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Mariano, anonyme indispensable
Depuis son arrivée à l’été 2015 à Séville, Mariano ne connaît que très peu la lumière des projecteurs. Un certain anonymat qui ne l’empêche pas de s’imposer comme un indéboulonnable de Jorge Sampaoli, tout comme il s’était assuré une place de choix sous les ordres d’Unai Emery.
L’an passé, le FC Séville termine sa saison de la même manière que la précédente. Et que la précédente de la précédente. En somme, il s’adjuge une nouvelle Ligue Europa, la troisième de suite, pour le plus grand bonheur des aficionados sevillistas, mais aussi pour celui d’Unai Emery. Car plus qu’un ultime titre avec les Palanganas, l’actuel entraîneur du PSG voit nombre de ses choix – contestés une grande partie de l’exercice – validés par la performance de son onze face à Liverpool. En l’occurrence, les titularisations conjointes de Coke et de Mariano, qui se sont longuement partagés le poste de latéral droit toute la saison durant, comme il s’en explique dans les colonnes du Pais : « Je me rappelle qu’on me critiquait beaucoup pour ce changement. Mais ce sont des choses qui arrivent dans le football. J’ai eu confiance dans ces deux joueurs et ils me l’ont rendu au moment fatidique. » C’est que, longtemps moqué par le Sánchez-Pizjuán, le Brésilien s’offre une finale homérique, ponctuée d’un service en or, pour enfiler un costume d’indispensable qu’il ne quitte plus depuis l’arrivée estivale de Jorge Sampaoli.
Même les écharpes étaient contre lui
C’est qu’en débarquant dans la capitale andalouse à l’été 2015, Mariano Ferreira Filho se place en concurrent direct de Coke Andújar, capitaine et âme du FC Séville. Une mission ô combien délicate pour le Brésilien qui, rapidement, reçoit quolibets et autres moqueries de la part de l’exigeant public de Nervion. Pourtant, Unai Emery n’hésite pas à interchanger les deux joueurs à chaque rencontre, ce qui provoque l’ire de l’aficion et la création d’un nouveau chant dans les travées du Sánchez-Pizjuán : « Emery, mete a Coke por Mariano » – « Emery, mets Coke à la place de Mariano » , en VF. Mieux, des écharpes avec ce slogan apparaissent chez les vendeurs à la sauvette et font de l’ancien Bordelais l’une des raisons du mauvais début d’exercice du FC Séville, relégable à l’automne. « Coke se tue pour l’équipe, c’est l’un des vétérans et il a la discipline et la qualité pour jouer à n’importe quel poste, envoie en guise d’explication Unai Emery. Au début, Mariano a eu du mal, mais il a montré au fur et à mesure de la saison qu’il était un grand joueur. »
À en croire Jorge Sampaoli, nouveau venu sur le banc sévillan, le jugement de son prédécesseur tombe sous le sens. Car si Coke Andújar est l’un des poumons du FC Séville, il n’en est pas moins transféré vers Schalke 04 lors du mercato. Mariano, lui, reste à quai et profite à fond du départ de son principal concurrent pour s’acclimater au changement de philosophie à l’œuvre chez les Palanganas. En chiffres, il dispute, tout comme Sergio Rico, dans leur intégralité les six premiers matchs de la saison sévillane. Autrement dit, il devient illico un indéboulonnable du onze de l’entraîneur argentin. « Sampaoli a sa propre manière de faire jouer l’équipe. Tout comme Unai, il exige beaucoup de nous, mais selon sa tactique, sa manière de comprendre le football. Cela implique de jouer beaucoup plus haut et de couvrir énormément de terrain dans notre dos » , relaie-t-il dans une interview concédée à Marca. Une situation défensive précaire qui, au gré des rencontres et grâce au passage à une défense à cinq, laisse place à une activité offensive de tous les instants pour l’ancien Bordelais.
L’ombre de Dani Alves
La meilleure saison de sa carrière conclue, le Brésilien aux trente printemps s’attelle désormais à faire encore mieux. Autrement dit, sa progression passe forcément par la découverte de la sélection brésilienne. Une ambition personnelle qu’il ne cache pas lorsqu’il souhaite de joyeuses fêtes aux supporters sevillistas : « Je pense qu’il y a une possibilité de jouer avec le Brésil. Si le club est en forme et que je travaille dur, les bonnes choses arriveront. En jouant la Ligue des champions, Séville est plus exposé médiatiquement et je peux en profiter. » Pour le moment néophyte au niveau international, il aurait pourtant pu suivre le chemin de l’un de ses prédécesseurs brésiliens du Sánchez-Pizjuán, Dani Alves. C’est qu’après son premier exercice canon, le latéral droit, acheté pour seulement 2,5 millions d’euros, a tapé dans l’œil du FC Barcelone, qui est venu toquer à la porte de Monchi. La drague n’est pas allée plus loin, mais a le mérite de mettre en lumière un joueur qui ne se retrouve jamais dans la lumière. Qu’importe, puisque pour Emery comme pour Sampaoli, Mariano est indispensable.
Par Robin Delorme