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Mario Mandžukić, ce gladiateur dont la Juve a besoin
Cet été, un nom était sur toutes les lèvres à Turin : celui de Gonzalo Higuaín. Mario Mandžukić, lui, semblait condamné à rester une pâle doublure de l'Argentin. Mais le Croate a encaissé en silence, survécu à plus de 700 minutes sans marquer avec la Juve, ne cessant jamais de travailler comme un acharné pour les siens, avant de retrouver enfin le chemin des filets. Oui, Mario Mandžukić est un guerrier, un vrai. Auquel la Juve serait bien inspirée d'offrir plus qu'un second rôle cette saison.
Il y a les buteurs, racés et prolifiques, obsédés par leur feuille de statistiques. Puis il y a les gladiateurs. Ceux qui jettent toutes leurs forces dans la bataille, sans élégance ni grâce, mais avec férocité et sens du devoir, dans l’accomplissement d’une unique obsession qui supplante toutes les autres : la victoire. Mario Mandžukić n’est ni un grand technicien ni un remarquable chasseur de buts. Mais bien un combattant assoiffé de gloire, prêt à sacrifier son rendement individuel pour magnifier celui de l’équipe. Qui mériterait d’être considéré avec un respect équivalent à celui dont jouissent ses coéquipiers et homologues attaquants, Pipita Higuaín et Paulo Dybala.
L’âme du guerrier
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en plus de dix ans de carrière professionnelle, Mandžukić n’a jamais atteint la barre symbolique des vingt buts inscrits en championnat. Sa saison la plus prolifique date de l’exercice 2013-2014, lors de laquelle il plante dix-huit buts en trente matchs de Bundesliga avec le Bayern. Une belle moyenne, qui reste néanmoins à des années-lumière des chiffres mirobolants que peut atteindre son compère d’attaque au sein de la Vieille Dame, Gonzalo Higuaín (trente-six buts en Serie A la saison dernière). Et pourtant, le Croate a remporté à peu près tous les trophées possibles et imaginables en club : championnat et Coupes d’Allemagne et d’Italie, sans oublier la C1 ou encore le Mondial des clubs.
Paradoxalement, la clé de la compréhension du succès de Mario Mandžukić réside sans doute dans l’une des périodes les plus difficiles de sa carrière. Du premier mai 2016 au 25 octobre dernier, pendant six mois et près de 763 minutes de jeu, le Croate ne trouve pas le chemin des filets avec la Juventus. Cette saison, malgré un nombre raisonnable de titularisations, il a ainsi dû attendre la dixième journée du championnat pour ouvrir son compteur face à la Sampdoria, avant de planter une nouvelle fois ce week-end contre le Chievo. Une disette interminable. Qui devrait être logiquement dommageable pour les siens. Sauf que non. Avec Mandžukić titulaire, la Juve a notamment défait la Fiorentina, la Lazio et plus récemment Naples cette saison. Autant de matchs où l’ancien Munichois n’a pas marqué, mais où il a fait étalage de ses qualités de combattant infatigable, pressant comme un taré les défenses adverses, n’hésitant pas à aller au duel pour aimanter tous les ballons de la tête et défendant constamment à la perte du ballon. Statistiquement, Mandžukić ne cède ainsi défensivement rien à un milieu de la trempe de Sami Khedira, bien plus reculé sur le terrain : le Croate a réussi autant de tacles que son coéquipier depuis le début de la saison (8), a remporté beaucoup plus de duels (43 contre 24) et contré à peine moins de frappes (une pour l’ex-Munichois contre deux pour l’Allemand).
Mental insubmersible
Voilà où réside donc sans doute la force de Mario Mandžukić. Plutôt que de s’obstiner à vouloir trouver le chemin des filets, le Croate se sacrifie comme personne au service du collectif. Avec une abnégation et une rage de vaincre contagieuses. Comme lors de ce huitième de finale aller de C1 face au Bayern Munich en février dernier, où Mandžukić réveille à lui seul la Vieille Dame, jusqu’ici paralysée face à des Bavarois archi-dominateurs. Le Croate commence par servir sur un plateau Dybala, qui replace la Juve dans la course, avant d’enflammer magistralement le Juventus Stadium d’une course de bulldozer sur le côté gauche, qui manque de peu d’accoucher d’un but de Cuadrado. Un match où les Turinois, menés deux à zéro, tiennent finalement en échec le Bayern deux buts partout.
Ce n’est pas la première rencontre au sommet que Mandžukić marque de son empreinte : buteur contre Manchester City lors des deux victoires au cordeau obtenues par la Juve en phase de groupes de C1 face aux Citizens la saison dernière, Mandžukić est clairement de la race des attaquants mentalement insubmersibles dès que les enjeux s’élèvent. N’y voyez donc pas un hasard s’il a marqué en finale de la Ligue des champions face à Dortmund lors de la victoire du Bayern dans l’épreuve en 2013. Un CV qui doit faire du Croate bien plus qu’un remplaçant corvéable et oubliable de Gonzalo Higuaín. Car Mario Mandžukić est définitivement un castagneur formidable. Prêt à faire tout ce qui est nécessaire pour ramener la victoire aux siens.
Par Adrien Candau