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Marco Verratti, l’homme qui ne marque jamais
À 21 ans, l’Italien Marco Verratti est déjà une référence à son poste. Acheté à Pescara pour 11 millions d’euros, le petit milieu de terrain sait tout faire. Tout, sauf marquer. Un problème ?
Dans la vie, Marco Verratti a des vices. Celui de beaucoup trop la ramener auprès du corps arbitral, par exemple, ou alors de mettre constamment son chien en avant sur Instagram. Des défauts de jeunesse, dirons-nous. Parce qu’en vérité, le plus gros défaut de Marco Verratti, c’est son sens du but. Ou, plutôt, son absence de sens. En 66 matchs officiels avec le PSG depuis son arrivée lors de l’été 2012, l’Italien n’a jamais trouvé le chemin des filets. Jamais. Il n’en a même jamais été proche, puisque le numéro 24 ne tente jamais sa chance. Pourtant, ce ne sont pas les situations de but qui manquent. Bien souvent, à la sortie de ses petits crochets délicieux, Verratti s’offre des fenêtres de tir, mais rien n’y fait. Le mec préfère trouver un pote dans un petit espace plutôt que de tenter sa chance. Parfois. Souvent. C’est énervant, car l’Italien mériterait de trouver la mire une fois de temps en temps. Cela dit, il y a une explication. En réalité, il ne sait pas tirer. « Marco ? Il a une frappe horrible » , rigole un ancien milieu de terrain du PSG parti cet été dans un autre club de Ligue 1.
Un sniper sans viseur
Amusant de voir qu’un homme capable de balancer des diagonales sur un terrain et possédant la vision de jeu d’un hibou peine dans la chose la plus élémentaire du football : tirer. Dieu est ingrat. C’est comme ça. Verratti est un excellent tireur d’élite, mais son fusil est une relique. Dans de telles circonstances, difficile de trouver la cible. Pour autant, l’Italien est sans doute le joueur le plus unique du milieu de terrain parisien. Alors que Thiago Motta, Blaise Matuidi, Adrien Rabiot ou même Yohan Cabaye sont capables de claquer des buts, l’Italien reste au-dessus du lot malgré son zéro pointé à Time Crisis. C’est un diamant. « Il est exceptionnel. Quand il est arrivé, je ne le connaissais pas très bien. Dès son premier entraînement, j’ai tout de suite vu qu’il avait du talent » , déclare Claude Makelele sur le site du club avant d’embrayer : « Je pense qu’il ne faut pas le changer. Son innocence est sa qualité. Si nous le changeons, il ne sera pas aussi efficace. Il faut le laisser mûrir, il apprendra au fur et à mesure. Il va s’assagir. » Marco Verratti n’est pas un box-to-box, il n’a pas vocation à l’être. Il est avant tout là pour l’intérêt commun, à savoir faire briller les potes. En NBA, il aurait été le mec qui régale constamment au départ des alley-oop. Celui que l’on oublie car il ne conclut jamais l’action. Pourtant, tout part de lui. Toujours.
Jason Kidd plutôt que Michael Jordan
Zlatan Ibrahimović, un autre génie de la passe, sait à quel point Marco est important dans une équipe. « Quand vous avez Verratti dans votre équipe, vous êtes plus confiant dans votre façon de jouer. Je parle aussi du duo qu’il forme avec Thiago Motta. Je n’ai jamais vu une telle relation entre deux joueurs au milieu. » Avec les deux Italiens, le PSG s’est adjugé une arme de destruction massive. Des cracks. Chacun dans son registre. À 21 ans, Verratti possède encore une énorme marge de progression. Personne ne sait vraiment où l’enfant de Pescara va s’arrêter. D’aucuns parlent de nouveau Pirlo. D’autres d’un Marchisio amélioré. Rien du tout. Verratti est avant tout un nouveau genre. Un footballeur qui élève au rang d’art le concept de la passe. Sur un parquet de basket, Marco serait plus un Jason Kidd qu’un Michael Jordan. Un homme qui délaisse finalement ses statistiques offensives pour faire briller le collectif. D’ailleurs, l’Italien s’est confié dans les colonnes du Parisien sur son amour de l’offrande : « J’aime tout. Attaquer comme défendre. Mais, évidemment, j’adore plus le jeu technique que la partie purement physique. J’aime regarder les autres jouer et j’aime leur offrir de bons ballons. Et offrir une passe décisive, c’est comme offrir un cadeau. C’est très beau. » Avec Marco, c’est tous les jours Noël.
par Mathieu Faure