Salut Marion. Comment se passe la quinzaine ? J’imagine que ça rappelle de bons souvenirs…
Oui, bien sûr. J’ai gagné ici il y a deux ans, donc c’est forcément une émotion particulière. Chaque endroit visité, chaque jour passé me rappelle ce que j’ai eu la chance de vivre. Mais en même temps, je suis complètement passée à autre chose, je ne me complais pas dans le passé. Aujourd’hui, je suis complètement reconvertie dans ma collection de bijoux.
Les affaires marchent bien ?
J’ai vu que Serena Williams porte mes créations, tout comme Venus, c’est une immense satisfaction pour moi, car ce sont toutes les deux de vraies acharnées de mode. Cela prouve que j’ai fait du bon travail. J’ai toujours adorée la mode et surtout le dessin. Donc quand j’ai eu cette opportunité de travailler avec une marque française (Maty, ndlr), cela m’a permis de développer mes idées. Franchement, c’est beaucoup de travail, je ne vous le cache pas, mais ça avance bien. Notre prochaine étape, c’est de se développer à l’international.
Alors, il va le faire, Richard ou pas ?
Il est chaud ! (rires) Après, on me le demande en permanence, mais c’est toujours difficile de donner des prédictions. J’aimerais bien vous en dire plus, mais je n’ai pas de boule de cristal. Je pense qu’il a ses chances contre Djokovic, mais bon, on ne va pas se cacher, ça va être très compliqué. Djokovic, c’est vraiment le niveau au-dessus. Cela dit, Richard a vraiment gagné des gros matchs durant le tournoi. Stanislas Wawrinka, c’était un vrai client et il l’a battu après un énorme combat physique et mental. Le point positif, c’est que Richard a pu se reposer un peu plus que son adversaire, donc je pense qu’il peut le faire. La marche est haute, mais c’est comme moi quand j’ai gagné ici, j’ai réussi à franchir un cap en temps voulu. Pourquoi pas lui ?
Selon ton expérience, y a-t-il quelque chose de plus beau en football qu’un revers long de ligne de Richard Gasquet ?
C’est une bonne question. Je dirais une lucarne sur un coup franc peut-être, ou un lob du milieu de terrain… Il y a quand même des choses pas mal à regarder en football, mais c’est vrai que ce revers de Richard, ça reste l’une des plus belles images que l’on peut voir, tous sports confondus…
On le sait, tu es une supportrice assidue de l’OM. Tu te souviens quand tout a commencé ?
C’est mon frère et mon père qui m’ont transmis le virus en regardant les matchs à la télévision. Mon père Walter est originaire de Marseille, et ma mère vient d’Aix. Même si on habitait en Haute-Loire, mon père a toujours supporté ce club. Et cela m’a tout de suite plu : l’ambiance, les couleurs, le bruit, j’ai toujours adoré ça. De manière générale, dans n’importe quelle discipline, j’aime quand il y a de l’engouement et de l’enthousiasme. C’est pour ça que j’ai toujours aimé l’OM. Pour moi, l’histoire du club est intimement liée à celle de ses supporters. Il se passe un truc au Vélodrome, c’est indéniable. J’ai déjà connu des grosses ambiances dans des stades de tennis, qui m’ont donné la chair de poule, mais le Stade Vélodrome, c’est encore plus fort.
Il paraît que tu vis les matchs de manière assez passionnée…
Ah oui, ça c’est sûr ! Pour dire la vérité, je suis hyper stressée et tendue. Mon plus gros problème, c’est que je suis terriblement superstitieuse.
Les joueurs de l’OM étaient comme des enfants à prendre plein de photos avec mon trophée de Wimbledon
Du genre ?
Disons que si je suis assise à un siège et que l’OM mène, je n’ose pas bouger. Si je me lève et que les autres marquent, je sais que c’est à cause de moi. Je m’autorise quelques déplacements seulement pendant la mi-temps (rires).
Est-ce que ton amour pour l’OM implique secrètement une haine du PSG ?
Non, pas vraiment. Bien sûr, j’aime bien quand on est devant le PSG, mais je n’ai pas une haine viscérale. Je supporte mon club avant tout, sans me soucier des autres, j’ai uniquement envie que l’OM gagne.
Tu te souviens d’un match qui t’a marqué en particulier ?
Je ne vais pas être très originale, mais je dirai la finale de Ligue des champions, bien sûr. La tête de Basile Boli, c’est quand même un moment mythique qui reste dans toutes les mémoires.
Quand tu remportes Wimbledon en juillet 2013, Gignac te lâche un tweet de félicitations. À ce moment, pour toi, c’est la consécration…
Comment dire, c’était presque trop ! La victoire à Wimbledon et les félicitations d’André-Pierre Gignac dans la foulée, qui me tweete dans le bus de l’OM, je me disais que j’allais finir par redescendre sur terre et comprendre que rien de tout ceci n’était arrivé (rires). Franchement, c’était bizarre. J’étais dans un état pseudo-normal où j’arrivais à la fois à comprendre et à réaliser ce que j’avais fait, j’avais conscience de la réalité, et en même temps j’étais comme plongée dans un rêve éveillé.
Finalement, tu lui réponds…
Oui, je l’ai remercié en lui disant que je voulais les rencontrer. J’ai tenté ma chance, quoi ! Les gens qui s’occupent des réseaux du club ont vu mon tweet, et derrière, les dirigeants du club m’ont contacté. Ils m’ont invité à Crans Montana, en Suisse, où l’OM était en stage de préparation. Autant dire que je n’ai pas longtemps hésité. J’ai eu une semaine de presse intense après mon sacre, puis je suis rentrée à la maison avant de les rejoindre.
Comment c’était la Suisse ?
Super. J’ai assisté à l’entraînement des joueurs, car ils jouaient le soir-même contre Porto en match amical. J’ai fait plein d’exercices avec eux, ils se sont bien foutus de ma gueule. J’ai notamment fait un toro avec Payet, Fanni, Mendes, Mandanda, Diawara, Abdallah et Bracigliano. Vous pouvez regarder, il y a pas mal de vidéos sur internet… On a aussi déjeuné ensemble. Comme le veut la tradition, en tant que nouvelle membre de l’équipe, j’ai dû chanter a cappella. C’était assez gênant (rires). On a aussi pris plein de photos avec le trophée, ils étaient comme des enfants.
Gignac au Mexique ? Je crois que je suis mal placée pour commenter les choix de carrière
Vous avez aussi échangé quelques balles ?
Oui, j’ai joué avec Matthieu, Kassim, il y avait toute la bande. On a beaucoup rigolé.
Alors, ils tâtent un peu la raquette les Marseillais ?
Franchement, ils jouent vachement bien ! J’étais surprise. Ils ont une condition physique irréprochable, ce qui fait qu’ils bougent très rapidement, ils sont sur toutes les balles. Après, il y a quelques lacunes en termes de technique de mains, ça manque un peu de maîtrise parfois, mais ils sont agiles. J’ai dû les déborder en puissance (rires).
C’est qui le meilleur ?
D’après mon expérience, je dirai Steve Mandanda. Il a un super coup droit. Son seul problème, c’est qu’il tape trop fort. Parfois, ça s’envole.
Pour finir, le soir, tu as l’honneur de donner le coup d’envoi contre Porto. On en parle de ces talons hauts ?
J’avais des hauts talons, pas facile sur la pelouse. C’était pas prévu, on m’a prévenu quelques minutes avant le match que j’allais faire le coup d’envoi. Je fais comment moi ? Enfin bon, je ne pouvais pas refuser. Si vous regardez bien les images, j’ai quand même réussi à me débrouiller, alors que c’était plutôt casse-gueule….
Derrière, ça se termine en eau de boudin et Marseille se prend un 3-0…
L’essentiel était ailleurs. C’était une super expérience, j’en garde un magnifique souvenir. Une fille qui débarque dans un groupe de garçons, ce n’est pas toujours évident, ils auraient pu me prendre de haut, mais ils ont été adorables au contraire. Ils m’ont toute de suite mis hyper à l’aise, alors que j’étais assez apeurée au début. C’est quand même des méga-stars. Chacun a son caractère, ils sont tous différents, mais ils ont tous été très gentils avec moi.
Pour finir, tu n’es pas trop triste que ton chouchou soit parti au Mexique ?
Si, un peu, mais je suis mal placée pour commenter les choix de carrière (rires). Ce sont des choix trop personnels pour que je m’immisce dedans. Il voulait partir et avoir une nouvelle expérience, mais ce qui restera, c’est qu’il était attaché au club plus que tout. Je lui souhaite le meilleur pour la suite.
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