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Mario Götze, le come-back qu’on n’attendait plus
Jeudi soir, l’AS Monaco croisera la route d’un joueur en plein renouveau. Disparu des radars durant trop longtemps, jusqu’à se retrouver sans club à 28 ans, Mario Götze enchaîne désormais les matchs sous le maillot du PSV Eindhoven. Mieux : le Golden Boy 2011 donne l’impression de s’être sérieusement rapproché de son meilleur niveau, en témoignent ses prestations de haut vol depuis le début de la saison. Un retour en grâce quasi inespéré, mais qui peut s’expliquer.
Dimanche 19 septembre, Mauricio Pochettino a allumé une polémique dont il se serait bien passé. Son PSG est pourtant parvenu à battre Lyon in extremis (2-1), mais, auparavant, le technicien argentin avait commis un crime de lèse-majesté en osant sortir Lionel Messi en cours de rencontre. L’ancien manager de Tottenham n’est toutefois pas le seul à s’être retrouvé sous le feu des critiques à cause de son coaching ce jour-là. Un peu plus tôt, alors que le PSV Eindhoven était mené sur son terrain par le Feyenoord à la pause (0-1), Roger Schmidt a suscité l’ire des supporters locaux en décidant de remplacer Mario Götze par Ryan Thomas. Un choix qui a donné lieu à une grosse bronca, suivie d’une belle fessée (0-4).
37 – @MarioGoetze has created more chances from open play (37) than any other player from PSV Eindhoven in all competitions in 2021-2022. Renaissance.@TMarkhorst wrote an article for @OptaAnalyst about Mario Götze – like the phoenix from the ashes.https://t.co/NjH7kGmuPD
— OptaFranz (@OptaFranz) October 15, 2021
L’intérêt d’un tel parallèle n’est évidemment pas de comparer l’aura du milieu offensif allemand à celui du sextuple Ballon d’or, tous deux finalistes du Mondial 2014. Mais de prendre la mesure du regain de forme du premier cité, qui a su devenir indispensable en quelques mois chez les Boeren. Ce n’était pas gagné d’avance. Et ce, d’autant plus quand on se souvient jusqu’où sa chute l’avait mené.
Des hauts et beaucoup de bas
Avant de débarquer aux Pays-Bas, en octobre 2020, Götze avait vécu une carrière en forme de montagnes russes. Avec des hauts très hauts, et des bas très bas. En l’espace d’une dizaine d’années, il a tutoyé les sommets. En enchantant le Borussia Dortmund grâce à son talent précoce, en devenant le héros de tout un peuple en inscrivant le seul but de la finale de la Coupe du monde 2014, en réalisant des débuts probants sous le maillot du Bayern Munich. Il a également connu un inexorable déclin, marqué par des blessures récurrentes, des performances de plus en plus décevantes et une inévitable mise au placard. En 2016, le Golden Boy 2011 a quitté le Bayern, où Franz Beckenbauer l’avait égratigné un an plus tôt – « Il est temps pour lui de grandir », avait lâché la légende munichoise au micro de Sky Sports – pour revenir au BvB, sur les terres de son éclosion. Las, on n’a même pas eu le temps de croire à un nouveau départ. La faute à des troubles du métabolisme symptomatiques d’une myopathie, diagnostiqués en janvier 2017 et qui l’ont obligé à arrêter sa saison pour suivre un traitement adapté. Par la suite, l’international allemand a dû, entre divers passages à l’infirmerie, se contenter des quelques bouts de match que Lucien Favre voulait bien lui donner. À l’été 2020, au terme d’un exercice à seulement cinq titularisations en Bundesliga, le gamin de Memmingen s’est retrouvé sans club. À 28 ans.
2020, année charnière
Tout compte fait, Götze aurait pu choisir d’arrêter les frais et d’en rester là. Au contraire, c’est à partir de ce moment qu’il a commencé à remonter la pente. En quittant l’Allemagne, où il était en situation d’échec manifeste et où de nombreux regards étaient toujours braqués sur lui. Et, surtout, en s’engageant avec le PSV, qui venait de confier les rênes de son équipe première à Roger Schmidt, adepte d’un pressing tout-terrain et d’un football résolument offensif. « J’avais envie de venir ici. J’ai hâte de jouer pour lui, avec sa philosophie, et d’évoluer dans ce championnat », a insisté le droitier d’1,76 mètre lors de sa présentation officielle. Convaincu de la plus-value que son nouveau meneur de jeu pourrait apporter à sa formation, le coach allemand lui a laissé le temps de revenir en forme. « J’ai changé mon alimentation, j’ai une bonne routine d’entraînement et de régénération, avouait d’ailleurs Götze à Sport1, en novembre 2020. Je travaille avec des experts de yoga et d’arts martiaux, qui m’apportent un bon équilibre en plus du football. » Une méthode qui porte visiblement ses fruits, car le quintuple champion d’Allemagne, enfin débarrassé de ses pépins physiques, enchaîne les titularisations (15, toutes compétitions confondues, cette saison) et brille de mille feux en pointe haute du milieu des Rood-Witten, derrière Eran Zahavi. Il est même redevenu un véritable générateur d’occasions, en Eredivisie comme en Ligue Europa, où il a déjà été décisif à quatre reprises en deux matchs (un but, trois assists). Monaco, qui sera au Philips Stadion ce jeudi, sait donc à quoi s’attendre. Mario – qui a récemment prolongé son contrat jusqu’en 2024 – a passé trop de temps loin des sentiers battus. Mais il semble enfin revenu sur de bons rails. Ce dont on ne saurait se plaindre.
Par Raphaël Brosse