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Marche arrière pour Manchester United, humilié par Tottenham
Après avoir été fessé à domicile par Tottenham qui lui a collé six buts, Manchester United va devoir tenter d'avancer sous les moqueries et les critiques. Lesquelles sont plus que justifiées pour le moment, notamment au vu du secteur défensif des Red Devils et de leur (manque de) détermination affichée ce dimanche.
Il reste, malgré le cauchemar, des raisons d’espérer. Après tout, il ne s’agit que de la quatrième journée de championnat. Surtout, la dernière et seule fois que Manchester United avait encaissé un 6-1 en Premier League dans son histoire avant ce week-end datait du 23 octobre 2011. Cette saison-là, malgré une correction infligée par leurs ennemis, les Red Devils avaient tenu la distance jusqu’au bout et avaient achevé l’exercice à la place du dauphin à égalité de points avec les Skyblues. Un bilan suffisamment acceptable pour parler d’accident, finalement.
Mais tout de même, il paraît compliqué de voir le MU actuel (désossé sur un set de tennis, par les Spurs) en deuxième position du classement au terme de la saison 2020-2021. Et il semble difficile, aussi, de voir dans l’humiliation subie par les hommes d’Ole Gunnar Solskjær un « accident » . Car cette équipe n’a absolument rien à voir avec celle managée à l’époque par Alex Ferguson, et son effectif ne peut être comparé à celui du Sir (qui pouvait notamment s’appuyer sur Ryan Giggs, Rio Ferdinand, Wayne Rooney ou encore Nemanja Vidić).
Aucune défense, aucune excuse
En octobre 2011, un certain David de Gea tentait de protéger les cages de United. Contre City, le gardien avait bien sûr vécu un calvaire. Sauf que ce dimanche, contre Tottenham, c’était différent. S’il avait mangé trois buts après la 89e minute il y a neuf ans et vu Mario Balotelli sortir un tee-shirt « Why always me ? », l’Espagnol a cette fois ramassé le ballon au fond de ses filets à six reprises avant la 80e (dont quatre fois lors de la seule première période). L’expulsion d’Anthony Martial, à la demi-heure de jeu ? Franchement pas une excuse, même si l’infériorité numérique n’a évidemment pas favorisé la prise de conscience. Car c’est de ça qu’il s’agissait, devant des Spurs en furie et portés par leur duo Harry Kane-Son Heung-min toujours aussi bouillant (un doublé et une passe décisive pour chacun) : complètement ailleurs et déboussolés, les Mancuniens n’ont ni compris ce qu’il se passait ni réagi. Pire : ils ont commis erreur sur erreur, combinant fautes de concentration ou de placement et absence d’engagement flagrant.
Ceux qui sont censés joué les rôles de cadres, en particulier, ont montré un manque d’investissement inacceptable et/ou des lacunes sportives trop grosses pour ne pointer du doigt que le talent intrinsèque. Sont concernés, en vrac : Paul Pogba (qui a, entre autres, provoqué un penalty), Bruno Fernandes (remplacé durant l’entracte, et sûrement auteur de sa pire mi-temps avec MU), la charnière centrale Harry Maguire-Éric Bailly (qui ferait regretter le binôme Chris Smalling-Phil Jones, ou presque)… Le secteur défensif, justement, a totalement sombré. Incapable de remporter un duel ou de réaliser un geste serein dans sa surface, l’arrière-garde mancunienne tremble comme une feuille et se cache comme Yajirobé devant le jeune méchant Végéta lorsqu’un ballon s’approche de la zone de vérité. Impression qui ne date pas d’aujourd’hui, puisqu’elle se reflète depuis la reprise : MU a déjà été sanctionné de trois pénos (en trois journées), et affiche l’avant-dernier total du pays au niveau des pions pris (onze, sachant que West Bromwich Albion est à treize en ayant disputé une partie supplémentaire).
« Beaucoup de personnes méritent de bonnes gifles »
Pourtant, Manchester avait l’air d’évoluer petit à petit et d’avancer dans le bon sens depuis l’arrivée de Solskjær. Mais ce revers, bien qu’il puisse devenir isolé, remet en doute l’équilibre sportif déjà fragile que tente d’installer l’ancien attaquant. Et comment se remettre sur les rails ou continuer la reconstruction sereinement, en plein cœur des moqueries et des critiques qui vont s’abattre sur son club ? Sur Sky Sports, un Patrice Évra aussi lucide que triste a assez bien résumé la situation en confiant qu’il n’y croyait plus : « Je n’attends rien de United cette saison, pour être honnête. On va parler de l’entraîneur, on va se demander si Ole est l’homme de la situation. Peut-être qu’il l’est, peut-être pas… Mais qu’en est-il de la direction, que se passe-t-il avec mon club ? Aujourd’hui, je suis véritablement ému. Sérieusement. C’est difficile de me briser, je suis une personne positive. Je n’encourage pas la violence, mais beaucoup de personnes méritent de bonnes gifles aujourd’hui. »
« I really would like to end my contract with Sky – I know you have to have some filter when you talk on TV. » ?Patrice Évra’s emotional post-match thoughts following #MUFC‘s 6-1 defeat to Spurs is a *MUST WATCH*! ?? pic.twitter.com/dEy4w5GJgD
— Sky Sports Premier League (@SkySportsPL) October 4, 2020
Et de continuer, sans oublier de pointer les joueurs qu’Edinson Cavani aura bien du mal à remuer s’il arrive en renfort : « Je ne veux même pas parler de jeu, parce que ce qu’il se passe en ce moment est une catastrophe. Mon conseil aux fans est d’acheter une PlayStation, de prendre un joueur comme Sancho ou Messi et de commencer à jouer. C’est un désastre, notre défense a été choquante. Je suis dévasté, personne dans cette équipe ne mérite de jouer en ce moment… C’est la même histoire chaque année, les joueurs n’ont aucune excuse. » Vrai : même à 39 piges, Tonton Pat’ ferait sûrement mieux que les Red Devils ballon au pied et ne serait pas pire que leurs supérieurs bien au chaud dans les bureaux. C’est dire…
Par Florian Cadu