas !, trop souvent « invisible » d’une plaque tournante hors pair qui stabilise et démarre le jeu au milieu. C’est d’ailleurs l’une des grandes différences entre les Pays-Bas de l’Euro 2008 et ceux du Mondial 2010 : en 2008, Van Bommel (non retenu par Van Basten) a terriblement manqué au milieu lors du match couperet contre la Russie en quarts (1-3, a.p). Partis joyeusement à l’abordage, les Hollandais ont joué avec une équipe coupée en deux, pour le plus grand régal des Zyrianov, Archavine et Pavlyunchenko. En 2010, Mark a recréé du lien entre attaque et défense : c’était moins flamboyant mais les Pays-Bas plus compacts sont arrivés en finale contre l’Espagne. Et si Van Bommel a été un élément clef, titulaire inamovible des Oranje 2010, ce n’est pas du tout parce que le sélectionneur Bert van Marwijk est son beau-père, hein ! Le côté physique du gars a aussi compté, c’est indéniable. Sauf qu’avec son gabarit de décathlonien (1 m 87, 86 kilos) il était tout simplement raccord avec sa technique très sûre (simple mais juste), comme la plupart des vrais grands joueurs hollandais. Les Bataves sont tout sauf des romantiques du ballon rond : pour pouvoir survivre dans le foot européen et mondial (Coupe intercontinentale) des années 60-70, le foot hollandais a dû allier qualités techniques élevées et engagement physique obligatoire. À ce titre, Van Bommel se pose en digne héritier du légendaire Johan Neeskens, artiste jumeau de Johan 1er mais qui rendait coup pour coup. D’ailleurs, au Barça, Neeskens (assistant de Rijkaard) était plutôt fan du Golgoth : « Mark est un lutteur intelligent » … Et puis Mark est né dans le Limbourg, province limitrophe de l’Allemagne : il y a débuté, au Fortuna Sittard (1992-99), avant de passer au PSV. Limbourg, Sittard, PSV, c’est le versant germanique du foot hollandais : dur, combatif, sans fioriture. Tout l’inverse d’Amsterdam, plus esthétisant… Au PSV, c’est plus la gagne que le style qui compte : authentique winner qui ne renonce jamais, Markus y sera donc comme un poisson dans l’eau. Pour sa dernière saison en 2005, il plante 19 buts et file 14 passes décisives toutes compètes confondues. Pas mal pour un milieu déf. Mark déteste la défaite, d’où les larmes versées par cette grande carcasse les soirs de défaite en finale de Mondial 2010 contre l’Espagne (0-1, a.p) ou en finale de C1 avec le Bayern contre l’Inter (0-2 en 2010). Comme beaucoup de gars à l’ancienne, Van Bommel se sentait de moins en moins à l’aise dans le foot actuel, avec des jeunes coéquipiers qui sourient après une défaite. Et c’est parfois arrivé au PSV, cette saison… à sa plus grande rage !

Van Bommel, un bad boy ?

Ceci posé, c’est sûr, Mark n’aura pas été un modèle de fair-play. Pour un gars qui considérait toujours « l’adversaire comme l’ennemi » (sic)… On passe notamment sur les bras et doigts d’honneur au Bayern qui lui vaudront de par l’UEFA et la fédé allemande des sanctions méritées. Passons aussi sur les insultes, les intimidations et les coups assénés à ses adversaires : le gars est comme ça et il a mérité là aussi sa réputation de salopard. Ceci dit… Van Bommel n’a jamais cassé qui que ce soit, à la manière d’un Roy Keane, authentique raclure (mais quel joueur !) : aucune blessure sérieuse infligée à l’adversaire. Mark van boum-Boum était juste un gros vicelard qui poussait à bout ses adversaires, à coups de provocs et de horions. Sauf que le vice fait partie du foot et jamais un joueur professionnel ne reconnaîtra pas qu’avoir un Van Bommel dans son époque est utile. Et puis, bon, un petit jaune au bout de 38 secondes de jeu sur le crispant Cristiano Ronaldo en 8es du massacreur Portugal – Pays-bas du Mondial 2006, est-ce bien grave ? Au fait ! Combien de cartons rouges en clubs et en championnats pour 20 saisons de carrière ? Sept, seulement. Aucun en sélection. Ça relativise les choses, non ?… Même avec peut-être un ou deux rouges en coupes d’Europe, le bilan écarlate ne doit pas être bien énorme. Et encore ! Certaines expulsions découlaient aussi de contestations d’arbitrage plus que d’agressions assassines. À ce propos, les arbitres viennent de perdre avec Van Bommel un grand ami à eux. Van Bommel et les hommes en noir c’était le pus beau numéro d’entourloupe : je casse et je vais voir l’arbitre en souriant, genre « y a pas mort d’homme, j’ai joué le ballon » , puis je lui pose la main sur l’épaule, je plaisante, parle de forfaits téléphoniques et de vacances au soleil… Marko mettait l’arbitre dans sa poche qui, du coup, oubliait de sortir un carton de la sienne ! Et pendant ce temps, l’adversaire séché continuait de souffrir sur la pelouse et recevait en passant une bordée d’insultes de Mister Mark : grandiose ! Pour les cartons jaunes, le grand frisé doit frôler des records. Mais redevenons sérieux… Car même le jeu dur de Van Bommel révèle une partie de sa science tactique. Si, si ! Un exemple ? Bordeaux-Bayern (2-1) en poule de C1 2009-10. Le Bayern est à la rue, archi baladé par Bordeaux. Van Bommel multiplie les petites fautes puis sèche durement Gourcuff. Grâce à son charisme et son air désolé, Mark échappe à la biscotte et sans regarder l’arbitre, le cul par terre, il se met alors à insulter… ses partenaires ! Du genre : « bande de cons ! Vous êtes pas en place, vous faîtes pas votre boulot au marquage ! Du coup, moi je comble vos manques, dans votre zone ! Je fais des fautes et celle-là aurait pu m’être fatale ! Bougez-vous, merde ! » Prudent, Mark restera calme de tout le match avant de sortir à la 78e… Mark faisait beaucoup faute, mais parfois (ou souvent ?) parce que ses coéquipiers étaient à la ramasse, endormis ou mal positionnés. On lui doit cette phrase bien connue : « Oui, je fais le sale boulot. Et alors ? Une équipe de football ne peut être constituée de onze danseuses » . À Bordeaux, il devait y avoir trop de danseurs, côté Bayern, ce soir-là. D’où le « sale boulot » …

Un pro quand même « exemplaire » …

Même au Barça où il n’aura joué qu’une saison (et pas toujours titulaire), c’est son mix technico-tactique et physique qui avait séduit Frank Rijkaard. Outre Edmilson, le coach néerlandais avait besoin d’un autre porte-flingue « avec du ballon » pour protéger les artistes (Deco, Eto’o, Xavi, Giuly, Iniesta ou Messi qui débutait). À cette époque pré-Guardiola, la présence athlétique était nécessaire avant que la possession de balle des génies de poche ne suffise à dominer tout à fait l’adversaire. Dommage pour Markus qui affichait des posters de Guardiola et Begiristain dans sa chambre quand il était môme (preuve de son bon goût technico-tactique)… Au Barça, il aura fait le métier dans tous les sens du terme. Pro sur le bout des doigts, avant de rejoindre la Catalogne, il s’était enfermé pendant quinze jours dans un monastère aux Pays-Bas pour apprendre l’espagnol… Mark est un modèle de professionnalisme, loué partout où il est passé. Au Bayern, notamment, où il fut capitaine et honoré par Rummenigge à son départ au Milan AC (janvier 2011). Parlant un allemand impeccable, il était devenu un bon client de la télé, surprenant par sa gentillesse, son intelligence, sa modestie et son humour. Un pur cadre très corporate de la grande famille Bayern… à rebours du killer qu’il était parfois sur le terrain ! Au Milan, sa première demi-saison au Milan AC débouchera sur le Scudetto. La presse italienne fera de Van Bommel un des éléments-clefs de la conquête du titre, louant son abattage au milieu, ses orientations du jeu, son sens de la passe juste (dont son fameux jeu long) et son boulot infatigable de récupération. En Italie, on appréciera aussi ces fameuses « fautes techniques » sur l’adversaire, qui annihilent un contre ou une belle attaque placée… Mark est revenu aux sources à l’été 2012 où il a signé à 35 ans un contrat d’un an au PSV. Et on peut le dire, il aura été l’un des meilleurs, l’un des plus réguliers au club. Un bilan pas mal du tout : 6 buts et 3 passes décisives, plus 9 jaunes et 1 rouge (celui d’hier, contre FC Twente). Plus que son carton rouge « final » , on se souviendra plutôt de son coup franc à la Koeman à l’AZ (3-1), il y a trois semaines. Son vrai adieu à la compète sur un missile chronométré à 102 km/h, histoire de rappeler qu’outre la passe juste et le décalage parfait, Van Bommel c’était une des frappes les plus lourdes de la footosphère. Malgré la séquence émotion qui lui ont encore tiré des larmes il y a quinze jours à la fin de PSV-Groningen (5-2, dont un but de MVB) où une banderole « Mark doit rester » accompagnée d’un chant des supporters à sa gloire, on ne savait pas s’il poursuivrait encore une saison. Dimanche, Van Bommel a tiré sa révérence de la plus simple des façons : « J’aurais pu continuer encore un an, comme mes supporters le réclamaient, mais je préfère terminer en étant en forme et titulaire plutôt que de faire la saison de trop » . Bien dit… Mark rejoindra l’encadrement du PSV pour aller coacher les jeunes du club, en compagnie de deux autres grands anciens du PSV, Ruud van Nistelrooy (1998-2001) et André Ooijer (1997-2006 et 2009-10) ! Au vu de sa carrière, de son palmarès, de son talent et de sa personnalité, Van Bommel pourrait être un futur grand coach comme les Pays-Bas en produisent sans discontinuer. La nouvelle vie de Mark ne fait que commencer. Une dernière anecdote… En 99, avant d’aller au PSV, Fortuna Sittard se qualifie grandement grâce à lui en finale de Coupe des Pays-Bas 1999. Une finale perdue contre l’Ajax (0-2) et que Mark n’a pas jouée… pour cause de tacle trop appuyé en demies !

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