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Marcus Rashford est-il si fort ?
Brillant à ses débuts, Marcus Rashford a marqué le pas pendant deux ans avant de retrouver la lumière ces dernières semaines. À tel point qu'à 25 ans, il s'affirme désormais comme le leader offensif d'un club en plein renouveau. Mais alors, où placer ce Marcus Rashford en pleine mise à jour ?
Un tir au but manqué lors de la finale de l’Euro 2020, des performances décevantes avec Manchester United où son nom apparaît plus souvent dans la colonne des remplaçants que dans celle des titulaires et un avenir incertain au sein de son club de toujours. Depuis qu’il a gagné sa lutte contre le gouvernement anglais en 2020, Marcus Rashford a vu sa carrière basculer du conte de fées au cauchemar. Petit à petit, le gamin qui marchait sur l’eau à ses débuts avec Manchester United a laissé place à un jeune homme qui ne semblait plus vraiment à sa place sur un terrain, perdu au milieu d’un club qui lui-même était en train de se perdre. Pourtant, au moment de défier Crystal Palace et depuis plusieurs semaines, l’attaquant brille à nouveau, emmenant dans son sillage les Red Devils. Suffisant pour enfin intégrer le gratin mondial auquel Marcus Rashford a toujours été destiné ?
Des petits pions pour Marcus, un grand pas pour Rashford
Depuis la fin du Mondial, les matchs se suivent et se ressemblent pour le numéro 10 mancunien qui a planté, au moins, un pion – huit au total – lors de chacune de ses sept sorties, égalant au passage un record de Cristiano Ronaldo datant de 2008.
7 – Marcus Rashford est le 1er joueur de Manchester United à marquer lors de 7 matchs consécutifs toutes compétitions confondues depuis Cristiano Ronaldo en avril 2008. Patron. #MUNMCI pic.twitter.com/DIy3cYNEod
— OptaJean (@OptaJean) January 14, 2023
Mieux, en marquant lors des neuf dernières parties disputées par United à Old Trafford, et notamment face à Manchester City, celui qui n’a que 25 piges a égalé le record de Dennis Viollet datant de 1959. De nouveau sous les feux des projecteurs, Rashford bénéficie du départ de CR7 pour endosser le costume de leader offensif au sein de l’escouade offensive des Red Devils. Encombrant, le Portugais, en plus d’occuper la scène médiatique, prenait beaucoup de place au sein de l’effectif mancunien, inhibant parfois certains de ses coéquipiers. Habitué à être baladé sur tout le front de l’attaque ces dernières saisons, l’Anglais a également profité du départ du Portugais pour être installé sur le côté gauche – son poste préférentiel – par Erik ten Hag depuis la mi-novembre.
Autant d’éléments qui lui ont permis d’atteindre un niveau qu’il n’avait sans doute jamais encore touché du doigt. Et comme à chaque fois qu’un joueur retrouve la forme, les éloges pleuvent. Ancien de la maison, Louis Saha ne déroge pas à cette règle dans les colonnes de BoyleSports : « Marcus Rashford est l’un des cinq meilleurs joueurs au monde en ce moment. […] S’il jouait dans une équipe en confiance, il serait déjà dans une liste avec les habituels prétendants au Ballon d’or. » Alors simple flatterie ou vérité absolue ?
Décisif, mais pas indiscutable
Cette déclaration fait en tout cas écho à celle de Gareth Southgate pendant le Mondial : « Je suis allé le voir pendant l’été et j’ai eu une longue discussion avec lui. Nous avons une version complètement différente du joueur de celle que nous avions à l’Euro l’été dernier. C’est génial pour lui et pour nous. » Génial, mais pas suffisant toutefois pour permettre au gamin de Wythenshawe de prendre place dans le onze des Three Lions au Qatar. Contre la France, en quarts de finale, Rashy ne dispute que cinq minuscules minutes alors que son équipe court après le score. Au total, il ne passe que 137 minutes sur le pré au Qatar, dont 76 contre le pays de Galles lors du dernier match de poule. Devant lui, Harry Kane, Bukayo Saka, Phil Foden, Mason Mount ou encore Raheem Sterling sont chargés de l’animation offensive des Three Lions.
Hormis le joueur de Tottenham, capitaine et meilleur buteur de la Coupe du monde 2018 et éventuellement le feu follet d’Arsenal, difficile de voir les trois autres comme des incontournables. Signe que, malgré ses trois pions dans le désert, le Mancunien n’est lui-même pas considéré comme un pion indispensable par son sélectionneur et n’a pas véritablement changé de statut. Même dans son propre royaume, en Angleterre, Marcus Rashford ne peut, pour l’heure, pas, légitimement, monter sur le trône. En plein redressement, Manchester United pourrait bien retrouver le podium, voire mieux en fin de saison, mais son attaquant reste encore à bonne distance des meilleurs joueurs du championnat. Erling Haaland et Harry Kane, tous les deux en haut du classement des buteurs, naviguent à bonne distance (respectivement treize et sept pions) du Mancunien et de ses huit caramels. À ce petit jeu, celui qui a planté contre Liverpool, Arsenal et City cette saison n’occupe que le huitième rang, à égalité avec Martin Ødegaard, pourtant milieu de terrain. Preuve que malgré son retour à un excellent niveau, il est encore trop tôt pour le placer parmi les meilleurs joueurs du monde. En revanche, c’est sans doute la version la plus aboutie de lui-même que présente le Mancunien ces dernières semaines. Et rien que ça, c’est déjà une bonne nouvelle.
Par Florian Porta