- C1
- Quarts
- Real Madrid-Chelsea (2-0)
Marco Asensio, sort de second
Marco Asensio n’aura eu besoin que de trois minutes pour sceller le succès du Real Madrid ce mercredi face à Chelsea (2-0). Le symbole du rendement ultra-efficace du nouveau joker merengue.
Cinq touches de balle, 180 secondes. C’est ce qui aura suffi à Marco Asensio, relayant Rodrygo, pour délivrer à la 75e minute le Real Madrid face à Chelsea ce mercredi soir (2-0), dans ce duel aller en quarts de finale de la Ligue des champions. Une frappe du gauche caractéristique, sèche et au sol, pour piéger un Kepa Arrizabalaga détendu de tout son long. Cette réalisation, le Majorquin en avait longtemps fait une spécialité dégustée chaque fin de semaine à Santiago-Bernabéu, avant de l’oublier peu à peu, au détour de saisons fades et sans éclat. Mais depuis l’hiver, « Sonrisa » a montré qu’il était de retour, cette fois dans un costume de joker qui lui sied à merveille. Et qu’il rend excellemment bien à son équipe.
La sortie du piège
Il ne serait alors pas trop osé de dire que l’entrée de Marco Asensio contre les Londoniens a eu valeur de revitalisation pour le Real Madrid. S’ils maîtrisaient globalement leur sujet, aidés par l’ouverture du score de Karim Benzema, les Merengues ont en effet pâti d’une torpeur latente au retour des vestiaires. Un manque de piquant que les Blues ont déjà essayé d’exploiter lors du premier acte, par des incursions signées João Félix et Raheem Sterling, et qu’ils ont, tant bien que mal, tenté de réitérer après la pause, malgré les blessures de Kalidou Koulibaly et l’expulsion de Ben Chilwell. Le scénario piégeux se mettant en place, l’apparition pleine d’à-propos d’Asensio s’est faite dans le meilleur des timings. Quelques appuis-remises auront ainsi suffi à l’échauffer, avant de placer sa banderille du gauche, pour définitivement faire souffler Carlo Ancelotti.
Les célébrations du technicien italien, mêlées à celles de Luka Modrić et Toni Kroos, trahissent d’ailleurs ce soulagement. « Asensio est un joueur très important dans notre réflexion, car il a rarement besoin de beaucoup de ballons pour s’illustrer, signait Carletto en zone mixte après la rencontre. Il se contente d’assez peu pour créer le danger. » Ces miettes, c’est ce qui fait justement le sel de cet Asensio nouveau : un ultra-efficace, dont le temps de jeu ne semble plus avoir d’importance. En marquant ce mercredi, il est ainsi devenu le remplaçant le plus prolifique de l’histoire de la C1. Neuf pions en sortie de banc (deux fois contre le Bayern et l’Ajax, l’Atalanta, Leipzig, la Juventus, l’Inter et Chelsea), pour un record, mais surtout en guise d’illustration de ce rendement clinique. En cette campagne européenne 2022-2023, l’ailier en est à trois réalisations en neuf matchs, dont deux seulement comme titulaire.
Monsieur garantie
Au sein d’un Real Madrid au onze plutôt figé, Asensio a donc appris à faire avec ce qu’on lui donnait. À ne plus réclamer « du respect et du temps de jeu » comme il l’a longtemps fait à travers les médias, et à oublier ses émoluments sportifs longtemps mis en lumière dans sa période Golden boy. La maturité aidant, le voilà désormais prêt à 27 ans à pleinement assumer sa facette de remplaçant de luxe. Pour une nouvelle représentation chiffrée : en moyenne cette saison, l’intéressé n’a besoin que de 80 minutes par match pour marquer ou délivrer une passe décisive (12 titularisations sur 38 rencontres disputées).
9 – Marco Asensio a marqué 9 buts en tant que remplaçant en Ligue des champions, soit 2 de plus que tout autre joueur dans l'histoire de la compétition. Impact. #RMACHE pic.twitter.com/DHhToa4iRO
— OptaJean (@OptaJean) April 12, 2023
Autant d’arguments visibles au-delà des tableaux statistiques. Car à l’image de Dani Ceballos – aux velléités moins offensives, mais à l’utilisation similaire par Ancelotti –, Asensio fait bien plus que du dépannage. « Il est primordial dans la manière dont nous l’utilisons, et dont lui s’applique à respecter ces consignes », précisait son coach, toujours après Chelsea. Comprenez : le joueur doit avoir l’impact nécessaire, au moment demandé. Chose faite depuis cet hiver et une dimension de plus en plus essentielle au bon fonctionnement de la rotation merengue. Tant en meneur de jeu, pour pallier les absences de Modrić (symbolisée par son excellente prestation devant Villarreal, le week-end dernier) que dans son habituel jeu de couloir, en substitution de Rodrygo ou Federico Valverde. Ce qu’il fallait, finalement, pour que ce bonhomme au potentiel affirmé retrouve de sa superbe. Et que le Real Madrid retrouve son « sourire ».
Par Adel Bentaha