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Marcos Llorente, le Real dans la peau
À l’heure d’affronter son Real Madrid formateur, samedi, Marcos Llorente s’est déjà affirmé comme l’un des cracks en devenir de la Liga. Mais plus encore que ce statut d’espoir, le jeune Madrilène espère perpétuer l’héritage familial de son grand-oncle et légende madridista, Paco Gento.
Le Camp Nou fait grise mine. Pour la seconde sortie à domicile de ses poulains, l’antre blaugrana se désespère à la vue du tableau d’affichage. Battu par le promu Alavés (1-2), le FCB délaisse ses premiers points dans la course au titre et aperçoit le Real Madrid se faire la malle. Plus encore que ses coéquipiers, Marcos Llorente, sentinelle du onze de Vitória, vit ce succès comme un rêve. « C’est clair que cette victoire au Camp Nou a encore meilleur goût en étant madridista, rejoue le longiligne milieu de vingt et un ans dans les colonnes de Marca. Depuis tout petit au Real, le Barça est l’adversaire à battre dans toutes les catégories, et franchement, je n’aurais jamais pensé gagner au Camp Nou. » Du rêve à la réalité, le canterano de la Fabrica devient, pour son premier exercice en Liga, l’une des révélations du championnat. Des débuts canon qui ne passent pas inaperçus dans les bureaux du Santiago Bernabéu, là où les nombreux conseillers de Florentino Pérez le pressent de faire revenir de son prêt la pépite Llorente. D’autant plus que descendant de Paco Gento, légende et président d’honneur du Real Madrid, c’est un sang 100% merengue qui coule dans ses veines.
L’héritier d’une longue lignée dorée
Enfin, pas tout à fait, puisque son paternel, Paco Llorente, formé dans la cantera merengue, a un temps porté la liquette de l’Atlético. Les photos où il apparaît avec les couleurs rojiblancas ne plaisent pas forcément à sa progéniture. « De l’Atlético, putain… Cela faisait dix ans que j’étais né. Je n’aime pas ça, pas du tout. Je ne m’imagine pas à l’Atlético, je serai toujours de blanc vêtu » , blague-t-il devant un parterre de journalistes hilares dans la rédaction de Marca. Cette infidélité reste tout de même anecdotique dans une famille qui compte pas moins de huit membres étalés sur trois générations ayant porté le maillot blanc immaculé. De ces grands-oncles du côté paternel Paco, Julio et Antonio Gento, tous un temps joueurs de l’équipe première du Real, jusqu’à ses oncles Julio, José Luis et Toñin Llorente, ces deux derniers basketteurs de la section madridista, en passant par son grand-père maternel, Ramon Grosso, il se veut l’héritier d’une longue lignée d’adorateurs de la Casa Blanca. « Dans ma famille, j’ai plusieurs sportifs d’élite, cela m’aide beaucoup, car ils savent comment cela se passe au Real, c’est un grand avantage » , analyse-t-il.
« De fait, avec mon oncle Julio, nous voyons mes matchs plusieurs fois pour corriger mes erreurs. À la maison, on m’a appris à gagner avant que j’intègre le Real Madrid. On ne parlait que de football, surtout avec mon grand-père Ramon. Désormais, cela ne m’arrive plus, mais quand j’étais petit, je pleurais quand le Real perdait. Je ressens le football d’une manière particulière depuis tout petit. » Forcément, être la relève de la plus grande famille de footballeurs qu’ait connue la Maison-Blanche s’accompagne d’une pression accrue. D’autant plus que, comme il l’avoue de son propre chef, son niveau dans les catégories inférieures du Real laissait à désirer. Trop frêle, pas assez dur sur l’homme, il conserve un statut de remplaçant jusqu’à son arrivée avec les U19 B. La rencontre avec Fernando Morientes, son coach d’alors, est un tournant dans sa jeune carrière : « Cette année-là, j’ai commencé les trois premiers matchs dans les gradins, alors je me suis mis à travailler seul. Ça m’a permis de prendre beaucoup de force, et à partir du sixième match, je ne suis plus sorti du onze. C’est là que tout a changé. »
Paco Gento : « Il est meilleur que moi à son âge »
Le changement est radical, brutal. Car en l’espace de deux exercices, celui dont l’avenir à la Fabrica s’assombrissait de jour en jour devient l’un des porte-étendards de la formation madrilène. Élégant milieu de terrain dont le modèle répond au nom de Xabi Alonso, il gagne en taille, en musculature et en intelligence de jeu. Autant de critères qui lui permettent d’enregistrer une première apparition avec l’équipe première alors dirigée par Rafa Benítez. L’ascension est fulgurante, les flashs commencent à crépiter, mais Marcos, également baptisé en interne « le Busquets de la Fabrica » , peut compter sur les conseils avisés de son aïeul Paco Gento, qui « me dit sans cesse de travailler et de rester humble » . Pour autant, le joueur le plus titré de l’histoire du foot se veut le premier fan de Marcos : « Il est meilleur que moi à son âge et doit triompher. Il peut devenir un grand joueur du Real Madrid. » Une analyse que partage le board madrilène ainsi que Zidane, qui aurait aimé le rapatrier dès cet hiver et le transformer en doublure de Casemiro. Reste qu’en ce samedi après-midi, l’entraîneur du leader de la Liga pourra jauger de visu les progrès de la prochaine sentinelle du Bernabéu.
Par Robin Delorme