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Mario Götze, le grand pardon
Depuis son retour dans la Ruhr cet été, Mario Götze s'était fait discret. Mais samedi, face au Bayern Munich, le n°10 a sorti le grand jeu. À tel point que le public du BvB n'a pas eu d'autre choix que de le féliciter.
Mario Götze n’aura eu besoin que d’un geste pour redorer son blason auprès du peuple noir et jaune. En une passe décisive pour Pierre-Emerick Aubameyang, lors du match contre le Bayern ce samedi, le n°10 du BvB a rappelé à tout le monde quel joueur il pouvait être. Une passe nette et précise, qui, en plus de servir à PEA, permet d’humilier Mats Hummels. Très critique envers Mario Götze à la suite de son départ de Dortmund en 2013, le défenseur a compris toute l’ampleur de l’expression « retour de karma » en une demi-seconde.
Si, pendant des années, Mario Götze n’a jamais souhaité commenter les propos de son coéquipier en équipe nationale, la presse s’est souvent faite l’écho de leurs mauvaises relations. En collant un petit pont à Hummels, Götze a ravi les supporters du BvB, toujours prêts à tailler leur ancien capitaine, et s’est fait plaisir par la même occasion. Lors de la célébration du but, bien conscient de ce qu’il venait de réaliser, le meneur de jeu s’est permis d’haranguer le stade tout entier. Et après le match, en a remis une couche sur Instagram. Avec Mario Götze, la vengeance est un plat qui se mange froid. Glacé, même.
Une discrétion bien calculée
Cette attitude tranche massivement avec celle qui était la sienne ces derniers mois. Depuis son retour dans la Ruhr, Mario Götze est resté en retrait. Le but était pour lui de se faire accepter de nouveau par les fans sans en faire des caisses. Dès son premier jour, l’ancien fils prodigue choisit bien ses mots. Dans un post Facebook, il reconnaît avoir commis une erreur en partant au Bayern Munich et annonce son envie de retrouver son meilleur niveau à Dortmund, son « heimat » . Quelques heures plus tard, il demande aux dirigeants de reprendre son ancien flocage, c’est-à-dire « M. Götze » en lieu et place du « Götze » que le club avait déjà posé sur son nouveau maillot mis en vente dès le jour de sa signature.
Les semaines suivantes, il se fait discret et se concentre sur son boulot. Il ne donne aucune interview choc et n’évoque pas le traitement que lui a réservé le Bayern Munich. Il perd du poids comme le voulait Thomas Tuchel et tente d’apprendre un nouveau style de jeu. Il se rend aux cent ans de son lycée et va nourrir les pingouins du zoo de Dortmund. Bref, il fait tout bien comme il faut. Son début de saison est mitigé avec un but et une passe décisive toute compétitions confondues. Si des bribes de son ancien jeu refont surface, il ne pèse que trop peu sur le jeu de son équipe. Jusqu’à se retrouver face au Bayern Munich.
Le Bayern comme catalyseur
Mario Götze avait sans doute besoin d’affronter le club qui a fait de lui un paria pour avancer. Loin d’avoir été dépassé par l’événement, le champion du monde a démontré durant tout le match sa bonne volonté. Offensivement, il a été au départ de la plupart des actions. Défensivement, surtout en 2e mi-temps, lorsque le BvB commençait à subir la loi du Rekordmeister, il n’a pas rechigné à faire les efforts nécessaires. Lors de sa sortie à la 77e minute, lessivé, il a été félicité comme il se doit par Thomas Tuchel, qui arborait alors un grand sourire. Le public, plutôt enclin à ne pas lui faire de cadeau, n’a pas eu d’autre choix que de lui réserver une superbe ovation. Tout n’est peut-être pas pardonné, certains continueront sans doute à lui en vouloir jusqu’à la mort, mais l’essentiel est ailleurs. En seulement quatre mois, Mario Götze aura réussi à se faire accepter à nouveau par les siens. S’il ne sera sans doute plus jamais le symbole qu’il a pu être à une époque, son statut d’homme le plus détesté du football allemand n’est plus d’actualité. En cela, il a déjà plus que réussi son pari.
Par Sophie Serbini