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Marco Rossi, le Magyar revanchard

Par Andrea Chazy
Marco Rossi, le Magyar revanchard

À l’heure d’entamer son Euro face au Portugal dans son stade Ferenc-Puskás de Budapest, la Hongrie pourra compter sur le soutien de plus de 65 000 supporters, mais surtout sur un sélectionneur revanchard en la personne de Marco Rossi. Le divin chauve italien de 52 ans, disciple de Bielsa et Lucescu qui n’a jamais eu sa chance au cœur de la Botte, vit sa meilleure vie au pays des thermes.

Depuis la création du ballon rond, pas sûr qu’il y ait eu beaucoup de sélectionneurs hongrois sereins avant d’affronter successivement le Portugal, la France puis l’Allemagne en l’espace de neuf jours. Allez, peut-être que Gusztáv Sebes, tête pensante de l’équipe magyare de Puskás dans les années 1950, aurait pu faire allégrement partie de ceux-là. Un peu plus surprenant : Marco Rossi n’est pas non plus dans un état de stress avancé au point de l’obliger à s’arracher les cheveux. Peut-être parce qu’il n’en a plus, d’une part, mais aussi parce que l’ancien coéquipier de Gheorghe Hagi à Brescia dans les années 1990 n’aurait jamais imaginé en arriver là. Alors, lorsque Cristiano Ronaldo en conférence de presse s’autorise à évacuer la pression qui pèse sur les épaules de sa Selecção, Rossi, lui, la récupère volontiers : « Je suis d’accord avec lui quand il dit que ce n’est pas important de gagner le premier match si tu gagnes l’Euro, mais le Portugal a sept matchs pour conserver son trophée. Moi, je n’ai pas cette possibilité avec la Hongrie. Sinon, je penserais comme lui.(Il sourit.) Nous entrerons donc sur le terrain mardi en se disant qu’on va jouer comme si c’était le dernier match de notre carrière. Là est la différence avec le Portugal. »

 J’aurais pu faire de la main-d’œuvre dans le cabinet de comptable de mon frère.

Clubs de seconde zone et cabinet de comptable

Si l’autre sélectionneur italien du tournoi, Roberto Mancini, a fait du succès des Azzurri à l’Euro une revanche personnelle du fait de son passé de joueur moyen en équipe nationale, Marco Rossi en est lui à des années-lumière. Celui qui a grandi à Pozzuoli près de Naples n’a jamais eu l’opportunité de revêtir le maillot azzurro, jamais eu l’occasion d’aller voir plus haut que la Samp en 1993 (ce qui est déjà pas mal) avec une Coupe d’Italie à la clé, et qui n’a surtout jamais eu sa chance comme technicien au plus haut niveau. À son actif, que des clubs de seconde zone entraînés aux quatre coins de la Botte. Dans l’ordre : Lumezzane et Pro Patria en troisième division, le Spezia Calcio, Scafatese puis enfin Cavese, deux provinces de Salerne, en Serie D.

Nous sommes en 2011 et cette ultime expérience part en vrille : la femme de Rossi se fait cracher dessus en tribunes alors que le club « avait démarré la saison avec sept points de pénalité et que l’équipe s’en sortait bien, racontait un Rossi pas vraiment nostalgique quelques années plus tard. J’ai démissionné et j’ai dit que je n’entraînerais plus jamais dans le Sud. L’année suivante, j’ai reçu trois offres, mais on m’a dit que pour entraîner en Serie C, il fallait que je paye. J’étais dégoûté. J’ai préféré rester à l’écart du football en pensant à un autre emploi. J’aurais pu faire de la main-d’œuvre dans le cabinet de comptable de mon frère, par exemple. »

En Italie, il y a de bons entraîneurs, mais il semble que nous ayons honte de regarder en dehors de nos frontières.

Lucescu, Bielsa : le Rossi hongrois

Mais comme dans toute histoire pouvant être racontée aux enfants, c’est un voyage qui va changer le destin de Marco Rossi. Parti rendre visite à un ami restaurateur vivant à Budapest, il y rencontre là-bas le directeur sportif du Budapest Honvéd Football Club. La sucess story peut débuter. Si les deux premières années sont correctes, le deuxième mandat (de 2015 à 2017) chez l’ancien géant hongrois le voit décrocher le titre de champion au nez et à la barbe d’un Ferencváros qui a raflé la couronne lors de quatre des six dernières éditions. Mieux, pour le Honved, ce n’est ni plus ni moins que le premier sacre national depuis 1993. Tant pis si ce couronnement arrive lors d’une année dorée (2017) pour les entraîneurs italiens où Antonio Conte a remporté la Premier League avec Chelsea, Carlo Ancelotti la Bundesliga avec le Bayern, Max Allegri le Scudetto avec la Juve ou encore Massimo Carrera en Russie avec le Spartak Moscou : Rossi a prouvé à sa manière qu’il valait peut-être bien mieux que ce qu’on pensait de lui au pays. « Je crois que si je n’ai pas eu de grandes opportunités dans mon pays, c’est parce que je n’ai pas su cultiver certaines relations lorsque j’étais footballeur, avançait-il sans trembler en 2019 après avoir battu la Croatie avec la sélection hongroise. En Italie, il y a de bons entraîneurs, mais il semble que nous ayons honte de regarder en dehors de nos frontières. »

Aller voir au-delà de la Sicile ou de la Sardaigne, Marco Rossi n’en a jamais eu peur. Dès sa carrière de joueur, il n’avait pas hésité à aller voir ce qu’il se passait ailleurs pour apprendre, comprendre, s’enrichir d’autres cultures et d’autres façons de voir le football. En 1995 par exemple, un an avant de rallier l’Allemagne et l’Eintracht Francfort, il était au Mexique sous l’égide de Marcelo Bielsa. Une pige d’un an au Club América sous les ordres d’El Loco qui, comme tant d’autres avant et après lui, l’a marqué : « Bielsa était une personne totalement transparente qui disait tout en face et attendait la même chose du joueur en retour. C’est en cela que je peux me retrouver en lui, aujourd’hui. Je me souviens également avoir été frappé par l’attention avec laquelle il étudiait tous les aspects du football, pendant des heures enfermé dans son bureau au centre d’entraînement. Plus que sur les schémas, il a travaillé sur les principes de jeu : je fais ceci dans telle situation, et cela dans telle autre. Parce qu’en fonction de l’adversaire, de la façon dont il vous attaque ou de sa force, vous devez avoir plus de solutions. J’aimerais le rencontrer à nouveau, il fait partie de mes deux mentors avec Lucescu que j’ai eu l’opportunité de revoir récemment. » Aujourd’hui, la Hongrie peut lui dire merci : en plus d’offrir un football attrayant, le 3-5-2 hongrois n’a plus perdu la moindre rencontre depuis onze matchs (dont sept succès). Le reste du groupe D est prévenu : même sans Dominik Szoboszlai, la Hongrie de Rossi n’est pas là pour faire le nombre.

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Par Andrea Chazy

Tous propos de MR recueillis par le Fatto Quotidiano, le Corriere della Sera et la Provincia di Varese.

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