- Match amical
- Suisse-France (2-1)
Qui sont les nouveaux visages des Bleues ?
Contraint de pallier les blessures des habituelles cadres, Laurent Bonadei a démarré son mandat de numéro un sur le banc des Bleues en appelant de nombreuses nouvelles joueuses. Bilan de cette découverte du château de Clairefontaine, que certaines pourraient revoir plus vite que prévu.
Pour ses deux premières à la tête de l’équipe de France féminine, le nouveau sélectionneur des Bleues Laurent Bonadei a fait confiance à de nombreuses nouvelles, venues combler les trous laissés par une liste d’absentes à n’en plus finir. Un turnover massif un peu subi, lui qui confiait dans son interview pour So Foot vouloir initialement « organiser cette rotation et cette revue d’effectif sur les deux rassemblements ». Finalement, cinq joueuses ont vécu leurs premières sélections lors des deux matchs contre la Jamaïque (victoire 3-0) et contre la Suisse (défaite 2-1), avec un bilan plus ou moins positif. C’est l’heure des présentations et des bilans.
Margaux Le Mouël – Paris FC
Celle qui n’est pas titulaire au Paris FC était alignée dès le coup d’envoi du match face à la Jamaïque vendredi, pour sa première avec le maillot bleu. 45 minutes plus tard elle est renvoyée sur le banc, mais absolument pas pour sanctionner sa prestation. Pas effrayée, la milieu de terrain de 23 ans a enchaîné entre bonnes passes dans l’espace et courses à n’en plus finir pour garder l’équilibre d’un système en 3-4-3 tout neuf. D’ailleurs, après sa sortie à la pause, les Bleues s’emmêlent les pinceaux et sont même proches d’encaisser un but de la 42e nation FIFA. Épreuve du feu réussie pour la jeune Bretonne, qui va glaner 45 autres minutes face à la Suisse mardi, où elle ne pourra pas éviter le golazo dévastateur de Naomi Luyet. Appréciation générale : encourageant. Avec la retraite internationale d’Amandine Henry et le départ en Arabie saoudite de Léa Le Garrec, Margaux Le Mouël a toutes ses chances de conserver sa chambre au château.
Kelly Gago – FC Nantes
Jamais une joueuse du FC Nantes n’avait été convoquée en équipe de France. Jamais non plus l’une d’elles n’avait donc marqué sous le maillot bleu. Eh bien grâce à Kelly Gago, c’est chose faite. À 25 ans, celle qui n’avait jusqu’ici connu que les équipes jeunes a crevé l’écran mardi, pour la mauvaise raison. Malgré une main plutôt le long du corps, elle se retrouve à concéder un penalty dès la 25e minute face à la Suisse. Elle qui a lancé le match va relancer la rencontre en égalisant dix minutes plus tard sur une frappe mal cadrée de Cindy Caputo, qu’elle reprend pour signer son premier but avec les Bleues. Un but « dans un contexte inattendu », concède-t-elle en après-match, en « espérant que ça ne soit pas le dernier ». Si elle avait appris sa première convocation par surprise via un message d’une de ses coéquipières qui était elle devant l’annonce de la liste de Bonadei, on lui conseille de suivre la prochaine, parce qu’une blessure de Marie-Antoinette Katoto est si vite arrivée…
Cindy Caputo – AS Saint-Étienne
Douze ans que l’AS Saint-Étienne n’avait plus envoyé une joueuse en équipe de France. Et son nom n’était pas vraiment attendu du grand public, elle qui compte deux buts avec l’ASSE depuis le début de saison. Laurent Bonadei l’a propulsée à Clairefontaine pour sa patte gauche, en raison du forfait d’Amel Majri, et l’a même fait entrer dans l’histoire des Verts, en devenant la première Stéphanoise à être titulaire avec les Bleues. Alternant entre milieu offensive et ailière gauche, la joueuse de 25 ans est restée dans ce qu’elle sait faire : déborder, provoquer, envoyer des galettes dans la boîte… Sa frappe ratée face à la Suisse s’est même terminée en passe décisive pour Kelly Gago, lui permettant d’ajouter une ligne de stats en seulement 62 minutes disputées. Suffisant pour espérer un épisode 2 ? Difficile de le dire. En tout cas son bizutage a été fait – alors que les Bleues ont pas mal de retard sur le sujet – et le point positif, c’est qu’on ne devrait plus l’entendre chanter.
Jade Le Guilly – Paris Saint-Germain
Enfin. C’est ce qu’a dû se dire Jade Le Guilly quand elle a vu son nom parmi le XI titulaire face à la Suisse. La défenseuse du PSG avait l’habitude de faire la navette entre les U23 et les A sous l’ère Hervé Renard, souvent obligé de piocher chez les plus jeunes pour pallier les blessures à répétition de Wendie Renard, Griedge Mbock et Maëlle Lakrar. Mais elle n’avait jusqu’ici connu que le banc et les décrassages d’après-match. Habituée à jouer les couteaux suisses de l’arrière-garde, c’est en tant que latérale droite qu’elle débute face aux Helvètes, avec à son actif une grosse occasion en fin de match qui vient s’écraser malheureusement sur les montants d’Elvira Herzog. Baladée à tous les postes au PSG, au gré des humeurs de Fabrice Abriel, la joueuse de 22 ans a comme avantage de savoir jouer aussi bien dans un 4-3-3 que dans un 3-4-3, comme piston ou défenseuse centrale droite, les deux systèmes testés par Bonadei pendant cette trêve. Et vu qu’elle n’a pas vraiment de concurrence à droite, il ne tient qu’à elle de transformer l’essai.
Lou Bogaert – Paris FC
Surexploitée la saison passée entre la D1, la Ligue des champions et l’équipe de France U23, Lou Bogaert avait fini l’exercice 2023-2024 complètement cramax. Et avec cette première convocation chez les A à tout juste 20 ans, elle prend le chemin d’une deuxième saison en première division bien usante. Titulaire face à la Suisse, la latérale gauche du Paris FC avait été mise dans les meilleures dispositions, avec devant elle Julie Dufour, sa coéquipière en club. Mais le saut dans le grand bain s’est avéré plus compliqué que prévu pour la Nordiste, en galère autant sur ses contrôles que sur son placement défensif. Classée comme jeune prometteuse depuis plus d’une saison, elle fait partie de celles qui vont devoir « travailler en club pour progresser » avant de remettre un pied dans les Yvelines, même si Bonadei ne l’a pas expressément nommée en conférence de presse. Elle qui débarquait à Clairefontaine avec l’envie de « faire rêver les petites filles d’être un jour elles aussi en équipe de France » devra d’abord faire rêver son sélectionneur, si elle ne veut pas que sa sélection soit un one shot.
Par Anna Carreau