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Mariano, le rôdeur du Rhône
Dans les tuyaux depuis des semaines, le transfert de Mariano Diaz vers l’Olympique lyonnais est enfin effectif. Un renfort de choix pour des Rhodaniens qui, à défaut de s’assurer autant de pions qu’avec Lacazette, peuvent se targuer de s’être attaché les services d’une pépite qui ne lâche jamais rien. Présentation.
Au détour de sa bannière Twitter, Mariano Diaz Mejía, de son patronyme complet, ne laisse plus de place au doute. Lui, le troisième avant-centre du Real Madrid, canterano de la Fabrica de son état, délaisse son rang dans le vestiaire du Santiago Bernabéu pour atterrir dans l’ancienne capitale des Gaules. Un lion, donc, pour se rendre à Lyon et tenter d’y glaner un temps de jeu jusqu’ici réduit à peau de chagrin durant son étape avec l’équipe première du Real. De fait, le Dominicain à l’ascendance catalane espère troquer ses quatorze maigres apparitions toutes compétitions confondues, pour cinq banderilles et deux passes décisives, contre un rôle de titulaire au sein du club rhodanien. Pour l’Olympique lyonnais, ce renfort vient combler la perte prochaine d’Alexandre Lacazette, tout comme il permet de patienter avant l’arrivée d’une pointe d’un calibre supérieur. Mais que les Gones se rassurent : en comptant Mariano Diaz dans leur escouade, ils gagnent un attaquant aux incisives acérées et au mental en titane. Car depuis le début de sa jeune carrière, jamais rien ne lui a été offert sur un plateau. Bien au contraire.
Madrid, Barcelone et une croissance en berne
En gage de son indiscutable talent, le Dominicain peut déjà se targuer de compter dans son fan club Cristiano Ronaldo et Zinédine Zidane. Quand le Portugais le prend sous son aile et le couve à l’entame de la pré-saison passée, l’entraîneur français l’apprécie depuis bien plus longtemps. Ainsi, lorsqu’il prend les commandes de la Castilla à l’orée de l’exercice 2014-2015, le Marseillais découvre cet attaquant pêchu et véloce, létal dans la surface de réparation tout comme généreux dans l’effort. Membre du centre de formation merengue depuis son entrée chez l’équipe première des U-19, il jouit pourtant d’une cote de popularité relativement basse. Pour preuve, il n’est titulaire dans aucune des catégories madrilènes qu’il intègre. « Que ce soit chez les jeunes, au Real Madrid C ou à la Castilla, il ne jouait que les dernières minutes des matchs, rembobine Luis Miguel Ramis, ancien éducateur de la Fabrica, à El Pais. Mais dès qu’il entrait, il offrait ou mettait des buts. » Cette vérité, Zinédine Zidane la vit également. Si bien que pour son baptême du feu des bancs de touche, il n’utilise Mariano Diaz qu’en sortie de banc, tel un remplaçant de luxe.
Après une première saison mitigée, pour ne pas dire frustrante, Zidane décide tout de même de le conserver dans son effectif de Segunda B. La roue tourne, enfin, pour celui qui, déjà plus jeune, traverse une situation qui l’a endurci. Ce dont témoigne Enrique Pimpinela, coach qui le découvre alors qu’il n’a pas encore cinq ans : « À Barcelone, il se rendait toujours au parc avec son grand-père et faisait des choses très rares pour quelqu’un de son âge. J’ai dit à son grand-père que j’allais lui faire intégrer le club de Premia. » Quelques années plus tard, alors que Mariano souffle sa huitième bougie, le club de quartier se retrouve bien trop petit pour son talent. « L’Espanyol est venu le chercher, poursuit son premier entraîneur. Et il a continué à marquer de nombreux buts. Il était très rapide, élégant avec le ballon et impossible à arrêter. Mais il ne grandissait pas et l’Espanyol ne l’a pas conservé à cause de sa taille. » Après un retour forcé à la case départ de Premia, il rejoint Badalone, fanion de la périphérie barcelonaise, avec lequel il fait ses débuts en Coupe du Roi et en Segunda B. Suffisant pour taper dans l’œil du Real qui l’intègre à ses U-19 A, donc.
Sa prolongation, ou le premier souhait de Zidane
Jamais assuré de rien, mais toujours prompt à profiter des occasions qui se présentent à lui, le remplaçant Mariano Diaz fait son bonhomme de chemin au sein des différentes filiales madridistas. Une étiquette dont il se défait enfin sous la houlette de Zidane. À base d’efforts non comptés et de banderilles par dizaine, il se mue en sérieux concurrent de Borja Mayoral, petit prodige de la Fabrica, et grimpe dans la hiérarchie des attaquants du double Z. Mieux encore, la nomination du Marseillais à la tête de l’équipe première en janvier 2016 change du tout au tout son destin en blanc. Alors en fin de contrat et sans proposition de prolongation, il signe un nouveau bail sur demande express de Zidane, trois jours seulement après son intronisation. Après avoir terminé cet exercice comme meilleur artilleur de Segunda B – 27 pions en 32 rencontres –, il pousse même ses dirigeants, désireux de le prêter chez un pensionnaire de Liga, à le conserver à la suite d’une pré-saison détonante. Malgré les miettes que lui laissent Benzema et Morata, il conclut même sa seule expérience en Liga par une banderille toutes les 32 minutes. À ce rythme, Mariano ferait rapidement oublier Lacazette…
Par Robin Delorme