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Marco Asensio, l’enfant prodigue des Baléares

Par Robin Delorme, à Madrid
4 minutes
Marco Asensio, l’enfant prodigue des Baléares

Homme fort de la Roja championne d'Europe U-19, Marco Asensio s'annonce comme la promesse de la prochaine Liga. Une condition d'espoir dont il devra rapidement se défaire, sous peine de végéter sous la guérite du Real Madrid.

Chaque matin, Gilberto Asensio emprunte un détour pour se rendre sur son lieu de travail. Avant d’enfiler l’uniforme de mise dans son supermarché, il dépose sur le parking du centre d’entraînement du RCD Majorque son premier rejeton. L’aube se lève tout juste et Marco enchaîne les jongles, seul, en attendant l’ouverture des portes de sa seconde maison. Ce rituel, il le tient jusqu’à sa majorité et l’acquisition de sa première voiture, une Volkswagen Polo des plus basiques. Un cadeau loin des clichés du jeune footballeur en quête de bling-bling, à l’image du caractère du natif de Palma de Majorque. « C’est un jeune joueur, mais avec une maturité importante et l’ambition suffisante pour rester concentré » , confirme Miguel Ángel Nadal, actuel directeur sportif des Barralets. Tout récent vainqueur des championnats d’Europe U-19 avec la Roja, Marco Asensio prépare en douceur son changement de statut. Lui, le nouveau joueur du Real Madrid et grand espoir du football espagnol d’à peine 19 printemps, a un chemin tout tracé vers les cimes du ballon rond. Et ce ne sont pas ses dispositions physiques et mentales qui tendent à prouver le contraire.

« Le typique jeune joueur de rue »

« Je n’ai vu aucun enfant de cet âge qui faisait les choses comme lui. Et pourtant, j’en ai vu des gosses pendant toutes ces années, envoie Clemente Marin, scout du RCD Majorque durant un quart de siècle, dans les colonnes du Pais. C’était le typique jeune joueur de rue. À 9 ans, il jouait déjà contre des jeunes de 15 ans et personne n’arrivait à lui prendre le ballon. » Pour expliquer une telle précocité, son découvreur pointe le rôle maternel, qui « l’aide sûrement d’où elle est » . Une mère qui, il y a de ça quatre ans, décède et laisse un terrible vide dans la vie de Marco. Elle lui a également légué le goût de l’effort. Travailleur, généreux et pas avare avec ses coéquipiers, « il a la tête bien en place, ce qui n’est plus si courant que ça maintenant » , pointe du doigt Pepe Gálvez, actuel entraîneur adjoint de Majorque et mentor de la pépite dans les équipes juvéniles du club, qui poursuit : « Il fait partie de ces petits gars qui arrivent toujours les premiers, qui gagnent en maturité rapidement. Avec moi, il a beaucoup travaillé l’aspect défensif, peut-être le seul où je pouvais encore lui apprendre quelque chose. »

Car plus que son mental à toute épreuve ou sa force de travail, Marco Asensio déborde de talent. Un talent rare et précieux, selon Juanjo Vila, autre adjoint de Karpin à Majorque : « Il a une conduite de balle supérieure. C’est un concept que tous les entraîneurs souhaitent, mais qu’ils ne retrouvent que dans très peu de joueurs. Il lève la tête et trouve les espaces. Il se défait de ses adversaires, mais n’a même pas besoin de dribbler. Il a un train inférieur très puissant et conduit le ballon collé au pied. » Une dextérité technique qu’il allie avec une polyvalence sur tout le front de l’attaque. Sur le flan gauche, sur le côté droit, en soutien de l’attaquant, Marco Asensio peut rendre fou plus d’un défenseur. Ce profil ultra-complet forme « un talent pur, aussi bien sur le plan technique qu’au moment de lire le jeu » , dixit Pepe Gálvez. À peine âgé de 17 ans, il entame son parcours professionnel et, quelques fulgurances plus tard, s’impose comme un maillon fort de ce Majorque de Segunda Division. Une croissance en club qui est corrélée à celle en sélection, puisqu’il a connu toutes les catégories inférieures de la Roja.

65 mètres, quatre adversaires et quatorze touches de balle

Son éclosion médiatique doit, elle, attendre la saison passée. Face à Lugo, dans un Iberostar Estadio moitié vide, il enchaîne une course frénétique de 65 mètres durant laquelle il se défait de quatre adversaires après avoir touché 14 fois le cuir. Une action à la Messi qui presse FC Barcelone et Real Madrid à s’intéresser à lui. Le 5 décembre, la nouvelle tombe, Marco Asensio s’engage pour six ans avec le mastodonte madrilène, qu’il ne rejoint qu’aujourd’hui après avoir terminé le précédent exercice avec son club formateur. Son avenir proche, pourtant, ne s’écrit pas forcément du côté du Santiago Bernabéu. « Il a 19 ans et doit faire ce que ses dirigeants lui disent, prophétise Clemente Marin. Si Benítez décide qu’il reste, bien. S’il lui dit de partir en prêt, qu’il parte parce qu’il a besoin de jouer. Il doit jouer. Le mieux serait une équipe de milieu de tableau. Sinon, il ne va ni apprendre ni profiter. » Profiter, il l’a fait durant tout l’Euro U-19 qu’il vient de remporter avec l’Espagne et duquel il sort en MVP, son doublé en demi-finale face aux Français n’y étant pas étranger. Depuis, il est rentré en Polo rejoindre Gilberto.

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