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Marinette Pichon : « Je les vois championnes d’Europe facilement »

Propos recueillis par Christophe Gleizes
Marinette Pichon : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je les vois championnes d&rsquo;Europe facilement<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Marinette Pichon n'est pas la plus mal placée lorsqu'il s'agit d'analyser l'équipe de France féminine, qui se prépare à affronter lundi le Danemark en quarts de finale de l'Euro. Meilleure buteuse de l'histoire de la sélection (81 buts en 112 apparitions), elle confie ici son optimisme quant à la suite de la compétition et confirme la progression du football féminin depuis plusieurs années.

Que pensez-vous du parcours des Bleues jusqu’à présent (3 victoires en poule) ?Les filles ont pour l’instant répondu aux attentes. Je trouve qu’elle développent un très beau style de jeu et qu’elles sont très fortes offensivement. Il y a encore quelques petites imperfections défensives, mais c’est tout. Elles se sont qualifiées sans encombres pour les quarts et je les vois championnes d’Europe facilement.

C’est un pronostic impartial ?Je ne sais pas s’il est impartial, mais c’est mon pronostic.

Quels seront nos adversaires les plus sérieux dans cette phase finale ? Et bien… (Elle hésite), l’Espagne, on les a battues. Il reste aussi la Norvège qui a fait forte impression contre l’Allemagne, sextuple tenante du titre. En finale, on devrait tomber sur l’Allemagne en toute logique, mais bon, je dois avouer que la Suède de Lotta Schelin m’a davantage impressionnée. En tout les cas, l’Allemagne et la Suède, ça reste du solide. Rien n’est encore gagné, surtout quand on connaît l’enjeu de la phase finale avec ses matchs couperets ; mais je crois que, cette fois-ci, les filles ont l’expérience nécessaire pour aller au bout. Elles ont beaucoup appris de leurs parcours précédents (4es aux JO 2012 et à la Coupe du monde 2011). Si elles continuent sur le même niveau que face à l’Angleterre (3-0), où elles ont dominé le match de bout en bout face à une nation qui ne nous réussissait pas historiquement, je pense qu’on va assister à l’émergence d’un véritable rouleau compresseur. Franchement, en les regardant jouer, je me demande comment elles ne pourraient pas aller en finale, et je ne crois pas que je suis la seule.

Que pensez-vous du groupe et de ses qualités ? C’est un groupe sympathique qui n’a pas la grosse tête. En terme de niveau de jeu, on peut voir que c’est une équipe qui a énormément de talent au milieu de terrain ; Bruno Bini n’hésite d’ailleurs jamais à faire jouer cinq filles dans l’entrejeu. Devant, en attaque, on a aussi du très lourd. On sent aussi qu’il y a une certaine homogénéité avec les remplaçantes. Mais en réalité, plus que le talent individuel, la force de cette équipe, ce sont les automatismes. Les Lyonnaises ont l’habitude de jouer ensemble, elles déroulent. En tous les cas, c’est un groupe qui fait plaisir à voir et qui, selon moi, propose le meilleur jeu de cet Euro.

Vous estimez ce groupe plus fort que ses prédécesseurs à la Coupe du monde et aux JO ?En réalité, le onze titulaire est quasiment inchangé, on sent seulement qu’il a gagné une année supplémentaire en terme de maturité et surtout que les filles ont la rage après les désillusions qu’elles ont essuyées. Malgré une petite alerte face à l’Australie avant le tournoi, elles sont entrées dans la compétition de la meilleure des manières. Le 3-0 contre l’Angleterre démontre bien qu’on se trouve face à une équipe bien dans ses pompes et dans sa tête.

Comment expliquez-vous cette montée en puissance de l’équipe de France depuis quelques années ? Alors qu’avant les résultats étaient moyens… Déjà, par rapport à mon passé en équipe de France, je constate qu’il y a une vraie génération de talent. Louisa Necib, Gaethane Thiney, Laura Georges ou Marie-Laure Delie (etc), c’est du haut niveau, avec Sandrine Soubeyrand qui chapeaute le tout en véritable chef d’orchestre, à 39 ans… C’est une génération exceptionnelle qui a évolué ensemble dans les sélections de jeunes, grandi ensemble, gagné ensemble. Il y a en outre le côté club avec Lyon, qui fait qu’une grande partie de la sélection a l’habitude de répéter des gammes et se connaît par cœur. C’est un atout majeur pour l’équipe de France. Surtout, il y a eu un changement de discours avec Bruno Bini, qui a su consolider le groupe. Tout le monde n’était pas convaincu au début de son mandat, et pourtant, les résultats montrent que cela marche. Il a amené sa physionomie du jeu et redonné de l’importance à la vie de groupe. Son plus grand mérite selon moi, c’est d’avoir réussi à faire en sorte que les joueuses apprécient de passer du temps ensemble tout en leur fixant un objectif commun. Enfin, il y a aussi un accompagnement supérieur de la Fédération, doublé d’une visibilité médiatique en hausse. Donc c’est bien, on progresse, mais c’est un cercle vertueux qu’il faut entretenir. C’est comme un soufflé au fromage, tout peut vite retomber si on perd.

Quel regard portez-vous sur la dimension physique, tactique et technique du football féminin ? Cela a changé par rapport à votre époque (années 90) ? Ce qui a vraiment changé par rapport à mon époque, c’est que la moindre erreur se paie cash maintenant. L’aspect tactique, notamment le travail sur le porteur du ballon, a énormément évolué aussi. Sur le plan physique, je note un impact plus important. Enfin, toutes les filles ont une qualité technique moyenne beaucoup plus développée. Au final, je pense qu’on est aujourd’hui face à de véritables athlètes confirmées. À mon époque, les joueuses étaient fortes dans un domaine, mais pas dans un autre ; elles avaient toutes leurs spécialités et leurs spécificités, comme le jeu de tête ou les coups de pied arrêtées, mais elles étaient vraiment moins complètes dans leur jeu.

Vous êtes la meilleure buteuse de l’histoire de l’équipe de France (82 buts en 112 sélections), à une époque où le foot féminin était très peu médiatisé. Qu’en avez-vous retiré ?Beaucoup de choses extraordinaires, mais franchement, quand je les vois, j’aurais voulu vivre ce qu’elles vivent aujourd’hui. J’ai vécu des moments très forts individuellement, comme mon passage à Philadelphie, mais c’est toujours mieux de réussir collectivement. Le foot est un sport qui se joue en équipe, je n’aurais jamais marqué autant de buts sans mes partenaires.

Quel est le plus grand souvenir de votre carrière ?En équipe nationale, c’est incontestablement la première Marseillaise. La première sélection… C’est impossible à oublier, c’est tellement d’émotions de porter ce maillot. Sinon, j’ai quand même eu la chance de vivre l’Euro 97 en Suède.

Le fait d’avoir une sélection nationale en forme contribue-t-il à l’essor du championnat de France féminin ? Indéniablement, même s’il faut avouer que notre championnat est encore à deux vitesses, avec Lyon qui reste au-dessus du lot. On remarque néanmoins que le PSG commence à investir et à attirer des joueuses, les dirigeants ont annoncé leur volonté de joueur la Ligue des champions. Sinon, derrière, il y a Montpellier, qui vient de perdre Marie-laure Delie (partie au PSG) et Juvisy, qui restent des équipes solides. À terme, je pense que le championnat va s’équilibrer. Il est en tout cas en train de se professionnaliser.

Sentez-vous vraiment monter l’engouement pour le football féminin ? Comment cela se traduit concrètement ?Oui, je sens l’engouement monter. Cela se traduit tout d’abord par les gens que je croise dans la rue et qui m’interpellent. Il y a aussi le nombre important de textos que je reçois après chaque match ; d’ailleurs, j’en reçois en ce moment de Doc Gyneco que j’ai rencontré à un match à Charléty… On passe nos soirées à se textoter avant les matchs, il s’intéresse beaucoup (rires). De manière générale, l’engouement monte car il y a aujourd’hui une vraie communication mise en place par la Fédération, et une visibilité médiatique plus élevée qu’auparavant.

Comment vivez-vous les commentaires misogynes qui accompagnent souvent les prestations de l’équipe ? Franchement, ça m’énerve, mais cela m’insupporte moins maintenant qu’on arrive à fidéliser une partie croissante du public. Il faut dire que l’équipe de France a une image sympathique, avec des filles qui prouvent qu’on peut bien jouer au football tout en restant féminines, et qui ont en plus cette faculté de toucher les gens et être proches des supporters. Tous ces facteurs donnent selon moi envie de les suivre. Après, je me répète, on est l’équipe de France féminine, voilà… (Ferme) On sera toujours un ton en dessous des hommes, on ne pourra jamais rivaliser ne serait-ce que physiquement. Donc ceux qui ne nous aiment pas, qui pensent que le football féminin ne mérite pas la peine d’être regardé, je ne vais pas leur mettre le couteau sur la gorge pour qu’il suivent un match. Néanmoins, si les Bleues deviennent championnes d’Europe, ce que j’espère de tout cœur, je ne doute pas que cela contribuera à faire évoluer les mentalités.

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Propos recueillis par Christophe Gleizes

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