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Mario Götze, tout sauf une idole

Par Sophie Serbini
5 minutes
Mario Götze, tout sauf une idole

« Je ne suis pas un héros, mes faux pas me collent à la peau » pourrait être la devise de Mario Götze. Malgré un but magnifique et décisif en finale de Coupe du monde, l'ancien joueur de Dortmund n'arrive pas à se défaire de l'image de salaud qu'il traîne depuis son départ pour la Bavière. Celui qui aurait pu devenir le héros de tout un peuple reste encore le vilain petit canard.

« Montre au monde entier que tu es meilleur que Messi, que tu peux gagner cette Coupe du monde » , aurait lancé Joachim Löw à Mario Götze avant son entrée en jeu à la 88e minute de la finale du Mondial brésilien. La suite, elle, appartient à l’histoire. À la 113e minute de jeu, le milieu offensif du Bayern Munich contrôle de la poitrine un ballon de Schürrle et place une reprise de volée imparable pour Sergio Romero. Le seul but de la rencontre. Mario Götze rejoint alors Andrés Iniesta et son compatriote Andreas Brehme dans le cercle très fermé des sauveurs de la nation, celui des buteurs uniques en finale de Coupe du monde. Il devient aussi le premier remplaçant à sceller le sort d’un Mondial. « Dieu du football » , « Götze le libérateur » et autres unes aux adjectifs dithyrambiques déboulent dans les kiosques allemands le lendemain de la victoire. En un but, toute la haine concentrée autour de l’enfant prodige semble s’en être allée. Un nouveau héros est né.

« La haine est l’amour qui a sombré »

Depuis cette folle soirée de juillet, les choses ont quelque peu changé pour Mario Götze. Ou plutôt, elles sont redevenues comme elles étaient auparavant. En l’espace de quelques jours, les souvenirs du Mondial se sont dissipés, et le messie a récupéré son rôle de punching-ball préféré des Allemands. Son retour sur les terrains, après de longues vacances, ne s’est pas exactement passé comme prévu. S’il pensait que son but allait faire de lui un personnage singulier à l’abri des critiques, il a dû être sacrement surpris. Lors de la Supercoupe d’Allemagne, il est copieusement sifflé par le public de Dortmund. Normal. Et le commentateur de la ZDF a beau dire que le héros de la finale du Mondial aurait mérité plus de respect, il oublie qu’on parle là d’un football de club. « Honnêtement, j’ai fait la gueule lorsqu’il a marqué en finale, j’aurais presque préféré que ce soit Höwedes pour tout dire » , avoue Torben, un supporter du BVB. Un sentiment qui semble partagé au-delà de Dortmund, puisque lors du premier tour de Coupe d’Allemagne face au Preußen Münster, un club de troisième division situé en Rhénanie du Nord-Westphalie, il est également conspué comme un porc. Preuve en est qu’aussi beau et important a pu être son but en finale, cela ne pardonne pas tout. Les rancunes sont tenaces envers celui qui a trahi tout une ville pour l’argent et Pep Guardiola.

L’éternel espoir

L’impopularité de Mario Götze n’est pas seulement liée à son départ pour Munich. Son niveau de jeu et surtout sa supposée stagnation y sont aussi pour beaucoup. « Mario se repose un peu trop sur son talent » , a récemment affirmé Christoph Metzelder, ancien joueur de Dortmund et du Real. Une analyse partagée par de nombreux observateurs qui estiment que depuis son départ de la Ruhr, le jeune joueur n’a pas progressé, voire même a régressé. L’an passé, sur les 45 matchs auxquels il a participé, il a marqué 15 buts et délivré 13 passes décisives. Un bilan statistique plus que correct. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’on se penche sur son temps de jeu et surtout sur son apport dans les matchs-clés. Si on excepte son entrée lors du match aller contre le BVB, le match du titre face au Hertha Berlin et quelques fulgurances techniques, il n’a pas vraiment marqué les esprits. En Ligue des champions, il a été très en dessous de ce qu’il avait montré avec les Schwarzgelben sur l’exercice 2012 / 2013. Une compétition dans laquelle il n’a été titularisé qu’à six reprises. Avec la Mannschaft aussi, son rendement est très critiqué. Mais ce que les gens qui aiment lui taper dessus oublient de dire, c’est qu’il ne joue quasiment jamais à son poste, ce qui freine considérablement sa progression. « Bien sûr qu’il peut jouer 9 1/2, mais vous ne tirez pas le meilleur de lui dans cette position. Je pense qu’il est meilleur juste derrière l’attaquant » , avait souligné Franz Beckenbauer cet hiver. Le problème pour Mario Götze est qu’en l’état actuel des choses, il existe plus performant que lui au poste de meneur de jeu, que ce soit en équipe nationale ou au Bayern.

Assumer ses actes

Les seules façons pour Mario Götze de faire taire les critiques seraient de tout défoncer sur le terrain, mais aussi d’assumer ses choix. L’an passé, lorsqu’il avait refusé de célébrer son but face au Borussia, il avait été traité d’hypocrite. En outre, il avait avoué sa surprise quant à la violence des sifflets, ce qui n’a pas arrangé son cas. Sa venue à l’Allianz Arena, en catimini, lors de la rencontre entre Munich 1860 et… le BVB en DFB-Pokal, avait elle aussi dérangé. Il s’était longuement justifié en affirmant qu’il était juste présent pour voir son pote Marco Reus (et écouter avec lui du Justin Bieber dans les vestiaires comme au bon vieux temps). Souvent, le Bavarois semble s’étonner du désamour des gens envers sa personne. Une posture qui déplaît dans un pays où les gens sont réputés pour leur droiture. Être un « salaud » n’est pas forcément un problème chez nos amis teutons (cf Lothar Matthäus ou Boris Becker), mais il convient d’embrasser le personnage et de ne pas chercher à jouer au gentil. Mario Götze a pris certaines décisions. Maintenant que cela est fait, il se doit de faire avec et de se concentrer sur le terrain, histoire de s’imposer enfin au Bayern et de montrer à tout le monde que ses choix n’étaient pas des erreurs. En attendant de mettre tout le monde d’accord, il pourra toujours se consoler en regardant les blogs de jeunes filles en fleurs sur tumblr, le seul endroit où il aura toujours la cote.

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