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Marcus Thuram, comme un air de famille
Parmi les 26 joueurs convoqués par Didier Deschamps pour un amical contre la Finlande (le 11 novembre), un déplacement au Portugal (le 14 novembre) et la réception de la Suède (le 17 novembre), un petit nouveau : Marcus Thuram. Mais l'attaquant de Mönchengladbach faisait déjà un peu partie de la famille.
« Vous regardez les matchs du Betis ? » Pour expliquer la convocation de Nabil Fekir au détriment de celle d’Houssem Aouar – alors que les deux joueurs ne sont pas forcément à mettre en concurrence –, Didier Deschamps joue la carte EDD, comme pour défier les journalistes présents au siège de la FFF. « C’est mon boulot de regarder les matchs hors de France, même si j’aime bien la Ligue 1 et la Ligue 2. » Visiblement, il n’y a pas que la Liga qui a su retenir l’intérêt du sélectionneur tricolore. Le Borussia Mönchengladbach a également éveillé ses papilles, même si le Basque ne s’est pas aventuré à écorcher le nom du club rhénan. Après une semaine plus que décevante pour le football français sur la scène européenne, personne ne lui en voudra de regarder ce que les expat’ bricolent. Parmi ceux-là : Marcus Thuram, 23 ans, dont le patronyme rappelle forcément quelques petites choses du côté de Clairefontaine.
« Un fils de, comme c’est déjà arrivé à certains »
Oui, l’attaquant des Fohlen a « la particularité d’être le fils de, comme c’est déjà arrivé à certains ». Un peu à tout le monde, à vrai dire. Forcément, être le premier rejeton d’un champion du monde 1998 sélectionné à son tour en Bleu est quelque chose de symbolique et file un sacré coup de vieux. Mais il y a évidemment d’autres facteurs qui expliquent la présence du fiston Thuram dans le groupe A. « Ça doit faire énormément plaisir à son papa, Tutu, mais ça passe au deuxième, voire au troisième plan, assure Deschamps, histoire d’évacuer tout soupçon de piston. Marcus, je le suis depuis un bon moment. Il a un profil intéressant de par ce qu’il fait en Allemagne. Il apporte beaucoup de percussion et de puissance sur les côtés et il a la capacité d’être présent et bon lors des grands matchs. »
Dernièrement, c’est en Ligue des champions que l’international espoir (cinq capes) s’est illustré, avec un doublé contre le Real Madrid. Son coéquipier Alassane Pléa aurait pu l’accompagner chez les Bleus. Mais en dépit de son superbe triplé de la semaine, c’est la concurrence qui lui a coûté sa place. « C’est un axial et j’en ai déjà suffisamment dans ce registre », a tranché le sélectionneur.
L’Allemagne, la ligne de démarcation
Né à Parme au moment où Lilian s’imposait comme l’un des meilleurs défenseurs de la Botte, Marcus est de ceux qui sont arrivés au monde sous une bonne étoile. Et c’est naturellement qu’il l’a suivie, à son rythme, sans brûler les étapes. AC Boulogne-Billancourt, FC Sochaux-Montbéliard, EA Guingamp, Borussia Mönchengladbach : le parcours est linéaire, progressif. Mais c’est vraiment ce départ à l’étranger, la saison dernière, qui a accéléré les choses. « Je savais que je rejoignais une équipe qui me connaissait. Un coach avec lequel j’ai eu un très bon feeling. Je n’avais pas de doute sur le fait que ça pouvait très bien se passer, expliquait-il au Télégramme récemment. Quitter la France m’a fait grandir. » Grandir, mais surtout s’affirmer. Outre-Rhin, Marcus dénote : voilà un joueur puissant capable de faire exploser les couloirs adverses et de bousculer les idées reçues. Il y a aussi ce garçon qui n’a pas peur de s’engager et de poser le genou à terre au plus fort du mouvement Black Lives Matter. Parce que le football n’est clairement pas le seul héritage.
C’est donc avec cette personnalité et cette nouvelle assurance qu’il a attiré l’œil du sélectionneur. En février dernier, à France Football, il affirmait se sentir « pas trop loin » de l’équipe de France. Mais le gamin ne faisait pas « une fixette » des Bleus, alors que le complexe de la seconde génération de champions se résume souvent à devoir faire forcément mieux que le père. Récemment, ses performances l’ont poussé à découvrir qu’il avait déjà marqué autant de buts que Lilian en Ligue des champions : « Je ne savais même pas que mon père avait marqué en Ligue des champions. Mais je suis fier de lui. » S’il aura certainement la possibilité d’égaler le capital but de son héros de père, Marcus devra en revanche s’accrocher pour le rattraper en matière de capes. Pour le coup, papa a 142 capes d’avance.
Gardiens : Benoît Costil (Bordeaux), Hugo Lloris (Tottenham), Mike Maignan (Lille), Steve Mandanda (Marseille).
Défenseurs : Lucas Digne (Everton), Léo Dubois (Lyon), Lucas Hernandez (Bayern), Presnel Kimpembe (Paris), Clément Lenglet (Barcelone), Benjamin Pavard (Bayern), Raphaël Varane (Real Madrid), Kurt Zouma (Chelsea).
Milieux : N’Golo Kanté (Chelsea), Steven Nzonzi (Rennes), Paul Pogba (Manchester United), Adrien Rabiot (Juventus), Moussa Sissoko (Tottenham), Corentin Tolisso (Bayern).
Attaquants : Wissam Ben Yedder (Monaco), Kingsley Coman (Bayern), Nabil Fekir (Betis), Olivier Giroud (Chelsea), Antoine Griezmann (Barcelone), Anthony Martial (Manchester United), Kylian Mbappé (Paris), Marcus Thuram (Mönchengladbach).
Par Mathieu Rollinger